Les chroniques de San Francisco (ou Tales of The City en version originale) commencent à paraître dans la seconde moitié des années soixante-dix sous forme de feuilleton, en dernière page du San Francisco Chronicle. Leur auteur, Armistead Maupin, y dépeint les mœurs et le quotidien des habitants de la ville.
« The City », comme on la surnomme dans la région, fut la capitale des hippies au cours de la décennie précédente… Mais pendant les années disco, que devient-elle ? Elle s’agrippe de toutes ses forces à ses valeurs : tolérance, ouverture d’esprit, liberté (sexuelle, surtout). Tout le monde baise à droite à gauche, tout le monde expérimente, se drogue un peu… et pourtant tout le monde est insatisfait, rattrapé tôt ou tard par les idéaux du reste de l’Amérique, le besoin d’argent, la quête du grand amour, l’envie d’être accepté…
Hélas, ce roman – ou cette compilation de chroniques – souffre au premier regard de sa trop grande légèreté. On y suit le quotidien de personnages plutôt futiles, qui gravitent autour d’une pension de famille. Je vous laisse juger de la superficialité de ces archétypes : la tenancière qui fait pousser de l’herbe dans son jardin et distribue des joints à tous ses locataires, la jeune secrétaire qui débarque de son trou paumé pour découvrir la grande ville (et qui ne tarde pas à avoir le mal du pays), le gay trop sensible qui n’en peut plus d’attendre son prince charmant, le dragueur invétéré et blasé, etc., etc.
Ajoutons à cela que le style, très dialogué, vire lui aussi au superficiel à bien des moments. Le ton, les rebondissements et les sujets abordés font immanquablement penser à une série télé… et là, entendons-nous bien, je parle des séries télé d’avant la grande vague des bonnes séries télé : les trucs infâmes qui passaient quand j’étais adolescent et à l’évocation desquels ma grand-mère elle-même arborait une moue dédaigneuse…
Et pourtant… Pourtant on s’attache follement à ces personnages, tous plus profonds qu’il n’y paraît. Pourtant Maupin nous ferre avec ses répliques si simples en apparence, et nous guide en sautillant jusqu’à la fin de chaque passage, où il a ménagé, comme un cadeau soigneusement emballé, une petite chute fine et juste. Pourtant, il souffle sur ces pages un vent léger et entraînant, qui vous colle un sourire aux lèvres, vous attrape et vous emporte jusqu’à la dernière ligne… Et ce vent, mes bons amis, nul besoin d’avoir franchi le Golden Gate ou parcouru les rues pentues de la ville pour le deviner : c’est celui de San Francisco.

© Shutterstock | San Francisco
Il y a quelques années j’ai adoré me plonger dans cette saga qui, effectivement, est pleine de clichées !
Waip ! :) Je vais sans doute lire la suite moi aussi… mais je ne sais pas encore quand ! :P
j’ai bien aimé, c’est léger, sans prise de tête! De là à tout lire… bof!
Ah oui ? oh… pourtant c’est comme du grignotage, ça se mange sans fin ;)
Bon même si tu n’as pas aimé le côté trop cliché du roman, je pense tenter l’aventure ! J’ai envie de les lire depuis quelques années maintenant ^^
Oh oui, tu ne risques rien, ça reste une lecture très sympa, idéale se détendre à mon avis :)