Un bruit étrange et beau, la seconde bande dessinée de Zep – le papa de Titeuf – éditée aux éditions Rue de Sèvres (après Une histoire d’hommes), propose un récit dépouillé sur la difficulté d’exister dans ce monde. Sur l’impossibilité de trouver une place dans la société actuelle et d’y vivre dans le respect de soi et de ses convictions. Un thème universel qui entrera en résonance avec les doutes et les aspirations d’un grand nombre de lecteurs…
Les éditions Rue de Sèvres proposent toujours des ouvrages soignés, que l’on prend plaisir à manier, regarder, toucher, sentir. La couverture en bichromie de Un bruit étrange et beau met en valeur deux éléments : une femme qui se baigne dans la Seine, et le mot “étrange”. Impossible de ne pas se laisser séduire par tant de poésie et d’inattendu…
Don Marcus, anciennement William, est chartreux, cloîtré dans un monastère depuis plus de vingt-cinq ans. Ses semaines se répètent inlassablement, au rythme des prières, des offices chantés, des repas du dimanche et des promenades hebdomadaires. Solitude, pauvreté, obéissance, chasteté, silence… Il y a vingt-cinq ans, William a choisi de se couper du monde et de se retrancher derrière une vie de recueillement et d’abnégation. Pour fuir sa tante et les ambitions qu’elle nourrissait à son égard. Pour se dérober à ses responsabilités. Pour échapper à sa peur de mourir et à sa crainte de vivre.
Mais après vingt-cinq ans d’isolement, ce passé qu’il s’est échiné à effacer à coups de prières resurgit, sous la forme d’un héritage conséquent. Sa richissime tante vient de mourir et a convoqué ses héritiers à Paris. L’occasion pour William de briser sa ligne de conduite et de sortir de son monastère. L’occasion, après vingt-cinq ans de mutisme, de retrouver le monde – ses bruits, ses odeurs, son effervescence – et les siens. L’occasion de faire des rencontres inattendues… de goûter à la vie, pendant quelques jours durant lesquels le temps semble s’être suspendu. L’occasion d’entendre, fugacement, un bruit étrange et beau… et de le laisser envahir son silence…
Un bruit étrange et beau nous parle d’une quête : de solitude, de liberté, de simplicité. Mais aussi d’une fuite : du monde, de son agitation, de son lot d’obligations, d’incertitudes, d’angoisses. Enfin, l’album nous parle de générosité, d’amour et de tendresse. Qu’est-ce que l’essence d’une vie ? Chacun possède une réponse différente au fond de soi… Et, même si l’on ne comprend pas toujours les choix des autres, même si on les désapprouve, ils méritent d’être respectés pour ce qu’ils sont.
Graphiquement, Zep nous plonge, à l’aide de planches monochromatiques et de teintes pâles et froides, dans une ambiance austère, à l’image de la vie d’un chartreux. Ses cases aux contours estompés offrent liberté et respiration. Notre regard peut s’évader…
Avez-vous envie d’entendre, à votre tour, ce bruit étrange et beau ?
J’adore Zep, le personnage et l’artiste. Je m’empresse donc de noter ce nouvel album dans un registre forcément fort différent de Titeuf.
Déçue par son précédent mais tentée par celui ci, à voir…
un bien beau billet qui donne envie de découvrir une autre facette de Zep!
J’aime beaucoup ce que fait Rue de Sèvres.
J’ai hâte de voir ce que donne le dernier Zep !