Les éditions Talents Hauts proposent des textes forts et poignants pour sensibiliser les adolescents à des sujets délicats, souvent difficiles à aborder, à expliquer. La porte de la salle de bain, de Sandrine Beau, prend pour cible le harcèlement, la perversité et le voyeurisme malsain, dérangeant. Il exprime avec justesse cette difficulté, pour la victime, de parler, de s’ouvrir à un adulte. Il raconte l’humiliation, la peur, l’impuissance, la colère.
La victime du roman est la petite Mia. La demoiselle n’a pas encore douze ans, mais elle surveille avec impatience l’apparition de sa future poitrine. Celle de sa mère est si belle, si ronde, si ferme, elle aimerait tant avoir la même, et vite ! Elle est alors bien loin d’imaginer toutes les horreurs que la naissance de ses rondeurs provoquera…
Sitôt que son corps commence à changer, le regard de son beau-père sur elle se transforme. Au début, elle ne comprend pas, elle doute : il est entré dans la salle de bain pendant qu’elle se douchait, oui, mais il ne venait que prendre le coupe ongles, elle se fait des idées ! Et puis ça se reproduit. La situation se répète, encore et encore, puis empire. Mia se sent impuissante, incomprise, seule. Les intrusions de son beau-père sont de plus en plus malsaines. Il ne respecte plus son intimité de jeune fille et ne manque aucune occasion de la regarder nue. Pour se justifier, pour maquiller la gravité de ses agressions, il la traite comme une enfant capricieuse.
A quel moment, entre l’enfance et l’adolescence, la pudeur s’installe ? A quel moment n’ose-t-on plus se montrer nu devant les adultes ? A quel moment notre corps devient un secret, que l’on souhaite garder pour soi ? Le récit de La porte de la salle de bain repose sur la ténuité de ce moment. Un jour, on se baigne en culotte, sans gêne. Le lendemain, on a remarqué ce petit renflement, au niveau de la poitrine : notre corps change, notre regard se modifie, et, dès cet instant, on refuse de se montrer. Un premier pas vers l’âge adulte. Un pas à respecter. Une intégrité à préserver.
Le petit pas de Mia vers l’âge adulte est piétiné par l’intérêt malsain qu’il éveille chez son beau-père. Par ses pulsions inconvenantes. Sous la plume sensible de Sandrine Beau, on devine la justesse des sentiments et des émotions qui étreignent la jeune fille. Leur force, qui la déstabilise, la fait chanceler. On perçoit son incompréhension et sa fragilité face au comportement d’un adulte à qui elle a cru pouvoir se fier. Et on admire sa façon de se protéger, avec ses subterfuges d’enfant.
La porte de la salle de bain alerte en douceur et délivre un message d’espoir. L’amour panse les plaies et la vie favorise la cicatrisation. Un récit pudique, que l’on peut mettre dans les mains des plus jeunes.
Laisser un petit mot