Lorsque l’on aime les livres, il y a forcément un moment donné où l’on se dit que le métier de libraire doit être un rêve. Lorsque l’on s’interroge sur son avenir, quand on se rend chez son libraire préféré… ou dans bien d’autres circonstances encore.
Je suis libraire depuis maintenant un peu plus de deux ans, et quand je me demande si j’ai un métier de rêve, j’ai toujours quelques hésitations. J’aimerais donc vous faire un article clair et concis sur le meilleur du métier, mais aussi les aspects nettement moins bons… A la fois épanouissant et parfois barbant, je dois reconnaître que j’aime mon boulot. Du fond du cœur. Et j’essaie de fermer les yeux sur les côtés négatifs, parce que de toute façon, il y en aura toujours, quel que soit le métier qu’on exerce.
Commençons donc par les réjouissances ! Le plus épanouissant ?
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Sans hésitation, et ça semble logique, le contact quotidien avec les livres. Ouvrir les cartons de nouveautés et avoir l’impression que chacun d’entre eux a été déposé là par le Père Noël. Découvrir leur contenu enchanteur. S’extasier sur un titre que l’on attendait à grands coups de « aaahhh, oooohhhh » ! Lire toutes les quatrièmes de couverture. Feuilleter les bandes-dessinées. Tout un tas de raison qui font que parfois, réceptionner les nouveautés peut prendre du temps ! Et puis ranger toutes ces petites merveilles en rayon. Enlever, bouger, remettre, serrer, aérer, mettre en avant ceux qui nous plaisent, planquer ceux qu’on aime pas… ! Toucher les livres, les regarder, porter des piles qui nous montent jusqu’au menton. Le livre est omniprésent, nous sommes là pour lui, et c’est ce que je trouve le plus merveilleux.
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Les échanges passionnés – mais malheureusement trop rares – avec certaines personnes. Qu’on se le dise, ça ne m’arrive pas souvent dans mon rayon jeunesse, mais parfois j’ai des clients avec qui je peux discuter pendant longtemps de livres pour enfants, d’albums, d’illustrateurs ou de romans… Des parents passionnés et instruits auprès de qui j’aime apprendre. Parce que pour moi, le métier de libraire est à double-sens : c’est certes apporter conseils aux gens, mais j’aime aussi faire preuve d’humilité et apprendre. Et les clients ont souvent des choses à nous apprendre, et j’apprécie beaucoup ce genre d’échanges réciproques.
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Soyons honnête, maintenant que j’y ai goûté, je ne pourrais plus jamais me passer des privilèges octroyés aux libraires. Emprunt de livres illimité. Pratique quand on est une compulsive de la lecture comme moi. Les 30% de réduction sur tous nos achats (attention, pas dans toutes les librairies, mais j’ai la grande chance de pouvoir profiter de cet avantage). Et j’ai d’autres petits privilèges dont je ne parlerais car ils sont spécifiques à mon entreprise. Les libraires ont un accès particulièrement facilité aux livres et c’est le bonheur. Parfois je rentre à la maison avec une pile de 5 BD et 3 romans, et devant les yeux ronds de mon homme je peux répondre « c’est purement professionnel » ! Lorsqu’on est libraire, lire est une passion, un besoin et un devoir et on peut assouvir tout ça sans sortir le porte monnaie.
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Être libraire signifie être toujours au courant de tout, et souvent avant tout le monde : Les rendez-vous avec les représentants sont un des meilleurs aspects de ce métier. Ce sont d’autres professionnels du livre, tout aussi passionnés que nous et les échanges sont forcément toujours épanouissants. Ils nous informent des futures sorties, des prochaines parutions, nous donnent la possibilité de découvrir des titres en avant-première. En général, une relation de confiance s’établit sur la durée. Par ce moyen et aussi grâce à nos puissants outils de travail, on peut être au courant de tout ce qui concerne les livres et leur univers.
Mais parce que tout n’est jamais toujours tout rose, je vais évoquer maintenant les aspects moins épanouissants du métier…
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Le libraire est une machine à donner des renseignements et à répondre à des questions en tout genre, qu’elles concernent des livres ou non. Ça va de « non, on ne vend pas de timbres, on ne vend pas de cigarettes non plus » à « la gare ? Toujours tout droit au bout de l’avenue », en passant par « oui, le dernier Blacksad est juste ici, juste devant vous, en fait ». Finalement, le libraire passe beaucoup, beaucoup plus de temps à donner des renseignements en tout genre qu’à avoir de vraies discussions « livres » avec les clients.
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Le libraire est au service du client, au sens noble du terme. Sauf que ce qui devrait une bonne chose est de plus en plus galvaudé. Oui, nous sommes au service du client, non, nous ne sommes pas pour autant leur larbin. On ne nous demande plus, on nous ordonne, et je dois avouer que j’ai du mal avec ça. Sourires et courbettes lorsque l’on me dit « faites ceci, faites cela », mais je serre les dents.
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Le manque de compréhension. Nous ne sommes pas seuls dans la chaîne du livre, et les couacs ne viennent pas forcément de nous. Mais comme nous sommes les seuls au contact avec les clients, c’est nous qui prenons à chaque fois pour tout le monde. Retard de livraison, erreur dans un envoi, réception d’un livre abîmé… la majorité des gens sont compréhensifs, mais parfois on se fait vraiment incendier pour des choses dont on n’est pas responsables. Allez donc faire un cours sur la chaîne du livre à quelqu’un qui ne veut rien savoir…
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Ces changements de TVA, ces hausses de prix, ces baisses de prix (beaucoup plus rares, mais on a eu !) et compagnie, qui fichent une sacrée pagaille dans les stocks. On ne peut pas passer nos journées à étiqueter, puis ré-étiqueter, alors si seulement les éditeurs pouvaient cesser de changer les prix des livres à tout bout de champ !
Et comme libraire c’est un excellent métier, je n’ai pas davantage de raisons de me plaindre !
Alors ? Convaincus ? Remarquez que pour vous embrouiller, j’ai mis autant de points positifs que de points négatifs. Non, bon, en fait je n’ai pas fait exprès !
Le métier de libraire, un rêve ? A mon sens, non. Mais un métier agréable et épanouissant, oui !
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Tu as très bien résumé et je me suis bien reconnue dans ton billet. On croit toujours que le libraire passe son temps à lire toute la journée (combien de fois a-t-on pu entendre ce cliché ?). Les gens ne se rendent pas compte de la masse de boulot que l’on peut avoir. Alors, oui, c’est un boulot passion, mais pas toujours évident. Comme dans tous les métiers, il y a des avantages et des inconvénients et souvent, ces derniers se sont les contacts pas très agréables avec des personnes qui nous prennent pour des larbins ou des incompétents. Bon j’avoue, on en rit souvent, mais ça peut aussi pesé.
Par curiosité, tu bosses où toi ?
@ Miawka : je bosse dans une librairie spécialisée BD / Manga à Grenoble, mais je préfère ne pas citer de nom et rester dans l’anonymat ^^ ;-)
@ Alice : oui, j’ai commencé par des stages en librairie aussi, d’excellents stages qui m’ont donné envie de devenir libraire. Avoir de premières bonnes expériences, ça compte beaucoup question motivation ^^
@ Ma Bouch’ : j’espère que tu trouveras très vite ! :) Les places sont très prisées et la concurrence est rude, alors bon courage =)
J’avais fait un stage en librairie… et ça avait été purement épanouissant ! Surtout qu’on m’a laissé beaucoup de liberté et qu’on m’a bien occupé. Un vrai stage :D avec des passionnés, des collègues géniaux, pas un stage « va chercher un café stp » :D
Il est vrai que certains client ont été… plus que méprisants. Et c’est vraiment désespérant (notamment, on le connaît tous celui-là, celui qui dit ni bonjour ni merci ni au revoir). Mais il y a des cons partout. Et malgré ça, je trouve que ça reste un super métier :)
Quel bel article, ma choupette ! Je n’ai passé que deux mois en librairie, et pourtant… J’en garde de merveilleux souvenirs. Les cartons de nouveautés, et certains clients on ne peut plus passionnés, comme tu le dis… Quel régal ! Pour ça, je serais prête à supporter tous les autres petits tracas <3 Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour qu'une place se libère vite :D
C’est vrai que ça donne super envie! :D
A voir ;)
Joli article ! J’aurais adoré être bibliothécaire ou libraire mais mon père n’a pas été d’accord, arguant que je ne trouverais jamais de boulot… Je lui en voudrai toute ma vie un peu.
Un article super intéressant! C’est vrai que le métier de libraire me fait rêver car je me dis que c’est l’occasion d’être tout le temps entourée de livres!! Mais c’est vrai aussi que je ne serais pas assez patiente pour me mettre au service des clients!
Heureusement que les libraires sont là, merci :)
Je suis apprentie libraire et je suis incapable de m’imaginer faire autre chose, malgré des problèmes de santé aux pieds qui compliquent mes journées…
C’est un métier tellement passionnant, épanouissant, on apprend tous les jours, il y a de la place pour la créativité…
A noter pour les motivés : c’est quand même un métier bouché (comme toute la culture) et ça reste assez physique entre le port des cartons et la station debout prolongée…
A part ça, c’est le bonheur !
Si je pouvais changer de métier, ce serait celui-là que je ferais, merci pour ce bel article :)
Très bien résumé. Je me reconnais totalement dans ton article. Autant les bons que les mauvais côté. On adore notre métier, mais des fois il nous en fait voir de toutes les couleurs. Heureusement que l’amour que l’on porte aux livres est toujours là, et nous sauve de ces mauvais moments.