La série La Guerre des Lulus publiée chez Casterman n’a pas encore livré tous ses secrets, mais sans attendre, on peut – sans risque – dire qu’elle comptera dans les incontournables de la BD jeunesse. Le thème de la seconde guerre mondiale est largement traité dans le paysage de la bande dessinée adulte mais elle l’est, logiquement, moins dans les rayons jeunesse. Après des titres phare tels que L’enfant cachée de Loïc Dauvillier et Marc Lizano et Les enfants de la résistance de Ers, La Guerre des Lulus se fait une place à part puisqu’elle se penche sur la première guerre mondiale.
En cet été 1914, l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt est entièrement évacué par les soldats français qui redoutent plusieurs bombardements allemands. Alors que tous ses petits pensionnaires quittent les lieux en urgence, quatre jeunes garçons courent les bois environnants en quête d’aventure ! À leur retour à l’abbaye, les soldats allemands occupent déjà les lieux et nos quatre orphelins, désormais également sans logement, vont trouver refuge dans leur cabane ! Passée l’euphorie de cette liberté nouvelle, les Lulus (Ludwig, Lucien, Luigi et Lucas) seront rapidement confrontés à la faim et aux premiers froids hivernaux et vont donc devoir faire preuve de courage et de débrouillardise. Leur ingéniosité débordante va leur permettre de traverser ce qu’ils pensent n’être qu’un court épisode de l’Histoire qui, malheureusement pour eux, va se prolonger…
C’est avec beaucoup d’émotion et de compassion aussi que l’on découvre la vie de ces quatre inséparables que la nature a décidément choisi de ne pas gâter ! La série La Guerre des Lulus constitue un repère historique parfait pour les plus jeunes mais est dotée d’un scénario extrêmement fouillé qui nécessite peut-être l’âge de 12-13 ans afin d’être parfaitement appréhendé.
Régis Hautière, pour qui la BD de guerre n’est pas une nouveauté (Femmes en Résistance et FAFL : Forces aériennes françaises libres) cède ici la parole aux plus jeunes. Grâce à un vocabulaire parfaitement maîtrisé, il rend avec un réalisme implacable la naïveté de ces enfants à travers des dialogues tantôt durs de sincérité tantôt emplis d’humour ! Les phylactères en allemand (traduits en bas de page) ne font que parfaire le réalisme frappant de cette BD !
Comment c’est que je vais faire pour marcher maintenant ?
Moi l’abbé, il m’a dit que le tonnerre c’est le Bon Dieu qui pète et les nuages, c’est juste pour cacher ses fesses.
Le dessin d’Hardoc, son trait précis, l’expression juste de ses personnages et son sens du détail collent merveilleusement bien au ton initié par Hautière.
Après plusieurs rencontres surprenantes, des moments de doute, l’arrivée d’un nouveau « L » dans l’aventure et de nombreuses escales, il nous faudra encore patienter au minimum deux albums avant de découvrir le sort que ces deux auteurs de talent ont réservé à nos Lulus !
Superbe cette série ! Tu me rappelles que le troisième tome m’attend toujours sur mes étagères d’ailleurs !