Avec L’âme de l’empereur, Brandon Sanderson s’essaie à une histoire plus courte et plus intime qu’à l’accoutumée. Les amateurs des ses pavés seront également séduits par ce titre aux influences asiatiques. On retrouve tout le talent et toute la sensibilité de Brandon Sanderson dans ce récit dense et abouti.
Dans L’âme de l’empereur, Brandon Sanderson élabore un nouveau système de magie, inventif et fascinant ! Après la Magie des Métaux (développée dans la trilogie Fils-des-Brumes et L’alliage de la Justice) et la Magie du Souffle (racontée dans Warbreaker), cet auteur à l’imagination fertile récidive et conçoit un univers magique complexe, immersif ! Imaginez que vous puissiez transformer un objet en changeant son histoire… que vous puissiez modifier son apparence, ses fonctions, ses caractéristiques juste en opérant quelques remaniements dans son passé à l’aide de tampons. Altérer le passé pour influencer le présent… Excitant, non ? Maintenant, imaginez que ce procédé soit applicable à l’âme humaine… effrayant, non ?
Cette pratique magique, dans sa cohérence et sa logique, possède des similitudes avec la science. Elle nécessite de nombreuses connaissances, une technique affûtée, de la maîtrise et un travail conséquent. Brandon Sanderson décrit si précisément ce processus de création – ou de recréation – qu’il semble rationnel. La réécriture de l’histoire d’un objet ou d’une âme nous devient naturelle… Bluffant.
Shai est une Faussaire brillante, talentueuse et redoutable ! Ses falsifications sont de véritables œuvres d’art. Mais suite à une trahison, elle est capturée en tentant de voler le Sceptre de Lune de l’empereur, une relique sacrée. Pour la sauver de l’exécution, un marché atroce lui est proposé : l’empereur a été grièvement blessé au cours d’une tentative d’assassinat et reste inconscient depuis le drame. Shai a cent jours pour lui forger une nouvelle âme. Un travail délicat, un travail de titan. Une mission suicidaire. Un défi de grande envergure pour cette femme ambitieuse ! Elle doit alors faire preuve de toute son habileté et de tout son savoir-faire pour déjouer le complot et les manipulations politiques qui se trament dans son dos et pour se sortir vivante de cette situation inextricable…
Ce huis clos intimiste soulève de véritables questions métaphysiques. Shai doit reconstituer l’âme d’un homme qu’elle ne connaît pas à partir de témoignages, de récits et des propres écrits de cette personne. Comment cerner une âme avec exactitude ? Comment connaître et comprendre un individu en cent jours ? Comment dépasser le paraître pour découvrir l’être – tâche encore plus ardue s’il s’agit d’un éminent empereur aux secrets bien gardés ? Shai l’étudie sans relâche, jusqu’à se sentir proche de cet homme qu’elle n’a jamais vu… La mission de Shai permet d’intégrer une réflexion identitaire dans ce récit intelligent et subtil.
Dans L’âme de l’empereur l’art est omniprésent et revêt différentes formes. La création originale est un art, la falsification en est un autre. Et la confection d’un simulacre d’âme est un chef-d’œuvre ultime, le chef-d’œuvre d’une vie. Ce roman s’interroge sur l’éthique des artistes. Sur les problèmes moraux que constitue l’existence de copies parfaitement identiques d’œuvres d’art. Mais il les balaie d’un revers de la main : Shai la Faussaire, avant d’être une usurpatrice, est une artiste. Une illustre artiste.
L’âme de l’empereur ne met pas uniquement la matière grise du lecteur à contribution. Il touchera le cœur de chacun d’entre nous grâce à une relation de curiosité sincère qui se noue entre Shai et le plus vieux conseiller de l’empereur. Malgré leurs nombreuses différences, il y a ce désir de comprendre l’autre, ses actes, ses croyances. Et de s’apprivoiser, peu à peu.
L’âme de l’empereur, malgré sa petite taille, est un roman foisonnant d’une grande richesse. Il allie simplicité et profondeur avec une aisance naturelle. Véhicule beaucoup de messages – philosophiques, poétiques, artistiques – et de belles valeurs humaines. Un roman sur la volonté et le dépassement de soi. Une leçon de vie, de tolérance. Une merveille.
Ohh ça me donne trop envie!! Surtout que depuis le temps que j’entends du bien de cet auteur :)
Celui-là est idéal pour découvrir l’auteur sans attaquer un pavé ! :)
Mon premier Brandon Sanderson, que j’ai dévoré d’une traite ce matin. Maintenant, je n’ai qu’une hâte : attaquer sa saga Fils-des-Brumes !
Si tu as dévoré et aimé celui-là, sa saga Fils des Brumes va t’envoûter complètement ! Les univers de Sanderson sont tellement passionnants !
Ce livre a l’air sublime. Je ne connais pas du tout ni ce roman, ni l’auteur … peut-être que je vais me noter ça pour plus tard !
Ce livre EST sublime ;) Je suis contente d’avoir éveillé ta curiosité pour cet auteur, ses romans sont remarquables ! Tu peux commencer par celui-ci, il est assez court et c’est un excellent aperçu de l’étendu de son talent.
J’avais adoré cette novella, et avais surtout regretté qu’elle ne soit pas plus longue ! J’aurais aimé en savoir plus sur le processus de création de cette nouvelle âme, sur Shai, etc. Néanmoins, créer un univers comme celui-ci en quelques pages, je dis chapeau.
Tout à fait d’accord avec toi… on aimerait plonger encore plus dans cet univers captivant ! As-tu lu d’autres romans de Brandon Sanderson ? Sa trilogie Fils des Brumes est très immersive et passionnante…
Pas encore. Je comptais continuer avec Warbreaker, parce que c’est un one-shot (pour l’instant, je viens de voir qu’un deuxième allait sortir). The Rithmatist me tente aussi, mais je pense que j’essaierai de lire la trilogie Fils des Brumes… Il a trop écrit ! :). Apparemment, Elantris est basé sur le même univers que L’âme de l’empereur, donc ça peut être sympa !
Ooohhh je ne savais pas qu’il allait y avoir une suite à Warbreaker, mais ça m’emballe totalement, j’avais beaucoup aimé cet univers aussi !
Elantris, hum, je te le déconseille honnêtement, j’ai abandonné … je n’ai pas réussi à accrocher, peut-être parce que je l’ai lu juste après son excellente trilogie Fils des Brumes. Dans Elantris j’étais perdue, j’ai trouvé le récit et l’univers beaucoup moins clairs, beaucoup moins captivants…
Il faut ABSOLUMENT que je trouve le temps de m’y plonger. D’autant qu’il est tout petit, par rapport à ses autres récits ! Idéalement, il faudrait que je le lise avant que La voie des Rois ne sorte, c’est à dire avant début mai… Mais ta chronique m’y pousse bien agréablement :3