Jenny est connue même si son visage n’évoque rien à la plupart des personnes.
Jenny est timide même si elle est capable de parler longtemps. Surtout avec sa plume.
Jenny, créatrice du blog à succès My Globe Story, expatriée en série, semble se laisser porter au fil des vagues des océans pour traverser les continents, mais c’est une femme de tête dans laquelle fourmillent des milliers de projets porteurs. Saviez-vous, par exemple, que ce roman dont vous lisez la chronique a été entièrement réalisé par ses soins de la rédaction jusqu’à l’édition, en passant par les relectures de correction ?
S’il ne fallait faire appel qu’à un argument pour ouvrir ce livre, ce pourrait donc être celui de la curiosité, pour voir ce qu’un bout de femme, à l’autre bout du monde, est capable de faire.
Jenny est une fille du Sud. Mais de l’hémisphère Sud pour l’instant. Évoluant actuellement en Australie, elle partage donc quelques points communs avec son héroïne, notamment dans les contradictions positives de son caractère.
Johanna, jeune et jolie artiste française, vit en Australie depuis quelques années. En réalité, depuis le décès de ses parents et de son petit frère dans un accident. Elle réalise leur rêve d’Océanie par procuration, mais les rêves peuvent facilement se muer en cauchemar dans la vie réelle. Elle cumule en effet, depuis son arrivée, des expériences douloureuses qui l’amènent un jour à prendre une décision définitive et irréparable, et ce malgré la présence quasi fraternelle de son jeune colocataire anglais, Andrew, qui la protégerait contre vents et marées.
Sauf que là non plus, les choses ne se déroulent pas exactement comme elle les avait prévues et sa vie va prendre un tournant différent, grâce à une rencontre qu’elle n’attendait plus et dans des circonstances qu’elle aurait sans nul doute souhaitées différentes !
Une fois ouvert, ce roman ne laisse pas d’autre choix que celui de dévorer les 316 pages comme dans un souffle de prise d’air avant l’apnée. Le format de poche se prête totalement à cette boulimie littéraire en permettant la lecture n’importe où et n’importe quand.
Les vingt premières pages peuvent paraître laborieuses avec des ficelles un peu grosses et convenues, notamment dans le vécu des personnages principaux ou dans les stéréotypes qu’ils véhiculent. Le lecteur peut appréhender de n’avoir affaire qu’à des lieux communs déjà vus et revus dans d’autres romans. Effectivement, cela sera un peu le cas mais ne dérangera nullement le plaisir de la découverte du récit car l’écriture de Jenny est tellement fluide que la lecture n’est jamais lourde ni pesante. C’est simple : on a toujours envie de connaître la suite. Même à deux heures du matin.
Pour donner une idée, ceux qui ont lu et apprécié Cinquante nuances de Grey ou Twilight auront un ressenti quasi similaire (même si les thèmes narratifs se ressemblent autant qu’un fusilli et un tortellini pour un italien) : le scénario n’est pas toujours dans les charts de l’originalité et, malgré tout, on veut poursuivre la lecture quoi qu’il arrive, sans pouvoir la lâcher.
En plus d’un style facile à lire et à suivre, parfait pour l’été, donc, d’autres aspects sont très appréciables pour le lecteur :
– l’auteur ne l’assomme pas d’une multitude de personnages dans lesquels il a toujours le risque de se perdre.
– à mots couverts, ce dernier se frottera à la précarité du statut d’expatrié à l’autre bout du monde : les finances davantage en berne que glorieuses et amenant à la colocation, les relations qui se tissent aussi rapidement qu’elles peuvent se déliter, la nécessité d’apprendre à composer avec la solitude…
– une histoire à l’eau de rose pour donner bonne mine, avec le petit plus des grains de suspense pour le gommage.
– les ados des années 90 y trouveront leur compte. (error 144. No spoil allowed.)
Finalement, malgré de petites erreurs de l’auteur débutant, Jenny livre un roman qui tient à la fois la route et le lecteur en haleine.
Les personnes entre 18 et 36 ans sont vivement incitées à tenter l’expérience australienne : les plus jeunes étant attirés par ce style narratif et les plus âgés (mais encore jeunes !) car ils remonteront un peu le temps jusqu’à leurs années folles (d’espoir, de rêves, de naïveté… de vie).
Petites précisions logistiques : Le roman n’existe pas encore en ebook (Jenny se penche sur la question) et il ne se trouve pas non plus en librairie. Par contre on peut le commander sur internet par exemple ici ou là.
Le petit bonus de Livresse des Mots : l’interview de l’auteur afin de poursuivre la découverte :
Livresse des Mots : Pourquoi ce livre ? D’où est née l’idée ?
Jenny : J’étais au ciné avec mon mari au Portugal, et pendant les bandes-annonces, va savoir pourquoi, cette idée de scénario m’est venue en tête. Ça n’était pas tout à fait ça au tout départ, mais en tout cas, l’idée est venue de là. Tout ce que je sais, c’est que c’est tombé du ciel comme ça, car ça n’avait vraiment rien à voir avec le genre de bande-annonce qu’on était en train de voir !
Ce n’est pas d’aujourd’hui que j’écris des trucs, que j’ai des idées qui surgissent de nulle part ainsi, mais je crois qu’à un moment donné (effectivement, avec le « m’en donné », c’est indéniable, elle vient du Gers !), mon homme en a eu un peu ras le bol de m’entendre dire que j’écrivais des livres, mais de constater qu’aucun d’eux n’avait été fini. Le fait qu’il me fasse cette remarque a sûrement été le déclencheur dans le fait de me lancer dans cette aventure jusqu’au bout !
LDM : Combien de temps as-tu mis à le concevoir et quelles en ont été les étapes ?
Jenny : Au total, 8 mois :
– 2 mois non stop pour la rédaction du premier jet (dont 2 semaines pour la création des personnages un par un : à chaque fois, j’ai écrit une ou deux pages sur eux, savoir d’où ils viennent, à quoi ils ressemblent, etc.)
– ensuite, j’ai laissé passer un petit mois avant de me remettre dedans afin d’avoir le recul suffisant pour pouvoir me relire et me corriger, une première fois. A ce moment, je l’ai relu au moins dix fois en l’espace de 2 semaines, et même à la dixième relecture, certaines choses me faisaient douter… Mais j’ai laissé tel quel, afin de voir ce qu’un avis extérieur allait en dire.
– je l’ai fait parvenir à une amie qui était parmi le public cible, histoire de lui demander un avis général aiguillé par quelques questions. Ça, ça a pris environ 2 semaines.
– de là, j’ai corrigé de nouveau en tenant compte de ses remarques, qui, heureusement, rejoignaient mes propres doutes. J’ai ensuite pris environ un mois « sabbatique » car je déménageais du Portugal au Canada.
– et les 2 mois restants ont été dédiés à des échanges très constructifs avec ma vraie correctrice.
Bon, et après ça, il s’est passé quelques semaines avant que je me dise que j’allais réellement le publier, et pour ça, je remercie ma correctrice qui m’y a fortement encouragée. Sans elle, Johanna n’aurait jamais vu le jour !
LDM : Pourquoi ce choix de visuel pour la couverture ?
Jenny : Pourquoi pas ?
Johanna aime être entourée, mais elle est assez solitaire également. Cette image, à vrai dire une illustration réalisée à partir d’une photo existante, correspond assez bien à Johanna, je pense, et à son habitude d’errer seule devant des paysages ainsi.
LDM : Pourquoi avoir choisi l’Australie plutôt qu’un des autres pays que tu as traversés ?
Jenny : Parce que l’Australie fait rêver. Et elle me faisait rêver moi aussi à l’époque (et maintenant j’y habite) ! C’est lointain, et c’est justement tellement loin qu’on peut se permettre d’y associer un peu toutes les fantaisies et rêves. J’avais longuement hésité avec le Brésil, pays que j’ai littéralement adoré, mais j’ai choisi de garder celui-ci pour un autre roman à venir !
LDM : Les lieux décrits dans le livre ont-ils une signification particulière pour toi (s’ils existent) ?
Jenny : Pour certains d’entre eux, oui. Shelly Beach, la plage où tout commence, est la première plage australienne que j’ai découverte en 2013 lors d’un road trip dans le pays. Et je l’ai littéralement adorée ! Une grande majorité des endroits décrits existent vraiment, même si j’ai parfois légèrement dû les modifier pour les besoins de l’histoire.
LDM : Avoue, Chris, c’est Drazic en fait ? (série « Hartley coeurs à vif NDLR)
Jenny : Eh non ! Désolée de te décevoir !
En fait, Chris, comme les autres personnages, n’est personne en particulier. Que ce soit son aspect physique, dans ses attitudes, dans son histoire, il est un mélange de diverses personnes, mélange qui fait que bon nombre de personnes pourraient en fait se reconnaître en lui.
Mais en me relisant, et en tenant compte de cette comparaison récurrente que font les lecteurs de ma génération, je reconnais que la ressemblance à plein de niveaux est quand même forte, et j’avoue pour le coup que ça me fait assez plaisir de repenser toute l’histoire en m’imaginant cet homme à la place de Chris ! Et je suis ravie si ça peut en réjouir certain(e)s autres aussi.
LDM : Es-tu aussi malchanceuse que Johanna lors de tes expatriations ?
Jenny : Je suis du genre assez poisseuse, oui (les journées sans merdouille, je ne connais pas) mais pas à ce point quand même ! C’est vrai qu’elle les enchaîne un peu, la pauvre !
LDM : Si tu devais nous donner envie de lire ton roman en deux phrases, tu dirais..?
Jenny : Alors là, je suis archi nulle à ça !!
LDM : Que conseillerais-tu aux personnes souhaitant se lancer dans l’aventure de l’édition d’un livre ?
Jenny : C’est accessible à tout le monde. Il faut travailler dur, et tu vas passer par des périodes d’ultra-motivation suivies de doutes et de désespoir, certes, mais c’est un tel plaisir quand tu tiens pour la première fois TON livre entre tes mains, ça en vaut la peine. Et quelle récompense quand enfin tombent les premiers retours et qu’ils sont positifs !
LDM : As-tu d’autres projets littéraires ?
Jenny : Oui, et un peu trop même ! Mon second roman est fini depuis longtemps, du moins le premier jet, mais il est toujours en attente de ma relecture pour autocorrection. Et dans ma tête sont prêts les scenarii d’un troisième et d’un quatrième roman, et éventuellement, une suite pour Johanna puisque celle-ci m’a été plusieurs fois réclamée.
Bref, j’ai du boulot pour quelques années en tête là je crois !
LDM : Et sinon, tu l’as croisé, le vrai Drazic, depuis que tu vis en Australie ?
Jenny : Même pas ! Je ne sais même pas où il habite, d’ailleurs (et je ne suis même pas sûre que je le reconnaîtrais si je le croisais dans la rue, en fait!). Mais tu viens peut-être de rajouter un item sur ma bucket-list : aller à sa recherche !
Par contre, j’ai raté à minutes près une de ces anciennes actrices de la série Hartley Coeurs à Vif, et pour le coup je suis dégoûtée, car j’étais mega fan d’elle (Ada Nicoudemou, celle qui incarnait la pétillante Katarina) !
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