Tout le monde connaît Zep, n’est-ce pas ? Et lorsque l’on entend Zep, on pense immédiatement Titeuf. Oui, mais pas que. Depuis quelques semaines, Zep a sorti un album qui sort complètement de sa ligne de conduite habituelle : fini les cours de récréation, plus de gamin à la mèche blonde obsédé par les filles. Ici, nous jouons dans la cour des grands, avec une bande de quatre hommes adultes désabusés qui traînent chacun leurs lourds fardeaux. Zep nous offre là un album à destination des adultes, un album plus profond et plus violent, qui n’hésite pas à nous jeter les travers des hommes en pleine face, à coups de trahisons et de mensonges. Un album plein de surprises, qui étonne, qui dérange, qui agace et qui touche. Amitiés, amours, erreurs, regrets, pardon sont autant de thèmes délicats et intenses que Zep aborde subtilement dans ce récit.
Ces quatre hommes se sont connus lorsqu’ils étaient jeunes, insouciants, emplis de rêves et d’espoir et ont fondé un groupe de musique talentueux avec de belles promesses d’avenir. Oui, mais c’était sans compter les comportements impétueux de certains membres du groupe qui ont conduit à sa dislocation. Problèmes sentimentaux, problèmes amicaux, problèmes de drogue, tout s’est mélangé et les quatre comparses se sont séparés et ont suivi leur route chacun de leur côté. Jusqu’à ce que l’un deux, celui qui a réussi une brillante carrière solo, les réunisse à nouveau, pour des raisons plus douteuses qu’il n’y paraît à première vue…
Je ne me suis guère attachée à ces hommes que j’ai trouvé plutôt antipathiques. J’admets que leurs différents comportements dissimulent de graves fêlures, de lourds secrets et des cicatrices anciennes, mais je les ai trouvés assez insupportables par moments : l’un est faible, indolent et se complaît dans son malheur, un autre est sans cesse provocant et puéril, le troisième est le roi de la dissimulation et de la traîtrise, et le dernier m’a semblé être le plus équilibré et j’ai davantage apprécié ce personnage, plus discret, plus commun. Nous avons là une belle bande d’antihéros, oserais-je dire « loosers » ?
Et, de façon inattendue, plus on pénètre dans leur vie, dans leur intimité, plus on prend conscience que leurs nombreux défauts les rendent terriblement humains, crédibles, leur histoire sonne profondément juste, et on comprend que leurs comportements ne sont en réalité que des façades derrière lesquelles ils tentent de fuir et de se protéger. Je n’ai pas apprécié ces hommes, mais leurs vies m’ont touchée.
Le graphisme de cet album est également très différent du dessin que l’on connaissait dans la série Titeuf. Ici une maturité se dégage des traits énergiques et déterminés de Zep. Les couleurs minimalistes et sobres ainsi que les pages monochromatiques collent à merveille à cette histoire sombre. La symbiose mélancolique et intimiste est réussie et fait de cet album une belle découverte.
Trouvé ;)
Je n’arrive pas vraiment à dire si j’ai plus ou moins apprécié cette BD que toi, suis bien embêtée. A peu près le même ressenti que toi si ce n’est que j’ai apprécié ces hommes un peu paumés. Bon, je file rédiger mon avis de ce clic !