« Lune de guerre » illustré par Hermann et scénarisé par Van Hamme est un roman graphique troublant dans lequel se déchaînent des passions violentes et destructrices. Ai-je aimé ce récit ? Difficile à dire, car il s’agit d’une histoire profondément écœurante, qui suinte la perversité, la méchanceté, la cruauté. Le scénario, aussi effrayant soit-il, est bien construit, et la pression est à son comble durant le déroulement des événements. Je me suis surprise à espérer que la Raison réussisse à reprendre ses droits, mais que peut la Raison quand les hommes décident de se comporter comme des bêtes ?
L’histoire se déroule lors d’un repas de noces, et part d’un sinistre et minime incident : Monsieur Maillard, père du marié et gros propriétaire terrien, trouve que les tomates aux crevettes ne sont pas à son goût. Après un esclandre auprès de l’aubergiste, il décide de quitter l’endroit et d’emmener tout son petit monde finir la noce ailleurs. Mais c’était sans compter l’étonnante réaction de l’aubergiste qui refuse tout net de laisser partir les fêtards sans avoir reçu son chèque… L’incident prend rapidement un tour disproportionné, et c’est une véritable guerre qui ne tarde pas à se déclarer. Des innocents – dont des enfants – seront impliqués, et cette histoire de « qui a la plus grosse ? » (pardonnez-moi l’expression vulgaire, mais je n’en ai pas trouvé de plus adaptée) se terminera de façon tragique…
Le lecteur est un témoin oculaire de ce huis clos macabre terrifiant qui oppose des êtres haineux, méprisants et méprisables. J’ai été profondément dérangée par l’absence totale d’intelligence et de réflexion des personnages : c’est un ramassis d’êtres irrespectueux et brutaux qui ne jurent que par la violence. Leur fierté mal placée leur fait perdre la tête et le sens des réalités. La tension du récit et l’imbécillité des protagonistes vont crescendo jusqu’à ce que l’irréparable soit commis… Nous assistons avec horreur à une déferlante de comportements incontrôlés, abusifs et dominateurs.
Le graphisme de Hermann donne consistance au récit, au cadre du huis clos et aux personnages. Ces derniers sont représentés de façon tout à fait réaliste et ils ont des visages très caractéristiques de leur cruauté. Chacune de leur personnalité transparaît sur leurs traits, leurs sentiments sont facilement perceptibles et le lecteur lit en eux comme en un livre ouvert, et ce qu’il découvre est effrayant !
Une lecture glaçante…
Je ne connais pas mais les dessins sont magnifiques. Cela me donne vraiment envie de le lire *o*