Everywhrere we look there’s a young beautiful woman looking at us.
La critique des dérives du capitalisme est un thème récurrent de la production documentaire actuelle. Que cela soit à propos de l’agriculture (We Feed the World), du traitement des animaux (The Cove), jusqu’à l’obsolescence programmée (Prêt à jeter), aucun domaine ne semble échapper à une dénonciation en règle.
Néanmoins, The Illusionists se place dans un thème jusque-là peu exploité : la beauté. Ou plutôt, l’image de soi. Le documentaire part du principe que la mondialisation entraine une globalisation de la culture, qui s’applique donc également aux normes de beauté. Les êtres humains sont soumis à une propagande permanente pour leur faire adopter des standards de beauté arbitraires, accessibles uniquement par la consommation.
Mais comment démontrer une telle machination, instaurée dans le but d’alimenter un régime économique basé sur le profit continuel ? De plus, nous pouvons toujours avancer le fait que certaines personnes sont suffisamment à l’aise dans leur peau et libres pour ne pas avoir besoin d’entrer dans le cycle de la consommation.
Les arguments du documentaire fusent dès le départ : le type physique occidental est promu dans les pays asiatiques comme un moyen de rejoindre le pouvoir global de l’occident. Il y a un amalgame entre le physique et le stéréotype du succès inhérent à l’Occident. Tout ceci explique l’extrême hausse des opérations de chirurgie esthétique en Asie, où le corps naturel est renié pour laisser place à un idéal de perfection physique inventé de toutes pièces.
Pourquoi des gens avec une bonne estime d’eux-mêmes achèteraient-ils des produits pour être plus beau ? Là est tout le cœur du problème. Il faut donc enclencher une propagande basée sur l’insécurité physique présente en chacun de nous. Une véritable culture de la mauvaise estime de soi s’instaure alors et se manifeste jusqu’à des niveaux que nous n’aurions pas supposés.
Ce qui est une bonne occasion pour passer par une exposition aux Pays-Bas, où une artiste modifie des nus célèbres en les adaptant aux standards de la beauté actuelle.
Parce que oui, lorsque l’on s’intéresse à la vision de la femme dans l’histoire de l’art, force est de constater que le poids des modèles était bien plus élevé il y a quelques siècles que dans les publicités d’aujourd’hui. Les formes et autres rondeurs étaient valorisées, et non blâmées comme aujourd’hui. La cellulite n’était pas vue comme un fléau, elle était considérée comme parfaitement naturelle.
The Illusionists impressionne par la qualité des exemples avancés. Le documentaire peut commencer dans le domaine de la psychologie, en démontrant comment naquit la propagande institutionnalisée, pour ensuite évoquer des considérations économiques et artistiques édifiantes. Tant de domaines sont abordés avec une facilité et une accessibilité déconcertantes.
Cependant, The Illusionists n’est pas une simple critique de la société de consommation.
Il sait que le désir d’être attirant est quelque chose de parfaitement naturel. Ce qu’il faut combattre, c’est son exploitation systématique par les entreprises, afin d’améliorer leur chiffre. Le documentaire se termine d’ailleurs sur un appel d’une grande beauté : celui d’arrêter le cycle de la haine de soi, de défendre sa propre vision de son corps et de ne pas adhérer à celle inoculée par les entreprises.
En plus de la qualité du fond, le documentaire est impeccable au niveau de la forme. Par son respect de la symétrie, son design lisse et ses couleurs chatoyantes, The Illusionists sait comment embellir son message afin de le rendre plus accessible. Difficile de s’ennuyer grâce aux exemples variés et un montage conçu pour nous tenir toujours en haleine.
Si vous souhaitez connaitre tous les rouages de cette entreprise de propagande ahurissante, je vous conseille fortement de soutenir The Illusionists, qui est disponible en VOD ou en achat à un prix modique.
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