Brooklyn est l’un des cinq arrondissements de New-York et rendu célèbre par son pont suspendu, le plus ancien des États-Unis. Mais pas seulement. Brooklyn, c’est aussi un livre, écrit par Colm Toibin et paru cette année. Si on le cherche, on le trouve. Même sans ses lunettes anti-myopie. Il suffit de se diriger vers les têtes de gondole en librairie. Pour cette chronique, ce sera néanmoins le film, sorti dans la foulée de son homologue papier.
Vaut-il mieux avoir lu ou non le livre, avant, après ?
Éternelle question pour laquelle chacun trouve sa propre réponse au gré des lectures et des visionnages (pirouette au débat enflammé).
Le film présenté ici se suffit à lui-même : aucun sentiment de survol accéléré des scènes, aucun ressenti de longueur pesante. Peut-être quelques péripéties ou chapitres descriptifs littéraires laissés de côté, tout au plus.
Brooklyn traite du sujet intergénérationnel de l’expatriation par le biais de son personnage principal, une jeune irlandaise du nom d’Eilis Lacey. Les années 50 en Irlande traversent une profonde crise de l’emploi et pour beaucoup de ses habitants, l’appel du paquebot retentira en direction du rêve américain. Ce sera le cas d’Eilis qui, avec un emploi et un logement promis à l’arrivée, devra laisser derrière elle sa mère, sa sœur adorée qui se sacrifie pour son avenir, une grosse partie de son innocence d’adolescente.
Pour la rouquine aux yeux verts-de-vie, Brooklyn c’est l’adaptation permanente à une nouvelle culture, c’est la nostalgie d’un passé bien trop présent, c’est l’absence physique des personnes qui hantent les pensées de leur présence, c’est l’apprentissage des concessions. Mais c’est aussi les découvertes, le progrès, la maturité, l’affirmation de soi. Et puis les rencontres. Qu’elles soient amicales, professionnelles, et surtout sentimentales, elles aideront Eilis à mieux s’acclimater à son nouveau lieu de vie et seront le témoin de sa transformation en femme élégante qui étend ses ailes sur le monde. Et sur l’Irlande, qui la rappellera à elle, venant troubler ce bonheur si frais et si chèrement acquis.
Brooklyn, c’est une histoire de choix finalement.
Une fois sorti de la salle, le silence règne. Non pour l’originalité du scénario de ce drame historique mais plutôt pour la prouesse de justesse de son actrice principale dont l’émotion dégagée jusqu’à la boule de notre gorge n’est nullement feinte : ses parents sont des immigrés irlandais arrivés à New-York dans les années 80.
Chacun sur le chemin du retour se repasse alors le film de « son » Brooklyn, car la magie de ce scénario réside dans le fait de faire écho dans nos cavités senti-mentales : qui n’a pas souffert de l’éloignement de ses proches ? Qui n’a pas versé de larmes aiguisées face à la mort ? Qui n’a pas fait s’emballer un électrocardiogramme dans l’instant d’un regard ? Qui n’a pas réprimé un éclat de rire face aux bons mots d’un enfant ? Qui n’a jamais été pris dans un étau sensoriel contradictoire qui comprime nos poitrines tout en écartelant nos sourires ?
Bienvenue à Brooklyn chers passagers. Pour vous la traversée ne durera que deux heures, mais sachez que d’ici que vous aperceviez le fameux pont suspendu, vous devrez affronter un océan d’émotions aussi vives qu’antagonistes.
Superbe chronique ! Il me tarde encore plus d’être lundi pour aller voir ce joli film <3
Merci Corinne !
Avec plaisir ! N’hésite pas à revenir laisser ton avis ! ;)
Je vais le voir demain ! J’ai encore plus hâte maintenant que j’ai lu ton article !
Qu’en as tu pensé alors ?