Dans son film Le Fondateur, le réalisateur John Lee Hancock retrace l’histoire des débuts de la chaîne Mc Donald’s. On raconte énormément de choses, en bien comme en mal, sur cette marque mondialement célèbre. Et on peut dire qu’elle a su investir notre économie et notre territoire : avec plus de 1200 fast-food, la France représente pour Mc Donald’s le deuxième pays en termes de rentabilité, après les Etats-Unis.
Alors, au-delà des points de vue et des critiques sur les pratiques actuelles de cette compagnie, on peut légitimement se questionner sur sa naissance et son éclosion. C’est ce que fait Hancock dans cette œuvre surprenante et réussie.
Pour tout dire, je m’attendais à un film assez dithyrambique sur un self-made man génial et audacieux, triomphant des difficultés une à une sans jamais se décourager, pour rencontrer au final un succès éclatant. Et… bon, on peut dire que Le Fondateur est aussi un peu cela, d’une certaine manière. Seulement, on est très loin des longs clips inspirants taillés pour la consommation de pop-corn que nous sert Hollywood sans discontinuer.
Car si le film part sur des sentiers battus – le héros qui traverse une mauvaise passe mais possède en son for intérieur le potentiel pour réussir – il s’en écarte assez vite, pour montrer au spectateur, avec une brutalité croissante, quel est le prix réel du succès.
On comprend rapidement que malgré son titre, ce long-métrage ne raconte pas l’histoire d’une « fondation », mais celle d’un détournement… voire d’un vol pur et simple.
Dans les années 1950, les frères Dick (le visionnaire) et Mac (le téméraire) Mc Donald possèdent un restaurant qui porte leur nom, à San Bernardino en Californie. Leur établissement rencontre un franc succès, grâce à sa formule unique en son genre : au contraire des drive-in qui pullulent à l’époque, ils proposent un choix très restreint de plats (frites, hamburgers, coca), n’ont pas de serveuses pour prendre les commandes et les amener au client (il faut aller commander au comptoir) et ne fournissent même pas de couverts (tous les aliments sont contenus dans des emballages jetables) – mais en contrepartie, la préparation des commandes est ultra-rapide et les prix défient toute concurrence.
Il n’en faut pas davantage pour attirer l’œil aguerri de Raymond « Ray » Kroc (interprété par Michael Keaton), entrepreneur dans la cinquantaine ayant déjà subi quelques déconvenues commerciales, mais toujours aussi assoiffé de réussite. Quand il tombe presque par hasard sur le restaurant de Dick et Mac, il comprend qu’il tient là un concept en or. Ray se met en quatre pour convaincre les deux frères de franchiser leur enseigne…
La suite est un long bras de fer entre la rouerie de Kroc et la probité des Mc Donald… Et c’est dans ce climat de trahison originelle que va naître la plus grande chaîne de fast-food de la planète.
Au-delà de l’anecdote et des faits réels, Le Fondateur est un film juste, qui braque crûment ses projecteurs sur la nature humaine, dans tout ce qu’elle a de bon, de mauvais, d’héroïque ou de banal… Pour ne rien gâcher, il est servi par d’excellents acteurs, un script impeccable et une ambiance visuelle assurant le parfait compromis entre réalisme et nostalgie. Passé à peu près inaperçu lors de sa sortie, ce film mérite clairement une session de rattrapage à domicile ! Après ça, vous ne regarderez plus jamais un Big Mac de la même manière…
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