Dans Les mauvaises gens, Étienne Davodeau nous raconte en images, avec son style doux et touchant, l’histoire de ses parents. Des vies ordinaires de gens ordinaires… Mais des vies authentiques, marquées par la passion et le combat.
Ce roman graphique a pour cadre les Mauges, un petit territoire rural qui englobe Angers et Cholet. Tout commence dans l’immédiat après-guerre. Maurice et Marie-Jo grandissent chacun dans leur petit village, à quelques kilomètres l’un de l’autre. L’économie repose encore essentiellement sur l’agriculture. Mais la situation, en quelques années, va changer.
Dans les années cinquante, les usines sortent du sol et recyclent les travailleurs agricoles en ouvriers. Les conditions de travail sont plus dures dans ces usines rurales que dans les grandes villes, car les travailleurs sont moins informés… et ont une mentalité plus docile.
En effet, la religion s’enracine profondément dans ce terreau conservateur. Au moment de la Révolution Française, déjà, les Mauges étaient dans le camp réactionnaire. Et pendant l’enfance de Maurice et Marie-Jo, l’orientation politique et spirituelle n’a pas fondamentalement changé. Par exemple, il s’agit d’une des seules régions de France où l’école publique perd du terrain au profit des institutions privées catholiques…
Nécessairement, la religion tient une place prépondérante dans la vie des parents de l’auteur. Mais Leurs convictions ne se résument pas à leur foi – bien au contraire. Quand ils deviennent ouvriers, ils s’engagent, en sus, dans le syndicalisme. Ferveur chrétienne et militante, tels sont les ingrédients de leur quotidien, actif et plein d’espoir.
Voilà pourquoi ces gens de rien, ces Mauvaises gens des Mauges nous émeuvent et nous inspirent. Le grand talent de Davodeau réside ici : il sait nous faire vibrer avec la vérité et la simplicité. L’admiration qu’il porte à ses parents transpire des planches. Son trait léger et précis porte son œuvre avec bonheur.
Pour conclure, je vais vous faire une petite confession : c’était mon premier Davodeau. Je ne lui avais pas encore donné sa chance, craignant de m’ennuyer ou de ne pas accrocher à ses sujets peu aguicheurs. On me disait beaucoup de bien de lui, j’ai fini par céder… et j’ai adoré !
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