« Sobibor » de Jean Molla est un magnifique récit sur deux thèmes éprouvants et difficiles à aborder, à savoir l’anorexie et le camp d’extermination qu’évoque le titre, Sobibor. Deux thèmes dramatiquement proches, mis en exergue dans ce roman. Il ne s’agit pas seulement d’un livre supplémentaire sur le nazisme, la déportation et l’extermination des Juifs, ce n’est pas non plus un livre moralisateur ou consensuel, non, c’est une vision intelligente et sagace des événements tragiques qui ont marqué le 20ème siècle. A travers le regard d’Emma, le lecteur est amené à se retourner sur un pan majeur du Passé.
Emma est une adolescente si tourmentée, si mal dans sa peau, qu’elle souffre d’anorexie et de boulimie. Son corps la dégoûte, et tandis qu’il tente de faire d’elle une femme, elle le renie et le transforme en un squelette filiforme et repoussant. Agressive envers les autres et elle-même, elle semble sombrer dans un gouffre sans fond. Et ce qu’elle découvrira sur ses grands-parents, juste après le décès de sa grand-mère, le mensonge, le secret lourd et honteux qu’ils ont tu pendant une cinquantaine d’années achèvera de la briser. Ses grand-parents, ses modèles, ses amours, les deux seules personnes qu’elles admiraient ne sont pas ceux qu’elle croyait… écrasée par le poids de la trahison et du dégoût, elle va s’effondrer…
L’écriture de l’auteur et le ton du roman, violents, incisifs, et caustiques sont exacerbés par un langage direct, franc, brutal et des descriptions crues. Avec beaucoup de discernement et d’acuité, l’auteur mène une réflexion sur les causes et les conséquences de l’anorexie d’Emma. J’ai aimé que ce thème soit évoqué non pas de manière mélodramatique, larmoyante et pathétique, mais avec une grande sensibilité, une lucidité et une pertinence incroyables.
Quant au nazisme et à la déportation Juive, ils sont abordés d’un angle tout à fait inhabituel, car le témoignage recueilli par Emma est celui d’un collabo Français, épousant les méthodes et les idéaux nazis. Ce choix délibéré de l’auteur confère au roman un ton glaçant et âpre.
Vous allez vous demander quel peut bien être le lien entre Sobibor, l’extermination juive, le nazisme et Emma, eh bien, je vous laisse le découvrir car c’est là tout l’intérêt de ce roman surprenant et magistral. Un roman qui ose dire l’indicible, un roman sur l’horreur que représentent la pensée et l’idéal nazi. L’auteur nous livre également un roman juste sur la difficulté de pardonner, sur l’importance des choix, la responsabilité de chacun de nos actes ainsi que leurs conséquences.
Une perle amère.
Je suis contente que tu l’aies enfin sorti de ta PAL, et surtout que, comme moi, tu aies adoré ce roman ! Ta chronique est vraiment juste, je suis d’accord avec chacun de tes mots ! Pour moi ç’a vraiment été une lecture coup de coeur et coup de poing.
Ton article est juste et honnête. On perçoit tout à fait la sensibilté que tu as pu ressentir pendant ta lecture.
+ 1 pour ta phrase de conclusion que j’ai adopté à la seconde où je l’ai lu ce livre est fondamentalement une perle amère.
A bientot Livresse !
Il faut vraiment que je le lise, surtout après un tel avis!
Oui, lis le, il est vraiment magnifique <3
Très beau roman ^^
De loin le pire livre que j’ai lu dans ma vie difficile a comprendre, l’histoire n’est pas intéressante, j’ai détesté!
Oh, à ce point là ? C’est dommage, mais ça arrive de ne pas être en phase avec un roman…
J’aime beaucoup la partie historique du livre, mais je trouve que la mise en scène est inutile, je m’intéresse à la seconde guerre mondiale, mais de sa vie à elle je m’en contre fiche.
C’est vrai que le choix de mêler deux thèmes très douloureux (guerre et anorexie) peut surprendre, voire rebuter. Finalement, j’ai trouvé le tout assez bien dosé (même si j’ai aussi eu une forte préférence pour la partie qui se concentre sur la seconde guerre mondiale). J’ai apprécié découvrir cette petite histoire dans la grande Histoire, mais je comprends que ça ait pu t’agacer !