« Baby Balloon » – film réalisé par Stefan Liberski – s’ouvre une scène pour le moins surprenante… Un homme, une femme, déguisés en lapins. Un petit lapin brun, une grosse lapine rose. Ils semblent se livrer à un moment de séduction particulièrement déluré et, dans un moment d’égarement, ils s’embrassent… On pense que le ton est donné. On hausse les sourcils, on sourit. On s’attend à une histoire abracadabrante et déjantée. On se leurre. Ce que l’on a sous nos yeux ébahis, c’est un film poignant et mélancolique. Un film qui raconte sans artifice l’errance de la jeunesse – ses hésitations, ses complexes, ses souffrances, ses expériences – et le passage douloureux à l’âge adulte.
Bici est ronde. Mais Bici a une voix et chante dans un groupe de rock. Bici est amoureuse de son meilleur ami, sans réciprocité. Bici a une mère odieuse qui la déprécie à la moindre occasion et une grand-mère très malade, alitée, incapable de répondre à ses confessions et de soulager ses peines. Bici a un job alimentaire fastidieux. Mais surtout, Bici se sent seule et incomprise. Souvent, elle s’ennuie. Occupe son temps de façon improductive. Bici est un peu peste, un peu capricieuse, un peu colérique. Mais sensible, émotive et impulsive. Bici, avec ses kilos en trop et sa jolie voix, est un brin de fille parfois exaspérante, mais finalement très attachante.
La vie de Bici est un désert affectif, alors elle chante, elle vit sa musique comme un exutoire, pour s’affranchir de la réalité. Pour oublier sa mère exécrable, sa grand-mère mourante, son meilleur ami indifférent à ses sentiments. Pour colmater les brèches, pour panser la solitude et tromper l’ennui.
Dans « Baby Balloon », il ne se passe pas grand chose. Des scènes de la vie quotidienne sont racontées avec simplicité et authenticité. Des instants de joie, d’euphorie et des moments de désespoir, de déception, le tout savamment dosé. On entre dans cette histoire sur la pointe des pieds et on en ressort en refermant doucement la porte derrière nous, rassuré, rasséréné.
J’ai beaucoup aimé ce film, il est comme tu dis, mélancolique et juste. Il n’y a pas de clichés sur l’adolescence et ça fait du bien !
Oui il a su éviter de sombrer dans la facilité et on se retrouve avec une histoire toute simple mais tellement forte !
J’avais eu très envie de voir ce film à sa sortie mais je n’ai pas eu l’occasion, je vais peut-être prendre le temps de le faire maintenant… Ton billet donne très envie ! Merci !
Je t’en prie ! Je suis contente d’avoir réveillé ton envie de visionner ce film, qui est une petite perle !