IVe siècle après Jésus Christ.
Arthur vient d’être défait à Camlann. L’armée romaine recule face à l’armée Gothe. La paix est loin, la guerre partout. Les alliances, mais aussi les traîtrises vont bon train en cette sombre époque. Côté religieux, cela ne va pas mieux. La nouvelle religion et son Dieu unique souhaitent de moins en moins cohabiter avec les anciennes croyances et leur polythéisme. Le Pape et l’Église condamnent les druides, les mages et leur savoir païen. Au milieu de ce chaos, quelques irréductibles humanistes, hommes de foi et de bien, tentent de trouver un terrain d’entente entre les deux confessions pour que les enseignements traditionnels survivent. Gwendaëlle, fille de Merlin, fait partie de ce petit groupe chargé de ramener la paix, mais surtout, de garder un terrible secret qui pourrait tout remettre en cause. Mais la course au pouvoir qui sévit dans chacun des camps va lui rendre la tâche encore plus compliquée.
Pour son premier roman, Le Concile de Merlin, Eloan Kroaz nous convie au cœur de la féérique mais non moins dangereuse forêt de Brocéliande avant de nous faire voyager au quatre coins de l’Empire Romain, jusqu’en Britannia Major*. Le récit, alternant les points de vue, est tout à fait bien ficelé et maintient le lecteur en haleine jusqu’aux toutes dernières pages. Gwendaëlle est une de ces héroïnes qu’on aimerait voir plus souvent : forte, courageuse mais aussi profondément humaine et non infaillible. On partage avec elle ses joies, ses peines et ses doutes. L’empathie naît assez vite pour ce personnage haut en couleurs qui sait dépasser très vite son difficile statut de « fille de », et ce pour notre plus grand bonheur ! Loin d’être manichéens, les compagnons de Gwendaëlle sont tout aussi bien construits et se remettent eux-mêmes en question au fil de leurs aventures et de leurs découvertes. On plonge grâce à eux avec bonheur dans ce récit post-arthurien sur le devenir du druidisme.
Seule ombre au tableau : la plume, un poil décevante. L’écriture de l’auteur oscille entre très bons passages et style parfois un peu lourd, confus. Ce qui est fort regrettable compte tenu, du reste, de la qualité de la trame narrative et de la profondeur des personnages. Il ne fait toutefois aucun doute que le tir sera rectifié par la suite. Saluons également les recherches minutieuses effectuées par Eloan Kroaz qui participent de cette atmosphère celte à la fois si réaliste et si entêtante : on s’y croirait.
Enfin, même si l’on ne gardera peut-être pas un souvenir impérissable du premier tome de cette série Le Concile de Merlin, il restera tout de même une très belle découverte, et on a, pour être tout à fait honnête, vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de Gwendaëlle… Et ça tombe bien, car le tome 2 est pour bientôt !
* Nom latin de l’actuelle Grande Bretagne
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