La décision, de Isabelle Pandazopoulos, est un livre magnifique sur un thème difficile et peu abordé dans la littérature adolescente : le déni de grossesse.
Louise est une jeune fille de Terminale S, jolie, brillante et populaire. Lors d’une journée de lycée ordinaire, elle quitte son cours de maths précipitamment car elle se sent mal, et se rend aux toilettes, dans lesquels elle accouche, seule, d’un petit garçon qu’elle n’a ni désiré, ni attendu. C’est une grosse surprise pour tout le monde : ses parents, ses camarades de classe, ses professeurs, mais surtout pour elle. En effet, elle nie avoir eu des rapports sexuels et elle en est convaincue. Pendant ces neuf mois de grossesse, elle n’a rien vu, rien senti venir. Beaucoup de mystères entourent cette grossesse, Louise est bouleversée, choquée et perdue. Du haut de ses 17 ans, comment accepter une telle vérité, comment prendre conscience de la dure réalité, celle d’avoir un enfant ? Louise était une adolescente pleine de vie et d’espoirs, avec l’avenir devant elle, elle devient une mère sombre, désabusée, obligée de mûrir trop vite. Elle va devoir prendre une décision qui va changer sa vie.
Le sujet du roman La décision est traité avec beaucoup de justesse et de lucidité, le texte n’est pas niais, encore moins mélodramatique, ce que l’on aurait pu craindre. Le but de ce livre n’est pas d’étaler une morale bien-pensante, mais plutôt de briser les codes, de sortir des sentiers battus et d’aller toucher là où ça fait mal. Pas de clichés, pas de personnages stéréotypés ni idéalisés, pas de bons sentiments, nous sommes face à la réalité dans toute sa brutalité et sa cruauté. Et la fin n’est pas prévisible. On avance, tout comme les protagonistes du roman, dans le récit sans savoir où il va nous mener.
Je trouve que le personnage principal, Louise, autour de laquelle on gravite un bon moment avant d’être (enfin !, pense-t-on) dans sa peau, est très intéressant et très « réaliste ». L’auteur a fait un réel effort pour transmettre et communiquer ses états d’esprit – déni total, puis interrogations, doutes, angoisses, déceptions et autres – au lecteur. Elle est intelligente, vive d’esprit, attachante, et on se retrouve très rapidement à espérer de toutes nos forces qu’elle parvienne à s’en sortir, se reconstruire et à vivre sa vie pleinement après cette épreuve.
De plus, à chaque chapitre, le narrateur est différent : il s’agit des proches de Louise, que ce soit sa famille, ses amis, ses camarades de classe, ou les professionnels qui l’accompagnent et l’encadrent (proviseur, psychologue, infirmière…). Cette polyphonie enrichit beaucoup le texte et lui donne une tonalité réaliste. Le lecteur est face à plusieurs points de vue, il n’y a pas une vérité absolue qu’on nous assène, mais des opinions et des façons de voir qui divergent, influencées par les sentiments éprouvés pour Louise, et le lecteur est amené à réfléchir à tout ça par lui même. Et à se poser l’inévitable question : que ferais-je à sa place ? Que ferai-je à la place des parents, et des autres ? Comment réagirais-je ? Et la réponse est si difficile à trouver. Car il est peu évident de se projeter dans une réalité si dure à entrevoir.
Je voulais aussi signaler un élément important du livre qui le rend très addictif : le mystère qui entoure la naissance de l’enfant. Qui est le père ? Comment peut-il en être le père alors que Louise nie fermement avoir eu des relations sexuelles ? A leur façon, chacun va être en quête de la vérité, va chercher ce père qui ne se manifeste pas. On dévore La décision dans l’attente d’en savoir plus, car une même question nous taraude pendant toute notre lecture comme une rengaine : mais comment est-ce possible ?
J’ai été émue et profondément touchée par cette histoire. Je pense qu’on ne peut pas en ressortir indemne. Trop de questions délicates sont soulevées. La décision est un véritable coup de cœur.
J’avais bien aimé, mais c’était tout de même loin du coup de coeur ! Une belle histoire tout de même ^^
Il faut absolument que je lise alors après cette chronique :)