Il y a des sujets sensibles – et pourtant essentiels – qu’il est difficile d’aborder avec des enfants. Et il y a des livres incroyables, qui y parviennent avec beaucoup de délicatesse et de justesse. L’arbre et le fruit de Jean-François Chabas, publié dans la pertinente collection Scripto de Gallimard, compte parmi ces titres qui savent évoquer les sujets douloureux. Sans mélodrame. Et à l’issue de ce court roman, il y a l’espoir. Il y a la vie, qui triomphe.
Jewel se demande où est sa maman. Se demande quand elle reviendra à la maison… Se demande si, en attendant, elle va devoir vivre seule avec son père – qui crie et tape trop fort – et sa petite sœur – son « petit gâteau au chocolat », qu’elle adore et essaie de protéger des coups. Jewel ne le sait pas, mais sa maman est à l’hôpital psychiatrique, parce qu’elle n’a plus la force de supporter la haine de son mari. Ses colères. L’attente et l’angoisse des coups. Plus la force de lutter. Alors, l’hôpital devient son refuge. Entourée de tous ces fous, elle se dit qu’elle est saine d’esprit, que son sort n’est finalement pas si terrible. Elle se dit qu’elle sortira bientôt. Qu’elle emmènera ses filles et les mettra en sûreté, loin de la violence de leur père…
L’arbre et le fruit alterne les points de vue de Jewel et de sa mère. Deux points de vue qui nous aident à entrer dans l’intimité de cette famille ravagée par la violence. Deux filets de voix, à la fois semblables… et pourtant si différents. Jewel et sa mère sont toutes les deux démunies face à la hargne paternelle. Mais tandis que l’une, dépassée, baisse les bras, l’autre fait montre d’une détermination courageuse. Ici, les rôles s’inversent. Grace, la mère des petites, cherche à s’éloigner, pour se protéger. Jewel, elle, cherche à protéger : l’innocence et la vie de sa petite sœur. Une mère et sa fille. L’une fragile, l’autre solide.
La plume de Jean-François Chabas s’adapte à l’âge de sa toute jeune narratrice, comme si c’était elle qui confiait ces mots dans un journal. Ainsi, la voix de Jewel – enfantine, naïve – est touchante de sincérité. A travers son regard, le lecteur découvre une petite fille obligée de grandir trop vite, une petite fille privée de son enfance et de son insouciance. L’arbre et le fruit raconte la nécessité de s’endurcir et de résister, pour échapper à la souffrance. Pour se construire et réussir à vivre avec le poids du passé. Avec le lourd héritage familial. Jewel doit apprendre à vivre, envers et contre tout. Choisir la lumière. Pour elle-même, mais aussi pour les gens qu’elle aime…
Je sens qu’il me le faut celui là…!
Sans aucun doute ma Noukette ! <3
Il a l’air chouette !