Pour son premier roman, Ne pars pas sans moi, Gilly MacMillan propose un thriller psychologique qui, bien qu’il suive une trame narrative relativement classique, se distingue par une véritable qualité rédactionnelle. Les auteurs de polars recherchent constamment l’efficacité, ils utilisent une prose lapidaire et incisive pour entretenir le rythme et accroître la tension. Gilly MacMillan, elle, nous maintient sur le fil du rasoir avec une plume plus sophistiquée. Elle concentre toute son attention non pas sur l’action du récit, mais sur les émotions et les interrogations qu’elle fait naître chez les personnages. Sur leur manière d’agir, de réagir. Leurs comportements, leurs attitudes, leurs actes et les conséquences qui en découlent sont la matière première de Ne pars pas sans moi. L’enquête est un prétexte pour livrer un roman profondément introspectif.
Ben, huit ans, adorable blondinet au yeux bleus, petit garçon doux, joyeux et curieux mais très affecté par le divorce récent de ses parents, disparaît en pleine forêt, au cours d’une promenade avec sa mère. Après une conférence de presse désastreuse, tous les soupçons convergent vers cette mère indigne, qui n’a pas su surveiller et protéger son enfant. Proie des journalistes impitoyables, bouc émissaire des médias et de l’opinion publique, victime des pires accusations et des pires calomnies, elle sombre dans un puits sans fond, pendant que l’enquête pour retrouver son fils piétine… Au fil des jours, son espoir de le retrouver vivant s’étiole…
Ne pars pas sans moi est une confession. Rachel vous raconte son histoire, un an après les faits, avec le recul propice à l’introspection. Elle se livre, met son âme et son cœur à nu, en prenant son temps. Elle revient sur toutes les émotions ressenties et les sonde : elle vous dit l’absence de l’enfant aimé, intolérable, et l’angoisse de ne pas savoir, qui ronge. Mais aussi les incertitudes, la confiance qui s’effrite, la colère qui bouillonne. Les secrets et les mensonges démasqués. La vie privée déshumanisée et offerte en pâture à l’opinion publique, sans pudeur, sans respect. Elle vous interpelle, elle vous implique dans son récit. Vous n’êtes plus le lecteur passif qui tourne simplement les pages. Vous devenez le confident de cette mère dévastée par la disparition de son fils, vous avez un rôle à tenir.
Ne pars pas sans moi est un beau roman sur l’amour maternel, sur la famille et sur la reconstruction de soi. Un thriller psychologique finalement plus psychologique que thriller !
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