Reçu grâce à l’opération Masse Critique de Babelio, « Le liseur du 6h27 » de Jean-Paul Didierlaurent s’est avéré être une excellente surprise ! Caustique à souhait, lucide, attendrissant et sensible, ce roman est une ode à la lecture, à la vie et à l’amour. L’auteur tranche dans le vif pour relater le récit d’un homme anéanti par les massacres quotidiens qu’il perpètre… Non, cet homme n’est pas un tueur à gages, ni un soldat, ni un psychopathe. La réalité est bien moins impressionnante, il est employé dans une usine de pilonnage.
Le héros de ce récit – ou plutôt l’antihéros – est tristement affublé du prénom et du patronyme Guylain Vignolles qui offre la contrepèterie facile et perfide de Vilain Guignol. Son meilleur confident est un poisson rouge, il entretient un amitié profonde et sincère avec un cul-de-jatte qui cherche ses jambes depuis des années et avec un dramaturge qui ne s’exprime qu’en Alexandrins. Sa mère le croit adjoint dans une maison d’édition alors qu’il écrabouille des tonnes de livres chaque jour, bref, ce n’est pas la joie pour notre homme ! Préposé au pilon, il nourrit quotidiennement la Chose – cette impitoyable exterminatrice de livres invendus – sous les hurlements de son exécrable patron et sous le regard jubilatoire de son équipier sadique. Non, vraiment, la vie de notre Vilain Guignol – oups, pardon, de Guylain Vignolles – n’est pas une fête ! Alors, pour se décharger légèrement de son fardeau, il sauve chaque jour quelques feuillets qu’il retrouve dans la gueule de la Chose, et les lit à haute voix dans le RER le matin à quelques oreilles attentives…
Le partage et l’amour des livres sont au cœur de ce roman. Il est original et intéressant d’être à la toute fin de la chaîne, là où déferlent destruction et désespoir au rythme des coups de boutoirs du pilon. De découvrir cette situation douloureuse et passée sous silence avec pudeur car elle ne vend pas du rêve. Loin, très loin des métiers attrayants qui valorisent le livre, on découvre la réalité et l’indécence des massacres commis dans la clandestinité des usines de pilonnage. La sacralisation du livre en est d’autant plus forte et prend tout son sens : le livre devient un objet en danger, un objet à sauver, à protéger, à aimer.
Jean-Paul Didierlaurent brosse le portrait de quelques personnages désabusés par leurs vies monotones, mais tous authentiquement frais et ébouriffants ! Leurs destins croisés vont leur offrir une chance de retrouver ce bonheur depuis trop longtemps égaré…
Ce roman d’une grande richesse se déguste. Savoureux et amer, brutal et poétique, il vous piquera parfois les papilles mais ne manquera pas de vous attendrir et de vous émouvoir !
Je vais sûrement le déguster dans le RER très prochainement d’ailleurs !
Tu me le vends bien ! :) Je vais zieuter quand ma commande arrivera :)
Reçu le roman vendredi, je vais avoir de quoi lire cet été… !!
Merci ma chérie
Deux recommandations différentes pour le livre, je vais me pencher sur le sujet.
Je découvre ton blog avec plaisir, je change ainsi d’horizon puisque je suis essentiellement des blogs de cuisine même si je dévore tout autant les livres.
Merci d’avance pour toutes ces idées de lecture
Mais de rien, c’est un plaisir si mes chroniques peuvent t’apporter des envies de lecture.
Et merci pour ton gentil message, ça me touche :)
Coucou,
j’ai finit de lire ce joli roman mercredi et j’ai beaucoup aimé ! tendre, authentique et émouvant sont les 3 mots qui me viennent spontanément à l’esprit pour décrire cette lecture :-)
merci pour le prêt, je l’ai fait circuler auprès de mes collègues…
Oh, merci pour ce retour ! ;) Je suis contente qu’il t’ait plu !
Tu as raison, fais tourner: je préfère qu’il passe entre plein de mains plutôt qu’il prenne la poussière chez moi.
J’ai adoré ce livre, avant même que vous ne me donniez envie de le relire !
Je fais en sorte que mes amis aient envie de me l’emprunter ….
J’en avais entendu parler lors de sa publication et même si j’avais lu des avis positifs, je l’avais oublié. Mais ta chronique me donne envie de le lire !
Je l’ai trouvé excellent ! J’ai lu certains avis mitigés, mais moi je n’en démords pas : ce livre est une pépite ! Contente d’avoir pu à nouveau attirer ton attention dessus !