Hubert Ben Kemoun est un auteur qui a su me charmer avec ses deux titres très sensibles « La fille seule dans le vestiaire des garçons » et « Blues en noir ». C’est un homme qui s’intéresse à l’adolescence, l’aime et la comprend. Ses œuvres font preuve d’une grande humanité, sont perspicaces et très fines. « Le jour de gloire est @rrivé » s’adresse à un public plus jeune – à partir d’une dizaine d’années – et ne fait pas exception à la ligne de conduite de l’auteur. L’adolescence est son sujet de prédilection, et une fois encore il la sonde pour aborder une thématique sensible. L’intrigue est plus légère et plus simpliste que ses deux titres précédemment cités, mais soulève des questions auxquelles chaque adolescent peut être confronté.
Kenny Machin est victime non seulement de son nom difficile à porter et à assumer, mais aussi de sa timidité maladive, de son apparence banale, de sa vie ennuyeuse… : Kenny Machin en a assez d’être seul. Il voudrait des milliers d’amis, il voudrait être beau, avoir une vie palpitante et fascinante, être aimé et admiré ! C’est ainsi que lui vient l’idée de créer un faux profil Facebook, sur lequel il s’invente un nom moins ridicule et une vie de rêve. Quelques retouches photos, quelques montages et hop, Kenny a enfin une vie incroyable et intense ! Exit les moqueries, exit la solitude, exit la condescendance. Il se trouve que son petit mensonge va fonctionner bien au delà de toutes ses espérances… Finalement, Kenny Machin va peut-être avoir son quart d’heure de gloire…
Ce roman semble légèrement moins abouti, plus léger et plus surfait que les autres œuvres de Hubert Ben Kemoun. Kenny Machin est l’archétype parfait de l’adolescent complexé, timide et mal dans sa peau, mais les réponses qu’il apporte à ses différents troubles sont le mensonge et la dissimulation via la voie facile et impersonnelle qu’est Facebook. Kenny Machin, en somme, est un adolescent insupportable, égocentrique et criant de réalisme ! En quête d’identité et de reconnaissance, il se cherche et cette aventure mortifiante lui permettra d’extraire le meilleur de lui-même.
L’auteur utilise son récit pour transmettre quelques messages aux adolescents. Des messages certes consensuels, mais toujours bons à rappeler. Il évoque les dangers liés aux réseaux sociaux, la nécessité de prendre du recul par rapport à ce que l’on y voit et met en garde contre la tricherie indécelable qui peut se dissimuler derrière chaque écran. Réflexion sur la superficialité de l’amitié sur Facebook, sur l’hypocrisie indécente du net et sur les artifices du star-system, ce roman – idéal et accessible pour les plus jeunes – aurait aussi pu être un petit bijou pour les adultes s’il ne souffrait pas de ce regrettable manque de profondeur et d’intensité.
Laisser un petit mot