Qui osera pénétrer en Fryrie, ce monde théoriquement disparu, peuplé de mages élémentaires ? Qui osera donner une partie de lui-même pour travers le bouclier entre les mondes et embrasser sa destinée ?
Leur monde est en danger, la prophétie résonne dans chacun des couloirs de la Tour d’Ivoire, il faut trouver les douze prétendantes. Une seule d’entre elles sera à même de tous les sauver. Et s’ils se trompaient ? Et si la lecture de la prophétie n’était pas exacte, si plusieurs versions étaient envisageables ? Lorsque le jeune messager Setrian et toute sa famille partent à la recherche de la dernière prétendante, ils ne s’attendent certainement pas à tomber sur Eriana, habituée à fuir chacun des endroits de néo-Fryrie où elle espérait pouvoir s’installer. Traquée à cause de la crainte suscitée par ses cheveux aux reflets bleus si particuliers et par ce collier énigmatique, symbole d’une ancienne race. Aidée d’un loup étonnement humain, elle parvient à s’enfuir et se retrouve propulsée dans un univers peuplé de mystères et d’intrigues politiques où elle peine à trouver une place. Malgré cela, elle a un rôle à jouer très important à Myria. Soutenue par Setrian, elle va partir au-devant de maints dangers pour sauver leur peuple et l’avenir du monde.
Les messagers des vents est un roman de Fantasy qui nous plonge dans un univers totalement novateur et plutôt complexe pour un premier tome. L’originalité est donc sa première force. Ce monde est fractionné entre habitants de Fryrie, un peuple ancien et capable de maîtriser (pour la plupart) une forme de magie liée à un élément et les néo-fryriens des hommes ordinaires. Si dans un premier temps, on imagine une lutte de pouvoir entre les deux peuples, basée sur la haine et la peur que les premiers inspirent aux seconds, il n’en est rien. On assiste plutôt à des luttes intestines entre mages. Chacun des éléments possède douze natures de Inha (de pouvoir) avec des aptitudes particulières (contrôle des animaux, de l’art, des pensées, prophétie, guérisseurs…). Les mages qui souhaitent plus de pouvoir encore se retrouvent au cœur d’une rébellion ayant pour but de faire renaître une treizième nature de Inha, le destructeur. Et pour cela, ils sont prêts à tout.
Autant il est très agréable de se retrouver directement au cœur du roman, autant Clélie Avit utilise des termes bien à elle, qu’elle ne prend pas forcément le temps de nous expliquer. On se retrouve très rapidement perdu dans le flot d’informations, de notions techniques. Un petit lexique n’aurait vraiment pas été de refus.
L’intrigue est rondement menée, bien que basique dans sa structure. Elle est séparée en deux parties. Dans un premier temps, l’auteure met en place l’histoire et présente les personnages. Malgré les premiers chapitres durant lesquels on suit la fuite d’Eriana, cette première partie est assez lente, avec des passages qui traînent en longueur et qui auraient très bien pu être supprimés à la relecture. Dans un second temps, l’action s’enchaîne plus rapidement. Les premiers meurtres apportent plus de dynamisme, mais c’est réellement le début du voyage qui signe le début des rebondissements. Et notamment l’arrivée dans le royaume de la Terre. On apprend beaucoup de choses, notamment les relations qui lient les trois dernières prétendantes, et les interactions entre la prophétie, les éléments et la magie des trois jeunes femmes.
L’auteure termine son roman sur un cliffhanger assez fort. En effet, on se rend rapidement compte que les aventures d’Eriana et de Setrian ne font que commencer. Ils ont peut-être les Vents et les Terres de leur côté, mais il reste les Eaux et le Feu à convaincre, et ce, avant qu’Eriana ne soit encore plus touchée par les conséquences de la prophétie.
Eriana est présentée comme un personnage fort, elle est jeune (25 ans), débrouillarde, possède une très grande force de caractère et une impulsivité qui vont au-delà de l’entendement. Cependant, on remarque très rapidement qu’elle est en retrait dans l’action, passive. Elle se retrouve, certes, au cœur d’un monde qu’elle ne comprend pas et elle cherche sa place entre un complot politique, son apprentissage et la prophétie. Mais c’est dommage qu’elle ne soit pas plus active.
D’un autre côté, il y a Setrian, un jeune messager des vents qui est chargé de la retrouver en néo-Fryrie. On comprend très vite que les sentiments qu’il éprouve pour elle lui sont totalement inconnus. Si tout un chacun est capable de les comprendre, eux sont les seuls à les ignorer. Il se place en protecteur et dit agir ainsi à cause d’une pulsion qui le pousse à la protéger. Le seul hic, c’est qu’il est très mesuré, trop parfait, il manque de relief.
Tout comme la plupart des autres personnages, on les dit mystérieux, mais ils sont très facilement déchiffrables. Evandile est rapidement présentée comme la grande méchante, mais elle reste fade, trop émotive. C’est comme si, connaissant l’avenir de son personnage, l’auteure n’avait pas souhaité l’approfondir davantage.
Le dernier point fort est la plume très fluide et agréable de Clélie Avit. Elle illustre parfaitement l’univers novateur et complexe qui s’étoffe à mesure que l’intrigue avance.
En résumé : ce roman est placé dans univers fantasy, mais il serait plus à classer en jeunesse, et ce malgré l’âge des personnages. Ils possèdent un comportement d’adolescent et non d’adulte : le manque de maturité est un frein à l’intrigue, cependant, avec ce monde totalement novateur et ce dynamisme très agréable, Les messagers des vents est un très bon roman qui permet de s’évader !
Je crois que le manque de maturité et le côté jeunesse que tu évoques sont des éléments qui me freinent à découvrir ce roman… Merci pour cet avis objectif est intéressant :)