Little Sister, avec ce titre Benoit Séverac touche un sujet empreint d’actualité ! Sujet sensible par excellence mais qu’il traite ici avec une parfaite justesse et une distance somme toute nécessaire. La force de Little Sister réside en partie dans le sujet traité mais encore plus spécialement dans l’angle d’attaque inhabituel choisi par l’auteur. Les attentats de Paris et le parcours des djihadistes français impliqués ont fait la une de l’actu mais l’auteur nous offre ici de découvrir ce radicalisme à travers les yeux des victimes collatérales et non plus de ceux de ces jeunes enrôlés.
Lena a tout juste douze ans lorsque l’affaire éclate. La presse publie une photo de son frère, Ivan, posant à côté de « frères » djihadistes brandissant fièrement la tête d’un otage français. Cette photo arrive aussi violemment qu’un coup de poing pour cette famille qui le pense en stage en Angleterre. L’intrusion de la presse, les regards méfiants des voisins, les questions ou pire les silences des proches pèsent lourd et poussent la famille à quitter Toulouse pour une petite bourgade plus anonyme. Avec ce déménagement, c’est toute la petite vie de Léna qui éclate en morceaux …
Quatre ans plus tard, elle reçoit une lettre de la main de Théo, le meilleur ami d’Ivan, dont elle n’avait plus de nouvelles. Il lui confie qu’il a revu Ivan, que celui-ci veut absolument entrer en contact avec elle et lui transmet ce message : « dis-lui que je l’attendrai dimanche en huit, à la nuit tombée, à notre cabane ». Que veut ce frère qui n’avait plus donné signe de vie et dont elle avait peu à peu fait le deuil ? Regrette-t-il ses actes passés ? Et même, a-t-il réellement commis les horreurs dont on l’accuse ?
Dans Little Sister, Benoit Séverac fait se succéder quatre narrateurs différents, il offre ainsi au lecteur la possibilité de rester à tout moment au plus près de l’action ! Lena petite boule d’énergie, d’espoir et de sensibilité, débute le récit et nous emmène avec elle, nous pousse à aller voir de l’autre côté de la barrière, à appréhender sa situation sans jugement, seulement en se glissant à sa place.
En tant que lecteur adulte, on aurait peut-être apprécié un peu plus de détails sur cet enrôlement mais Benoit Séverac conserve jusqu’à la fin sa ligne de conduite et fait du personnage de ce jeune djihadiste un rôle secondaire dans un récit captivant qui se lit d’un seul souffle…
« Quand on est enfant , on grandit à ses côtés en se disant que c’est pour toujours, qu’il sera tout le temps là pour vous, qu’il viendra vous chercher à la sortie de l’école même quand on aura quitté les bancs de l’école depuis belle lurette, qu’il continuera encore longtemps à vous défendre. Et puis en vieillissant, on comprend qu’on ne vivra pas avec lui, ni comme lui, mais on continue à partager ce qu’il y a de plus précieux, de plus beau, ce qui nous a fondés : l’enfance. Quelque chose nous unit, un lien indestructible … C’est ce lien qu’Ivan a détruit. »
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