Le Toulouse Game Show voit depuis quelques années son nombre de visiteurs drastiquement augmenter. Onze mille en 2007, cinquante mille en 2015. La dernière édition de cet évènement a eu lieu les 26 et 27 novembre de cette année.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le Toulouse Game Show n’est pas uniquement dédié au jeu vidéo. Il est dédié à « la culture geek ».
Le terme « geek » est de nos jours cuisiné à toutes les sauces. Il peut d’abord être utilisé comme un verbe dénotant une utilisation (généralement excessive) de la technologie (« J’ai geeké toute la journée »). Mais il peut également désigner un type de population particulier, qui apprécie les nouveaux loisirs populaires (au sens de « accessibles ») du XXIe siècle. C’est-à-dire toutes les créations télévisuelles, vidéoludiques, webséries et autres dérivés d’internet.
Enfin, le terme geek possède parfois un sens péjoratif, celui de quelqu’un qui semble soi-disant mieux apprécier le « virtuel » que le « réel ».
Le Toulouse Game Show est une exposition dédiée à la vision que nous allons appeler stéréotypée du geek : celui qui est accro aux séries, aux jeux vidéo, à internet et possède un penchant pour la culture asiatique.
Nous nous trouvons face à un constat étonnant : Comment expliquer le succès d’un salon qui promeut une culture majoritairement virtuelle et individuelle ? Explications.
Le Toulouse Game Show est donc composé de plusieurs centaines d’exposants, répartis en six halls. Celui qui se retrouve dans la description précédente sera comblé :
- Si c’est le monde télévisuel qui vous intéresse, vous allez avoir l’occasion de rencontrer des stars de séries télévisées/films cultes tel que Richard Dean Anderson (McGuyver, Stargate Sg-1), John Noble ou encore Autumn Reeser (Last Resort, Entourage).
- Internet : les webséries sont également à l’honneur. Un mini-festival dédié à ces dernières est installé dans l’un des halls, et il est possible de rencontrer autant les acteurs que les créateurs de ces séries.
- Jeux vidéo : Vendeurs de jeux d’occasion, de produits dérivés en rapport avec la culture vidéoludique. Essai des dernières consoles (dont les fameux casques VR), compétitions. La finale du Challenge France de League of Legends était également jouée en direct. Bien que n’ayant moi-même jamais joué à LoL, je me suis surpris à apprécier le spectacle. L’évènement était particulièrement prenant du moment que l’on comprenait les mécanismes principaux. Il existe également plusieurs stands de jeux musicaux, où nous pouvons admirer des inconnus se trémousser sur Just Dance.
- Littérature : des stands littéraires sont présents, bien qu’en petit nombre. Ils sont souvent orientés fantasy/science-fiction. Les bandes dessinées subissent le même traitement et il est possible de rencontrer les auteurs. A noter la présence cette année de celui qui a donné ses lettres de noblesse à Picsou, Don Rosa.
- Art manuel : dans cette catégorie nous pouvons ranger tout ce qui tourne autour du cosplay et de la création manuelle. La convention est remplie de gens costumés qui peuvent parfois aborder des panneaux « Free Hugs ». La DeLorean de Retour vers le Futur était présente, et nous ne pouvons qu’être admiratifs devant le talent de certaines personnes pour faire apparaitre dans le réel ce qui était à l’origine uniquement virtuel.
- Musique : c’est le domaine le moins abordé du festival. Il est compensé par la présence du Rock My Geek festival. Ce dernier devait normalement se dérouler indépendamment du Toulouse Game Show. Le manque de billets vendus a entrainé son déplacement du Bikini vers le Toulouse Game Show. Cette année, Akira Yamoka, compositeur de la musique de la saga Silent Hill, a joué en concert ses morceaux. Une occasion rare, étant donné que la chanteuse Mary Elizabeth McGlynn était également présente, pour notre plus grand bonheur. Malgré une foule réduite, cette dernière était particulièrement enthousiaste et cela faisait plaisir à voir. Le son en lui-même n’était pas terrible, mais la qualité des compositions et du jeu des musiciens compensait ce problème.
- Culture asiatique : Terminons par le domaine le plus omniprésent de la convention. Ce qui est compréhensible, car il traverse tous les précédents domaines. Le Japon représente dans la culture geek une alternative à la culture occidentale, avec ses qualités et ses défauts. Des stands de cuisine asiatique sont parsemés tout au long des halls. Nous pouvons trouver des vendeurs d’anime, de mangas, et même de dakimakura, ces oreillers à taille humaine ornés de représentations suggestives de personnages d’anime.
Bien que la variété soit de mise, vous ne risquez pas forcément de trouver votre bonheur au Toulouse Game Show. Mais cela se comprend. Le défaut que l’on pourrait reprocher à la convention est, paradoxalement, le manque de variété des stands. Lorsque vous irez sur des stands de répliques d’armes à feu, vous trouverez plus ou moins les mêmes répliques tout au long des halls. Stands de figurines d’anime ? Ce seront généralement les mêmes que vous retrouverez aussi. Rares sont les stands à proposer de la marchandise différente de leurs concurrents. Du moins au premier regard. Puisque l’intérêt des exposants est aussi de rediriger leur clientèle vers le marché d’internet, où il est bien plus facile de présenter ses produits.
Le Toulouse Game Show est un évènement fascinant car certaines normes de la société sont malmenées : l’abondance de cosplayeurs dans les rangs brise la règle de « bonne conduite » publique. N’importe qui peut se balader dans une tenue anormale sans recevoir des regards emplis de jugement. Et c’est tant mieux : la masse de création fait plaisir à voir, et la variété dans les costumes est de mise. (Sauf pour les dizaines de Harley Quinn présentes).
Un concours de cosplay est d’ailleurs organisé sur scène. Cette dernière verra également l’intervention de celui auquel on ne s’attendait pas, j’ai nommé Julien Lepers, qui anime un quizz vidéoludique particulièrement mouvementé et dynamique.
Scène étonnante : devant une réplique du TARDIS nous trouvons deux Docteurs qui semblent avoir perdu leur clé.
Néanmoins je trouve ce léger défaut compréhensible : le Toulouse Game Show est un événement associatif, qui ne peut subsister que si du public est présent. Or, pour toucher un maximum de monde, il faut éviter d’être trop spécialisé, sous peine de n’attirer qu’une minorité de passionnés.
En conclusion, le Toulouse Game Show est donc une expérience intéressante pour tout passionné de culture geek… de plein de choses. Et c’est bien la qualité principal du festival : son extrême variété. Elle pourra déplaire aux grands spécialistes, mais pour celui qui prendra le Toulouse Game Show pour un lieu de divertissement, ses désirs seront pleinement exaucés.
J’y étais cette année et c’est vrai que le manque de diversité a été un gros défaut, ainsi que le fait qu’il y ai 3 halls sur 6 réservés seulement pour les goodies et la bouffe..
N’empêches, j’ai passé un très bon week-end et j’ai pu faire ce que j’avais prévu ;)
Belle journée !