Quels sont les bons mots pour entamer la chronique d’un pur chef d’œuvre, reconnu comme tel par tous ? Quels sont les mots justes à prononcer quand le cœur a chaviré, quand les mains ont tremblé, quand les larmes ont perlé ? On pense manquer de mots, quand un livre nous a bouleversé. Quand, la dernière page tournée, on se sent orphelin. On pense manquer de mots, tout simplement. On pense être incapable de retranscrire le génie d’un pur chef d’œuvre. Incapable de dire l’originalité, la force, l’intelligence. Incapable de dire à quel point il nous a étonné, surpris, ravi, ému. Marqué, pour toujours. On le sait, au bout d’une trentaine de page. On le sait, que La Horde du Contrevent de Alain Damasio est prodigieux.
Ils sont vingt-trois, au départ d’Aberlaas. Ils sont adolescents, ils sont la 34ème Horde du Contrevent, menée par le 9ème Golgoth. Vingt-trois hordiers, hommes et femmes, formés dès leur plus jeune âge. Formés et formatés pour la quête de toute une vie. Ils sont vingt-trois et ils sont l’élite du monde, ils sont l’Espoir de l’humanité. Ils sont les meilleurs dans leur domaine. Scribe, troubadour, combattant-protecteur, géomaître, aéromaître, chasseur, braconnier, éclaireur, soigneur, artisans… Ils ont consacré leur vie à cette quête : aller en Extrême-Amont, à l’autre bout du monde, pour tenter de découvrir les neuf formes du Vent, et trouver ses origines. Traverser, à pied. Marcher, lutter contre le vent, lutter pour leur survie, dans un monde au climat d’une extrême violence. Avancer, irrémédiablement. Avancer, contre le vent, toujours. Ils sont fascinés par cette quête. Fascinés par ces réponses qu’ils attendent depuis leur plus tendre enfance. Obsédés par leur désir de compréhension. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Pourtant, ils ne sont pas les premiers. Trente-trois Hordes les ont précédés. Et beaucoup d’autres leur succèderont…
Ils sont Golgoth, le traceur bourru et grossier (“puteborgne !”), Pietro, le prince noble et distingué, Sov, le scribe sensible et sage, Caracole, le troubadour extravagant et mystérieux, Erg, le défenseur impitoyable. Ils sont Arval, l’éclaireur léger et rapide, Horst et Karst, les jumeaux inséparables, Oroshi, l’aéromaîtresse intelligente et érudite. Ils sont Aoi, la douce et tendre sourcière, Coriolis, la séduisante et jeune croc, Callirhoé, la maîtresse du feu… ils sont tout cela, et bien plus. Retenez bien leurs noms. Ils vous accompagneront… non… VOUS les accompagnerez durant sept cent une merveilleuses pages. Ces compagnons d’infortune, dont vous partagerez l’intimité et la complicité pendant plusieurs années, ces compagnons, que vous apprendrez à connaître et à aimer comme s’ils étaient vos frères et sœurs… Dans un monde sombre et hostile, balayé par de violentes rafales, au sein d’un groupe aveuglé par sa quête, vous découvrirez pourtant des sentiments doux, des sentiments inédits. Des sentiments qui les aident à survivre, à vivre. Pour le meilleur et pour le pire.
La construction, ou plutôt, la déconstruction de La Horde du Contrevent, est étourdissante. L’originalité transpire dans chaque page. A la virgule près, au point près, au mot près, tout est pensé, réfléchi, calculé et brillamment construit. Rien n’est laissé au hasard, tout est savamment orchestré. La plume d’Alain Damasio est grandiose, stupéfiante et sert admirablement le récit. L’alternance des points de vue, le système d’identification du narrateur par symbole, et la prose propre à la voix de chaque hordier peuvent égarer le lecteur pendant les premières pages. Pourtant, très rapidement, la magie opère. La lecture devient fluide, naturelle. On oublie la complexité du style pour se fondre dans le récit et découvrir un univers d’une incroyable richesse. On s’abandonne, et c’est un magnifique abandon…
La Horde du Contrevent est un véritable chef-d’œuvre de science-fiction, un roman singulier qui révèle un talent extraordinaire ! Amateur du genre ou non, il faut le découvrir !
Il n’y a pas à dire, ça donne envie ! Et un livre de plus dans ma wishlist…
Je suis heureuse de t’avoir convaincue !
Très bel article, bravo ! J’ai lu ce roman il y a longtemps déjà. Je me souviens l’avoir trouvé vraiment bien écrit, en particulier parce que chaque personnage a sa propre façon de parler, et que l’on s’attache à chacun, mais j’avoue que je ne partage pas complètement ton enthousiasme car la fin m’a déçue. Il n’en reste pas moins que c’est un roman extrêmement original qui mérite le détour.
* ATTENTION * Je vais parler de la fin du roman : sans spoiler, certes, mais à ceux qui n’ont pas lu le roman, évitez quand même de lire ce commentaire.
Merci beaucoup ! En ce qui concerne la fin, je peux très bien comprendre ta déception, car elle est assez… renversante ! Pour ma part, les 30 dernières pages m’ont un peu moins captivée que le reste du roman, je le reconnais. Le « changement d’ambiance » était peut-être un peu trop marqué, je ne sais pas. En revanche j’ai été éblouie par les 2 dernières lignes ! C’était juste génialement trouvé ! (même si j’avoue que je l’ai sentie venir, j’ai aimé cette remise en perspective de … tout !).
Hum ! j’ai l’impression que tu as trouvé les mots ;)
Il faudrait vraiment que je tire ce livre de ma pal !
Merci pour ce superbe billet ! Je suis en osmose avec tes mots. Ce roman est éblouissant et ébouriffant à la fois <3 Il restera éternellement gravé dans ma mémoire, et je sais que je relirai un jour ^^ Un pur chefs-d'œuvre, c'est exactement ça !!!