Quoi de mieux, l’été, qu’un livre qui parle de l’été ?
C’est tout l’intérêt de Cet été-là, roman graphique de 319 pages. Un peu volumineux pour se glisser dans le sac de plage, certes, mais très complémentaire d’une bonne menthe à l’eau en terrasse face à l’océan !
À la lecture des planches, on ne sait pas trop où part la famille de Rose, si ce n’est dans un pays anglo-saxon où l’on conduit à droite. La quatrième de couverture nous renseigne : à Awago Beach (la carte du moteur de recherche internet précise « Ontario, Canada »). C’est donc dans cet endroit qu’Evan, le père, Alice, la mère, et Rose, leur adolescente de 15 ans partent chaque année l’été en vacances. C’est aussi là que Rose retrouve depuis ses cinq ans son amie Windy, d’un an et demi sa cadette. Et à ces âges-là, cette maigre différence revêt toute son importance car si la malicieuse Windy préfère bien souvent jouer, Rose, elle, se montre nettement plus intéressée par les tourments que semble traverser un groupe d’ados plus âgés.
Cet été-là aura la saveur des films d’horreur regardés en cachette, des premiers fantasmes adolescents, des premiers heurts familiaux, des filatures à la discrétion toute relative, de l’amitié de vacances indéfectible, de baignades rafraîchissantes.
Cet été-là sera un peu le même que les autres finalement. Et c’est certainement ce qui peut perturber le lecteur au fil de sa lecture : ici, il n’y a rien d’extraordinaire, de merveilleux, ni de mouvementé. Ce livre est à l’image du lac de l’histoire : calme et relativement plat. Si cela surprend au début, on s’habitue très vite à ce réalisme : la chaleur de l’été crée une inertie et un flegme que l’on ne retrouve bien qu’à cette période de l’année, lorsque l’esprit et le corps se mettent au repos. Le lecteur n’aura aucun mal à se trouver des points communs avec Rose et à remonter le temps jusqu’à ses propres étés-là.
Il est néanmoins un peu dommage que tout ne soit que survolé dans Cet été-là, tel le vol d’une libellule au-dessus d’un lac. De nombreux sujets sont abordés, mais à l’instar des illustrations, en noir et blanc, ils ne semblent qu’esquissés. L’adoption, les fausses couches, la mésentente dans le couple et l’impact sur les enfants, la désinvolture des jeunes adultes faisant fi des conséquences de leurs actes, l’entrée dans l’adolescence et les bouleversements entraînés, tout cela aurait pu donner davantage de corps au récit si cela avait été plus approfondi.
On mettra donc cette retenue sur le compte de la pudeur adolescente puisqu’il s’agit d’une narration à la première personne, celle de Rose.
Enfin, s’il semble difficile de s’attacher aux personnages, les yeux du lecteur, eux, seront rivés aux planches d’illustrations. En noir et blanc, souvent crayonnées, elles sont pourtant d’une incroyable finesse entrant tant dans le détail du décor que dans celui des émotions. L’illustratrice n’hésitera pas à utiliser différents plans et différents formats de vignettes pour dépeindre une ambiance donnée (à noter les surprenantes et immenses vignettes noires).
J’ai eu le même ressenti, cet album m’a laissé de marbre.
Moi, j’avais bien aimé.