Camille Benyamina est l’illustratrice de Violette Nozière, vilaine chérie, et de Chaque soir à onze heures, qui vient tout juste de paraître aux éditions Casterman. Je suis très touchée par son art, j’aime sa sensibilité esthétique, la douceur de ses illustrations, ses ambiances feutrées.
Elle a gentiment accepté de répondre à quelques questions pour nous. Je la remercie chaleureusement et je lui laisse la parole.
• Camille, depuis quand dessinez-vous ?
Depuis que j’ai su tenir un crayon je pense, j’ai toujours dessiné. Ça s’est affiné avec le temps et ensuite j’ai choisi de suivre des études plus poussées pour en faire mon métier.
• Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Pour le moment j’ai un tout petit parcours car ce n’est que mon deuxième album. Avant cela j’ai suivi le cursus de l’école Emile Cohl à Lyon, j’ai énormément appris là bas, je n’aurais pas le même niveau si je n’avais pas suivi cette formation complète.
À la sortie de l’école j’ai effectué quelques contrats de Bande dessinée, puis j’ai réalisé Violette Nozière vilaine chérie, un scénario proposé et écrit par Eddy Simon, projet édité chez Casterman pour notre plus grand bonheur !
• Pourquoi avoir choisi d’adapter Chaque soir à onze heures ? Comment est né le projet et comment s’est déroulée sa réalisation ?
C’est notre éditrice Christine qui nous a proposé d’adapter ce superbe roman de Malika Ferdjhouk. Nous (Eddy Simon et moi-même) avons tous deux lu le livre et avons été conquis par son univers si particulier.
Voilà comment est né le projet !
Ensuite j’ai rencontré Malika, j’étais enchantée de faire sa connaissance, c’est une femme exceptionnelle. Puis le projet a démarré, Eddy a travaillé sur l’adaptation d’après le roman de Malika Ferdjhouk, et j’ai ensuite commencé la réalisation des planches : story board, crayonnés, noir et blancs finaux, couleurs principalement posées par Guillaume Blackburn, finitions mise en page etc…
• Avez-vous pris des libertés par rapport à l’œuvre originale ou avez-vous respecté le plus précisément possible l’univers du roman à partir des descriptions de Malika Ferdjoukh ?
D’un point de vue scénaristique, c’est certain qu’Eddy a du faire de petits sacrifices, il faut adapter le roman à ce support BD et je pense qu’il y est tout à fait parvenu !
Côté dessin j’ai essayé de respecter au mieux les descriptions de Malika dans son roman, car je trouvais que les personnages était parfaitement trouvés. Pour certains j’ai brodé un peu, et je trouve que leur physique correspond bien à leur caractère.
• Quelle est la plus grosse difficulté que vous avez rencontrée au cours de cette adaptation ?
Le TEMPS. Sans hésitation. C’est toujours la course contre le temps, beaucoup de restrictions et de discipline pour y arriver jusqu’au bout et respecter les délais.
• Quelle étape de la création avez-vous préférée ?
Faire les planches finales en noir et blanc.
• Le roman de Malika Ferdjoukh est plutôt à destination des ados. Les limites sont plus floues concernant l’adaptation. Quel public souhaitiez-vous viser ?
Je suis d’accord, c’est plus flou ce n’est pas destiné qu’aux ados, ça peut tout aussi bien viser les adultes, moi par exemple j’ai adoré lire le roman original ! Je pense que c’est assez vaste, certains trouveront ça trop jeune et d’autres ne pourront pas se décrocher du livre, c’est à chacun de décider :)
• Y a t-il un personnage auquel vous vous êtes identifiée ?
Je m’identifie un peu à tous les personnages, il y a un peu de moi dans chacune de ces représentations, car je les mime, j’invente leur expression de visages, je les place comme je m’imaginerais faire si j’étais eux… hum, pas sûre que ma réponse soit très claire…
• Que vous avez pris plus de plaisir à illustrer ?
Les femmes.
• Pour quelles raisons ?
Parce que j’aime les dessiner, les femmes sont belles (les hommes aussi hein, mais… ce n’est pas pareil) j’aime dessiner leurs expressions, essayer de capter la subtilité des regards ou des mouvements, même si mon dessin est encore un peu maladroit.
• Tout comme dans votre précédente parution, Violette Nozière, il est question ici de tentatives de meurtre. Avez-vous une prédilection pour le genre policier ?
J’adore les policiers, les faits divers, les histoires très noires, le suspens. Ce n’est pas mon domaine de prédilection, j’aime beaucoup d’autres styles (j’aime les histoires biographiques, historiques, ou les histoires d’amouuur).
• C’est votre deuxième collaboration avec Eddy Simon ? Comment vous êtes vous connus ?
Notre troisième en fait, nous nous sommes connus lors de notre premier contrat, un collectif sur le Kamasutra, des histoires indiennes adaptées en BD, avec – comme l’indique le titre – pas mal de scènes croustillantes.
• Pourquoi avez-vous décidé de travailler ensemble ?
Lorsqu’il m’a proposé d’adapter l’histoire de Violette Nozière j’ai tout de suite accroché, cette femme-enfant dans son petit monde, les années 30, le scandale…
Et pour Chaque soir à onze heures, nous avions reçu cette proposition de Casterman, et nous avons tous deux été conquis par ce magnifique roman de Malika Ferdjhouk, donc ça s’est fait assez naturellement.
• Travaillez-vous sur un nouveau projet ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Oui, tout nouveau projet, depuis quelques mois. C’est un projet très excitant, un scénario captivant signé Véro Cazot. Je dois le garder un peu secret tout de même car c’est un gros projet de deux ans de travail, nous aurons tout le temps d’en dévoiler petit à petit :)
Dans les grandes lignes, c’est une histoire contemporaine d’homme invisible, et des vies parallèles de deux personnages très attachants… À paraitre chez Casterman dans un petit bout de temps, mais ça vaudra la peine de patienter !
Merci Camille de nous avoir consacré un peu de votre temps !
Je n’ai pas lu la bande dessinée, mais c’est pour autant très intéressant de lire cette interview! J’aime ce que dit Camille Benyamina concernant les femmes!
Oui et ça se voit dans son dessin, ses femmes sont toujours superbes, quels que soient leurs styles et leurs personnalités !
Merci beaucoup pour ce partage.
Une jeune femme accessible et très sympa.
Ma rencontre avec elle (entre autres) ici : http://promenadesetmeditations.blogspot.fr/2014/12/festival-de-bd-dangers.html
Oh tu l’as rencontrée ! La chance ! Maintenant qu’elle est à Montréal, je ne risque plus trop de pouvoir la voir :( C’est vrai qu’elle est très gentille et c’est un plaisir d’échanger avec elle !
Merci pour cet interview très intéressant :)
Je t’en prie, c’est un plaisir ! :D
Merci pour cet interview :) C’est marrant, je parlais de son parcours avec un client. Quand il repassera je lui dirais de lire cet article !
Un parcours qui commence mais qu’on espère bien long … ! Je suis absolument conquise par cette illustratrice et son travail ! *_*
Merci beaucoup pour cette interview ! Violette Nozière me fait envie depuis un moment déjà, je pense faire un petit détour en librairie cette semaine ^^
Violette Nozière est très bien aussi ! Un peu plus flippant, mais remarquable !