Intense. Poignant. Juste. La piscine était vide de Gilles Abier est un condensé d’émotions et de sentiments. Ses mots simples et efficaces offrent 58 petites pages desquelles jaillissent une douleur et un désespoir intolérables. Yeux humides, estomac noué, gorge serrée, le lecteur est condamné à subir cette histoire tragiquement injuste. L’histoire de Célia, accusée d’avoir tué l’homme qu’elle aimait. L’histoire de Célia qui vient d’être acquittée, mais qui doit maintenant apprendre à vivre seule. Sans Alex. Sans l’amour de sa vie.
Un après midi d’été en amoureux. Ils chahutent, Alex dérape. Le temps se suspend et son corps bascule dans la piscine, vide. Quelques secondes et tout est fini. Irréparable. Un silence hébété s’ensuit tandis que la tache de sang s’agrandit, lentement, au fond de la piscine vide. Puis les larmes, les cris, les accusations, tout se précipite. La prison, le procès. Célia est acquittée, mais elle doit vivre avec ça. Pour toujours.
La piscine était vide est un magnifique monologue. L’acquittement de Célia est annoncé dès la première page mais son soulagement est terni par sa culpabilité. Comment peut-elle se réjouir et trouver du réconfort alors qu’Alex est mort ? Ce procès signe la fin de son enfance et de son innocence. Son passage forcé et dramatique vers l’âge adulte éveille en son cœur une profonde mélancolie…
A l’issu de ce procès, elle ressent le besoin de s’ouvrir. De raconter l’angoisse de la détention, la honte d’être accusée et la solitude en prison. De poser des mots sur sa souffrance, d’entamer son deuil. D’exprimer son désarroi et son impuissance face à l’irréversibilité et à la stupidité de cette mort. D’évoquer l’incompréhension et la souffrance provoquées par l’absence et le manque. Elle revient sur leur histoire, sur leurs premières fois, sur la force de leurs sentiments et sur la douceur de leurs étreintes…
« J’ai arrêté de boire de l’eau en prison, histoire de plus pleurer. Mais ça n’a pas marché. T’as beau crever de soif, tu peux encore chialer toutes les larmes que tu veux. T’as beau demander à ta mère de te laver ton vieux doudou, un lapin gris aux grandes oreilles qu’on t’a autorisée à garder, avec la même lessive que ton mec mort, insister pour qu’elle le trempe carrément dans l’assouplissant avant de la mettre en machine, histoire que son odeur de propre bien imprégnée envahisse ta cellule ; la nuit, tout ce que tu respires, c’est la honte, la solitude et l’incompréhension. »
La piscine était vide, Gilles Abier
Acide, sincère et émouvant, ce récit à une seule voix offre un moment d’émotion inoubliable. Chaque mot trouve une place juste dans cette histoire et la plume percutante de Gilles Abier se trace un chemin direct jusqu’à l’âme… Les confidences de Célia – cette adolescence brisée par un drame aussi soudain que violent – sont authentiques et saisissantes. La piscine était vide est « un texte d’un seul souffle. Un texte à dire, à partager avec soi et le monde ».
Sincère et émouvant,, c’est ça. Et quelle fin !
Une lecture dont on ne sort pas indemne oui…
J’ai beaucoup aimé ce court roman !
Je ne connaissais pas mais nul doute que ce roman me bouleverserait.