Le retour d’Antoinette est la première œuvre de l’allemande Olivia Vieweg publiée en France. A travers l’histoire d’Antoinette, elle évoque le harcèlement scolaire et les blessures profondes qu’il laisse chez ses victimes. Sans pathos, avec justesse et sensibilité, Le retour d’Antoinette se concentre sur l’essentiel : les brimades, les humiliations et la solitude. Mais surtout, sur la volonté farouche de s’en sortir. De s’éloigner des persécuteurs, de construire une vie loin des souvenirs, de la douleur. Puis sur le besoin, un jour, de revenir, pour régler ses comptes avec son passé.
Le récit s’ouvre sur Antoinette : elle est adulte, elle vit à Los Angeles, elle est directrice artistique d’une agence de pub et elle est mariée à un célèbre et bel acteur. L’Amérique, Hollywood… tout cela signe une impressionnante réussite ! Pourtant les démons d’Antoinette ne la laissent pas en paix. Comment savourer son bonheur avec un passé qui la rattrape où qu’elle aille ? Un passé qu’elle ne parvient pas à museler malgré les mensonges qu’elle a bâtis autour de ses origines ? Elle décide alors d’y retourner, une dernière fois : un billet d’avion, un vol au dessus de l’océan, et la voilà de retour dans son petit village natal en Allemagne, prête à affronter ses terribles souvenirs d’enfance. Prête à confondre celles et ceux qui l’ont tourmentée. Si ses anciens camarades d’école – ses bourreaux – semblent avoir tiré un trait sur leurs actes cruels, elle, en revanche, se souvient de tout…
A travers le regard d’Antoinette, on découvre le petit village allemand où la vie semble s’être figée depuis son départ. Ils sont encore tous là, au complet, coincés dans leurs petites existences étriquées tandis qu’elle a eu le courage de saisir les bonnes opportunités. Ils sont encore tous là, à l’accueillir les bras grands ouverts et tout sourire – une belle bande d’hypocrites à la mémoire courte ! Comment ne pas ressentir colère et dégoût pour ces adultes incapables d’assumer leurs fautes passées ? Comment ne pas vibrer de compassion pour la petite Antoinette ?
Pour illustrer son album, Olivia Vieweg a opté pour des teintes sépia, un choix judicieux pour exprimer le retour aux sources d’Antoinette et son plongeon dans le passé. Le style dépouillé et les coups de crayons fiévreux de l’auteur disent l’essentiel : la grande souffrance et la rancune qui dévorent Antoinette.
Olivia Vieweg nous livre là un album intime, dans lequel elle a insufflé – on le sent, on le sait – son cœur et son âme.
A voir la couverture, je n’aurais pas pensé à ce thème.
Intéressant.
Je veux absolument le lire mais pas moyen de mettre la main dessus par chez moi. Tant pis, je l’achèterai en vacances.
Très belle chronique, pour un roman graphique coup de poing!