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Littérature

« Pays de Neige » de Yasunari Kawabata

7 avril, 2013

Pays de neigeAborder ce roman ne fut pas forcément tâche aisée. J’avais envie de poursuivre ma découverte de la littérature Japonaise et c’est pourquoi j’ai ouvert « Pays de Neige ». J’ai été déroutée, une fois encore, par le début du roman. Je me suis emmêlée dans sa chronologie, dans ses personnages, mais j’ai fini par comprendre sa forme et là, j’ai été emportée dans un tourbillon de délices, de découvertes exquises.

Shimamura, un riche héritier, oisif, entre deux âges, vivant à Tokyo, se retire à plusieurs reprises dans une station thermale, au cœur des montagnes, dans un endroit retranché du monde, où la neige et le froid règnent en maîtres, où la vie s’écoule lentement et tranquillement. Laissant femme et enfants derrière lui, il cherche à s’y ressourcer, à y jouir d’un repos serein et bénéfique. Il y fait la connaissance de Komako, une Geisha à laquelle il va profondément s’attacher, et avec laquelle il va vivre une histoire d’amour passionnée faite de non-dits, de Yoko, une jeune femme mystérieuse et attirante, dont on ne saura pas grand chose, si ce n’est qu’elle exerce un fort pouvoir de fascination et d’attraction sur le personnage principal, notamment grâce à sa voix envoûtante qui le fait chavirer dès l’instant où il l’entend pour la première fois. Ces protagonistes se cherchent, se croisent, apprennent à se connaître, s’apprivoisent, s’emmêlent, dans une atmosphère hivernale et froide, mais enchanteresse, propre à cette station thermale.

L’auteur parvient à composer une ambiance chaleureuse dans cet univers glacial. Une passion prend vie, des émotions et des sentiments naissent et embrasent les personnages alors qu’ils évoluent dans un monde glacé.

L’auteur manie habilement l’écriture poétique et onirique, et il nous livre un magnifique roman contemplatif ; un roman qui pénètre avec délicatesse et pudeur dans l’intimité de ses personnages, qui célèbre la pureté et la tendresse de leurs sentiments, de leur relation, mais qui loue aussi la grandeur et la grâce de la nature ainsi que des paysages majestueux, dominés par la blancheur éclatante de la neige. C’est une lecture que j’ai trouvé apaisante, par la beauté et la finesse du texte, par la paix et l’harmonie du lieu, par le calme du personnage principal, la sensualité et la volupté de son amie, par les descriptions lyriques qui parsèment le roman. Il s’en dégage une musique, une mélodie agréable et subtile qui nous entraîne dans un Ailleurs propice au rêve et à l’évasion.

Mais maintenant je vais me taire, car je crains de ne pas rendre suffisamment hommage à ce livre avec mes faibles mots, et laisser parler Yasunari Kawabata pour moi, afin que vous sentiez mieux la Magie qui émane de son texte.

Morceaux choisis :

« Elle a un doux sourire, comme sous l’éclat d’une lumière éblouissante. Et sans doute avec ce sourire a-t-elle pensé à « l’autre fois », car il la voix s’empourprer peu à peu, comme si son corps entier s’embrasait à mesure à la chaleur des mots qu’il lui a dits. Car elle s’est penchée en avant, inclinant un peu la tête avec quelque raideur, et il a pu voir son dos rougissant, sous le kimono légèrement écarté. La nuque et tout ce qu’il aperçoit de cette chair troublante, et plus voluptueuse encore sous la masse sombre des cheveux qui la met en valeur par contraste ;dans son chaud frémissement sensuel, il croit l’avoir nue devant lui. Ses cheveux ? Non, ils n’ont pas, à vrai dire, une telle richesse par leur excès de densité : c’est plutôt par leur vitalité, par cette fermeté un peu masculine qu’ils lui font cette haute coiffure impeccable, stylisée à l’ancienne mode et sans le moindre petit défaut, aussi lisse qu’une laque, dressée si fièrement qu’on la dirait casquée d’une solide sculpture de pierre noire ».

« La nuit se tenait immobile, figée, sans le moindre soupçon de brise, et le paysage se revêtait d’une austère sévérité. On avait l’impression qu’un grondement sourd, dans le sol, répondait au crissement du gel qui resserrait la neige partout, sur l’étendue. Il n’y avait pas de lune. Les étoiles, par contre, apparaissaient presque trop nombreuses pour qu’on crût à leur réalité, si scintillantes et si proches qu’on croyait les voir tomber et se précipiter dans le vide. Le ciel se retranchait derrière elles, toujours plus profond et plus lointain, là-bas, vers les sources enténébrées de la nuit. Les sommets de la haute chaîne, confondus en une seule ligne de crêtes, dressaient contre le ciel étoilé leur masse imposante, y découpant un horizon inquiétant, énorme et noir. Sur l’ensemble du paysage, toutefois, régnait une seule harmonie faite de pure sérénité et de tranquillité grandiose ».

« Sur la montagne déjà sombre dans le crépuscule, au-dessus du pont, la première neige posait sa blancheur.

Dès que les feuilles tombent avec les vents froids et durs, au Pays de Neige, les jours ne sont plus que grisaille nuageuse et glacée. On sent que le neige est dans l’air. Le cercle des montagne alentour blanchit déjà sous la première neige, que les gens du pays appelle « le chapeau des sommets ». Sur toute la côte nord, la mer d’automne mugit et gronde, et les montagnes font de même ici, au cœur du pays, en laissant entendre un énorme soupir semblable au roulement lointain du tonnerre. Les gens l’appellent « la rumeur du fond ». Le chapeau des sommets et la rumeur du fond, selon ce qu’avait lu Shimamura dans le vieux livre, annoncent et précèdent de peu la saison des grandes neiges ».

by J. 
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A propos de J.

Amoureuse des mots et des livres. Affectueuse, gourmande, impulsive, timide et un peu craintive... J'aime le Web, les chats, la photographie, le piano, les Spéculoos, la rhubarbe, l'Italie et les feux d'artifices.

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