La vie enfuie de Martha K., roman de Angélique Barbérat paru aux éditions Michel Lafon, était un titre très prometteur. Les récits qui touchent à la mémoire et aux souvenirs me fascinent. Alors j’étais curieuse de rencontrer cette Martha, devenue amnésique à la suite d’un accident de voiture. Mais il n’y a pas eu l’étincelle désirée…
Martha se réveille dans la remorque d’un camion, à la frontière entre la Pologne et l’Allemagne. Elle ignore où elle se trouve. Elle ignore qui elle est. Elle a visiblement été victime d’un accident de voiture, mais comment est-elle arrivée jusque dans cette remorque ? Pourquoi ? Autant de questions dont elle ignore les réponses… car le choc violent de l’accident l’a rendue amnésique.
L’enquête finit par déterminer qu’elle est française, mariée et mère d’un petit garçon. Elle tente alors de réintégrer sa vie tranquille et confortable sur les rives du lac d’Annecy. Mais ce qu’elle apprend sur elle-même ne la satisfait pas. Est-elle cette femme froide et austère qu’elle découvre ? Cette mère, épouse et professeure parfaite que tout le monde décrit ? Au fond de son coeur, elle sent qu’elle n’est pas – qu’elle n’est plus – cette femme. Elle se lance alors à la poursuite de son passé pour tenter de comprendre qui elle est vraiment.
L’intrigue de La vie enfuie de Martha K. avait un gros potentiel. Mais elle a souffert d’un début particulièrement long. Martha retrouve sa place auprès de son mari et de son fils et essaie de se familiariser avec cette vie. Cela aurait pu être intéressant que l’auteur prenne son temps si les émotions et les réflexions de Martha avaient été approfondies. Mais les mêmes doutes reviennent sans cesse. Les mêmes questionnements. Les mêmes incompréhensions. On ne progresse pas. Il faut attendre 150 pages pour qu’un élément nouveau intervienne et bouscule ce récit trop lent.
Mais ce regain d’intérêt est de courte durée. On nous sert alors une histoire d’amour d’une mièvrerie écoeurante. Et cliché. La professeure distante, l’élève transi. Le poète anticonformiste, passionné et épris de liberté – un gamin capricieux et irresponsable, à mon sens. Ils se sourient trois fois et jurent de s’aimer pour la vie. Non, pitié. J’aime les histoires d’amour qui prennent leur temps. J’aime voir les sentiments éclore doucement. J’aime la retenue, la discrétion, la suggestion. Là nous avons des déclarations d’une grandiloquence qui frise parfois le ridicule. Ils ne se connaissent pas. Ils sont si différents. D’où sort cet amour ? Je l’ai trouvé fantoche et ai failli refermer le livre à ce moment-là.
« La première fois que je t’ai vue, tu garais ta voiture sur le parking et j’étais à l’accueil, attendant d’être convoqué par Max. Tu portais un jean et un chemisier bleu. […] Quand tu as refermé ta portière, ton trench est resté coincé sans que tu t’en aperçoives, jusqu’à ce que ta ceinture te retienne. A ce moment-là, nos regards se sont croisés et tu m’as souri. J’ai su que j’allais t’aimer, et que toi tu allais succomber, Martha. »
Bref, si vous ne croyez pas aux coups de foudre, à l’amour au premier regard, certains dialogues risquent de vous crisper.
Mais, aux deux tiers du roman, la sauce a commencé à prendre. L’intrigue s’accélère, la tension monte, le mystère s’épaissit et j’ai – enfin ! – été ferrée. Mais ça n’a, malheureusement, pas rattrapé l’ensemble, trop bancal.
La vie enfuie de Martha K. a été une déception. A croire que je ne suis plus assez romantique pour ce genre de lecture.
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