Premier contact, le dernier film de Denis Villeneuve (réalisateur de Sicario, Enemy et Prisoners), est un véritable succès ! Encensé par la critique et acclamé par les spectateurs, il est difficile de résister à cette curiosité qui vous pousse irrémédiablement vers les salles obscures. Et si l’on a déjà aimé les précédents films de Denis Villeneuve, impossible d’ignorer celui-ci ! Pour résumer, il semblerait qu’il faille aller voir Premier contact, que vous connaissiez la filmographie du réalisateur ou non. Mais ce film est-il à la hauteur de l’engouement médiatique qu’il suscite ?
Oui, pour son scénario bien ficelé et les réflexions qu’il soulève !
Un beau jour, douze immenses vaisseaux d’origine inconnue se posent sur terre. A douze endroits différents de la planète. Aucune logique ne semble relier les emplacements choisis par ces engins. Qui les habite ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? Autant de questions qui demeurent sans réponse. Une équipe d’experts tente d’établir un premier contact. A leur tête, Louise Banks, linguiste, et Ian Donnelly, un physicien théoricien. Tous deux vont pénétrer au coeur du vaisseau et essayer de décrypter le langage de ces étrangers, afin d’obtenir des réponses à leurs questions. Mais la planète est en crise : la stupeur, la panique et l’incompréhension provoquent de nombreux soulèvements à travers le monde et éveillent des comportements hostiles envers les nouveaux venus. Le temps presse pour Louise ! Pour sauver la Terre, il lui faudra rapidement comprendre les intentions des hôtes de ces vaisseaux… !
Un scénario plutôt classique, de prime abord. Mais Denis Villeneuve nous a habitué à des intrigues complexes, singulières et saisissantes. Il nous a prouvé qu’il savait esquiver les écueils et les facilités scénaristiques. Premier Contact n’est pas une simple histoire d’invasion extraterrestre. Ce film s’interroge sur les fondements du langage et de la communication. Sur ce qui permet à deux “espèces” différentes d’établir un dialogue et de se comprendre. Le langage nous permet d’en apprendre plus sur nous-même et sur les autres. Mais par ailleurs, il conditionne notre façon de penser. Louise, en parvenant à s’affranchir des mots, à s’ouvrir aux “aliens” et à assimiler leurs codes linguistiques purement visuels, fera des découvertes bouleversantes. Sur elle et sur le monde dans lequel elle vit.
Premier contact est aussi une réflexion sur l’autre, sur l’inconnu. Sur les réactions angoissées et agressives de l’être humain face à ce qu’il ne connaît pas, ne maîtrise pas : on finit par se demander d’où vient la vraie menace ? Des nouveaux venus, dont les aspirations ne semblent pas belliqueuses, ou de ceux qui, déstabilisés, s’opposent à leur arrivée ?
Oui, pour sa photographie sublime
Denis Villeneuve nous a aussi habitué à une photographie originale et soignée. Et Premier contact ne fait pas exception. Des mouvements de caméra minutieusement étudiés, des plans superbes et impressionnants, un sens de la composition particulièrement affûté, de la démesure, qui trouble et fascine… le tout crée une esthétique remarquable. Premier contact se tourne davantage vers la contemplation que vers l’action. Si vous cherchez de la violence et des séquences spectaculaires, mieux vaut passer votre chemin. Avec Premier contact Denis Villeneuve s’adresse plus à notre capacité de réflexion et à notre sensibilité qu’à notre goût pour l’action.
Oui, pour le jeu d’Amy Adams
Amy Adams, dans le rôle de Louise Banks, livre une interprétation sobre et juste. La linguiste, sous pression mais déterminée à réussir, tente de composer avec les événements qui se déroulent autour d’elle. Tente de composer avec l’angoisse, les doutes, l’incompréhension, la fatigue. Amy Adams nous donne à voir une linguiste professionnelle captivée par sa mission, mais elle nous donne également à voir la femme qu’elle est : dans des scènes d’une grande douceur, elle nous invite dans la peau de son personnage, elle nous offre des bribes intimes de sa vie de femme, de mère. L’histoire personnelle d’Amy s’entrelace avec la grande Histoire et elle apporte une dimension très humaine au film.
Non, pour sa dispersion
En somme, Premier contact est beau conte philosophique. Mais peut-être qu’il se veut justement trop philosophique. Il aborde les sujets du langage, de la compréhension et de l’acceptation de l’autre, qui offrent déjà une multitude de possibilités. Puis il glisse vers une méditation sur le temps, qui arrive tard dans le film, si bien qu’elle donne la sensation d’être survolée, d’être traitée trop rapidement. A cela, ajoutons des réflexions géopolitiques, et ça nous donne un trop plein de sujets : et forcément, certains en souffrent. Premier contact souhaite faire passer des messages : certains sont subtils et bien reçus, d’autres manquent de finesse et provoquent notamment une fin un peu expéditive… pour une fois, un film aurait pu être plus long sans que l’on surveille sa montre en soupirant.
Clairement, il faut aller voir Premier contact et aller à la rencontre de ces aliens. Pour une fois que des extraterrestres ne viennent pas pour nous décimer, ils méritent bien qu’on leur accorde notre attention ! Pour son propos, pour son approche originale d’un sujet aussi éculé que les extraterrestres, pour sa photographie, pour son personnage principal émouvant, Premier contact est une véritable réussite et on lui pardonne aisément ses petites faiblesses.
Un réalisateur que j’aime beaucoup. Je suis curieuse !