Dans les années 70, la dictature règne en Argentine, déguisée sous le nom de « processus de réorganisation nationale ». Durant cette période noire, nombre de résistants sont arrêtés, torturés, fusillés et on compte plus de 500 nourrissons qui auraient été arrachés à leurs mères. C’est dans ce contexte que se place une partie de Luz ou le temps sauvage, d’Elsa Osorio. On y fait la connaissance de Miriam – épouse d’une brute à la charge du régime – son ami Frank ; ainsi qu’Eduardo, honnête homme marié à la fille d’un membre du gouvernement et puis d’autres personnages ici et là. Ils ont tous connu Luz, l’héroïne de ce roman éponyme, lorsqu’elle n’était encore qu’un nourrisson et l’auteur leur donne la parole chacun leur tour.
En effet, la narration est partagée entre les différents protagonistes ; et ce n’est pas seulement le point de vue qui change, mais l’écriture en elle-même. Les faits concernant Miriam sont relatés à la troisième personne du singulier tandis qu’Eduardo s’exprime à la première personne. Ce procédé amène une large touche d’originalité, qui, loin de gêner, facilite la compréhension du récit. J’avais d’ailleurs lu plus de la moitié du livre avant de m’en rendre compte !
Lorsque la dictature touche à sa fin en 1983, est créée l’association « Les grands-mères de la place de Mai » : son but est de retrouver les enfants volés par l’ancien régime. Luz, jeune femme d’une trentaine d’années, fait appel à cet organisme pour tenter d’éclaircir ses doutes sur sa naissance. Elle qui pensait être la petite fille d’un dictateur, serait-elle en réalité la fille d’un résistant ?
Ces deux facettes de l’histoire, ces deux intrigues ne sont pas séparées, mais enchevêtrées l’une avec l’autre. Ainsi le récit oscille entre deux périodes : les tourments de la dictature de 1975 et, parallèlement, la recherche d’identité de Luz 30 ans plus tard. Cela peut paraître compliqué, mais je vous assure qu’il n’y a aucune confusion possible dans le déroulement du roman ; tous les chapitres sont parfaitement imbriqués, il est impossible de se perdre !
Avec Luz ou le temps sauvage, Elsa Osorio signe une magnifique histoire – qui reste une fiction malgré le cadre historique très fort. Pour rajouter au bonheur de cette lecture, l’écriture est un régal. Aucun point négatif ne vient obscurcir mon ressenti, j’ai adoré plonger en Argentine grâce à ce roman, surtout que c’est un pays que l’on connaît finalement peu. A découvrir absolument, Luz ou le temps sauvage a la capacité de plaire à tout le monde !
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