Rascal est un auteur-illustrateur presque incontournable de la littérature de jeunesse. S’il est célèbre, c’est surtout pour son univers particulier qu’il transpose dans chacune de ses œuvres tant par la narration que par les graphismes des illustrations. Rascal se joue des conventions et des règles. Avec Petit escargot rouge, il ne dérogera pas à ses habitudes.
« Il était une histoire qui avançait aussi lentement qu’un escargot »… Le lecteur est prévenu. Ici, pas de péripéties rocambolesques à bord d’un TGV. Ici, on prend le temps.
Sacrément le temps ! Oulalah, c’est presque un escargot antillais que le lecteur s’apprête à rencontrer !
Rascal associe une double page d’illustrations à UN mot de son récit. Oui, un seul. Forcément, la complexité narrative sera aux abonnées absentes. Il faut dire que si un escargot pouvait parler, il serait aussi lent dans son élocution que dans son déplacement.
L’espace représenté, quant à lui, est adapté à la taille de notre protagoniste et donc, l’illustrateur n’hésite pas à couper les éléments en deux s’ils sortent du champ de vision du gastéropode et les plans sont rapprochés, complètement différents de ceux de notre vision d’humain.
Attention, Petit escargot rouge surprend. On pourra même parler de « déception » ou d’ « arnaque ». C’est effectivement ce que l’on pense une fois le livre refermé suite à la première lecture.
Il faut alors le reprendre, à tête reposée, en analysant un peu. Et là, outre l’originalité, on se rend compte à la fin du livre que… Ah non, ce sera au lecteur de s’en apercevoir tout seul !
L’enfant, quant à lui, peut prendre conscience de la notion de « mot » si souvent abstraite. Il peut également décrire l’environnement dans lequel évolue l’escargot ou imaginer une suite à la manière de l’auteur. Dans tous les cas ce petit album est très riche de possibilités en matière de langage !
A quel âge proposer cette histoire ? Pour la première lecture liée à la narration, dès la toute petite enfance. Pour aller plus loin, en liant le texte au dessin, les plus grands jusqu’à 7 ans peuvent trouver matière à entretenir leur imaginaire (mais avec l’aide de l’adulte afin de ne pas passer à côté de la richesse des possibilités).
Bonjour,
De fil en aiguille, je suis tombée par hasard sur cet article sur Rascal et son livre « Petit escargot Rouge ». En lisant votre texte, j’ai été heurtée par la comparaison entre cet escargot et un autre qui serait d’origine antillaise. Une étude a-t-elle été menée pour appuyer cette affirmation??? J’ai bien conscience que c’est de l’humour mais les préjugés sont souvent néfastes pour les personnes qui en sont victimes. Un petit changement dans ce texte serait très appréciable.
Toutefois, je trouve le site bien fait et très agréable à lire.
Véronique
Véronique, il ne faut pas prendre l’expression au premier degré. Je vis avec un doudou d’origine antillaise et on parle fréquemment du rythme de vie moins effréné qu’en métropole dans ce bout de paradis français… La chaleur ne le permet pas de toute façon. Il se moque lui-même de leur propre rythme de vie, ses amis également, et, oui, c’est une façon de représenter les populations caribéennes (que je connais bien, plusieurs pays confondus) tout comme nous, métropolitains, avec nos râleries dans une tête sous un béret, vêtus d’une marinière !
Je suis désolée, je ne changerai donc pas ma référence… Joyeusement et antillaisement vôtre, Corinne