Le premier roman de Kate Blair, Transférés, paru aux éditions Michel Lafon, propose une idée novatrice et intéressante qui avait de quoi piquer ma curiosité.
Imaginez un futur proche dans lequel les riches et puissants se soignent en transférant leurs maladies aux criminels. Imaginez des sentences qui ressembleraient à « condamné à un rhume » « condamné à la tuberculose »… Imaginez une société divisée en deux castes, les privilégiés en bonne santé et les pauvres malades, les laissés-pour-compte, relégués dans des ghettos… cela fait frémir, n’est-ce pas ?
Ce futur proche, c’est celui de Talia Hale, la fille chérie d’un politicien qui brigue le poste de Premier Ministre. Vingt-quatre jours avant les élections qui pourraient faire de son père l’homme le plus important du pays, Talia commence à tousser et à se moucher. A l’hôpital où elle est emmenée pour un transfert, elle sauve une petite fille d’une agression, mais celle-ci s’échappe et disparaît sans que Talia puisse l’approcher. La sachant en danger, seule dans le Barbican, un quartier miséreux et inhospitalier, Talia n’aura de cesse de retrouver l’enfant. Quitte à renoncer à son cocon protecteur et à remettre en cause ce en quoi elle a toujours cru…
Transférés est une critique directe de nos sociétés et de leur fonctionnement. D’impitoyables batailles politiques motivées par les intérêts personnels des politiques, un système de santé qui favorise les plus riches au détriment du reste de la population, la misère mis au ban de la société parce qu’elle dérange, parce qu’elle effraie, parce qu’elle dégoûte… ce futur proche ressemble fort à notre présent et Kate Blair ne met pas de gants pour exprimer son message d’altruisme et de tolérance. Talia franchit de son plein gré la frontière entre son monde doré et le Barbican. Ce qu’elle découvre la révolte et détruit ses préjugés. Les criminels ne sont peut-être finalement pas ceux qu’elle croyait…
Si le postulat de départ était très bon, il a cependant souffert d’un manque d’approfondissement. Finalement l’idée du transfert de maladie est surtout un prétexte à développer une critique de nos sociétés et, une fois l’intrigue sur les rails, cette idée est mise à l’écart. Le récit est rythmé et prenant, mais on peut regretter que le transfert n’occupe pas une place plus importante dans l’histoire. Enfin, le plus gênant reste la plume de l’auteur. Son style est plutôt fade, ses phrases maladroites et parfois un peu lourdes s’encombrent souvent de détails inutiles.
Transférés est un texte qui peut être proposé aux jeunes lecteurs pour éveiller leur conscience politique tout en les divertissant.
Dommage que la mayonnaise n’ai pas prit car l’idée des transferts est vraiment originale !
J’avais hésité à le demander en partenariat mais finalement, je ne regrette pas de ne pas l’avoir fait!