Les Pénates sont des divinités domestiques romaines qui veillaient sur les foyers et protégeaient les familles. Ils ont prêté leur nom à l’album de Vincent Sorel et Alexandre Franc le temps d’une lecture tendre et sensible.
Nous sommes des Pénates !
Nous savons tout, nous pouvons tout !
Nous sommes des démiurges !
Dans le foyer de Pierre, Véra et Bérénice, les Pénates prennent la forme d’une poupée et d’un ours en peluche : Pierre, professeur spécialisé dans l’Antiquité Romaine, attribue des caractéristiques divines aux jouets de sa fille pour la faire rêver, la rassurer. Tant que les Pénates sont choyés, leur petite famille ne risque rien. Alors Bérénice les nourrit grassement : chocolat, cornichons, elle vide le garde-manger… Malgré ces attentions, le foyer se délite irrémédiablement : Véra est débordée et à cran, Pierre se réfugie dans ses études pour fuir les contraintes du quotidien et Simon, l’ami qu’ils hébergent après le décès tragique de sa famille, tente de surmonter le drame. Imperceptiblement, les rôles se confondent, les relations se distendent…
Les Pénates étudie avec acuité le processus d’éloignement d’un couple : Véra et Pierre apparaissent comme un couple « cliché » et pourtant très universel : l’implication de l’épouse et le détachement du professeur sapent l’entente et l’harmonie de leur foyer. La petite Bérénice se niche auprès de ses Pénates – et les gave de cornichons – pour y chercher du réconfort et un semblant de paix. La gravité du sujet est contrebalancée par l’humour et la tendresse de certains échanges.
Le crayonné lisse, épuré et doux d’Alexandre Franc confère beaucoup de simplicité et de sensibilité à l’album. Le visage tout rond de Pierre en fait un personnage bonhomme et très sympathique. On savoure le temps passé auprès de cette famille. Les moments graves et les instants plus légers.
Une très jolie découverte. Originale et émouvante.
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