En refermant la dernière page du petit roman « Sauvagerie » de J. G. Ballard (au titre on ne peut plus adapté), je suis restée immobile et pétrifiée plusieurs minutes, le temps de me remettre du choc, de recouvrir mes esprits et de réussir à passer à autre chose. Ce livre est un coup de poing émotionnel, ce livre m’a assommée.
Pangbourne Village est un enclos résidentiel de luxe près de Londres, où une dizaine de familles aisées – directeurs généraux, financiers, magnats de la télé – vivent en parfaite harmonie et sécurité. Jusqu’au jour où l’on découvre que tous les enfants viennent d’être kidnappés et leurs parents sauvagement massacrés. Deux mois après les faits, les enlèvements ne sont toujours pas revendiqués. Les enquêteurs sont dans l’impasse. Impuissants, ils se repassent avec effarement la vidéo tournée sur la scène du crime. La froideur méticuleuse des assassinats ajoute à l’impression d’être en présence d’une tuerie hors norme. La police décide de faire appel à un psychiatre, le docteur Richard Greville, pour reprendre l’enquête.
Sur l’histoire, je n’en dirais pas plus que ce résumé déjà fort complet. Ce serait trahir l’impact brutal et pénétrant du roman. Je dois tout de même préciser que l’enquête et le suspens sont au second plan dans cette œuvre car tenir le lecteur en haleine n’est pas l’effet recherché par l’auteur (donc si vous pensez ou souhaitez lire un polar, passez votre chemin). Il ne m’est pas non plus apparu comme un roman à sensation, jouant gratuitement avec la fascination du morbide. Non, je l’ai trouvé diaboliquement intelligent, juste et impitoyable. En s’appuyant essentiellement sur l’aspect psychologique de ce massacre, en se questionnant sur ses tenants et ses aboutissants et en présentant son roman sous forme de « journal » et de « notes », il bouscule le lecteur, le malmène, le dérange et l’oppresse. Ce parti pris stylistique pertinent nous livre une œuvre implacable, d’une précision et d’une intensité extrêmes et renforce indéniablement son effet réaliste et vraisemblable, ce qui glace et la rend encore plus perturbante. Admirablement construit, organisé et maîtrisé, ce roman nous mène pas à pas vers la vérité, au cœur de l’horreur et de l’inconcevable.
Ce court roman est brillant, percutant et saisissant. A lire !
Ouh là tu donnes envie!
Et puis 86 pages, c’est facilement casable entre 2 lectures, on a pas l’excuse de la PAL énoooorme ;)
Je note.