« La Maîtresse de Guerre » de Gabriel Katz

Je vous écris une petite chronique à chaud, après avoir fermé la dernière page de « La Maîtresse de Guerre » de Gabriel Katz, que j’ai eu la chance de pouvoir lire en avant première, deux mois avant sa parution. Et cette lecture fut un grand coup de cœur ! Souvenez-vous, j’avais énormément aimé la trilogie « Le Puits des Mémoires » de cet auteur, et ce nouveau roman, au ton et à l’intrigue pourtant assez différents, m’a tout autant emballée ! Imaginez un peu : un auteur, quatre romans, quatre coups de cœur. C’est une bonne moyenne, n’est-ce pas ? Mais je m’égare. Je vous mets, en guise de résumé, simplement la quatrième de couverture, car l’histoire est dense et étonnante, les intrigues secondaires sont multiples et il est difficile de faire un résumé digne et fidèle de cette œuvre. Je risquerai, moi, d’en faire quelque chose de réducteur. Ou au contraire de trop en dire.

Fille de maître d’armes, Kaelyn rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres filles de son âge rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter.

Alors elle s’engage dans la grande armée qui recrute des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…

« La Maîtresse de Guerre » est bien plus qu’un simple roman de Fantasy divertissant : il est à la fois un beau roman d’apprentissage, un émouvant roman d’amour, et un exaltant roman d’aventure. Nous suivons essentiellement deux personnages, le couple maître-élève que forment Kaelyn et Hadrian, deux personnages époustouflants, aux forts tempéraments. Déterminés, ils n’en sont pas pour autant dénués de failles, et c’est avec émotion qu’on les voit évoluer progressivement, que l’on s’attache à eux et que l’on voit naître leur idylle, qui deviendra par la suite une relation intense et passionnée. On apprend à les connaître, à les comprendre, à les admirer… Leur énergie, leur volonté à toute épreuve, leur courage, leur vivacité d’esprit et leur intelligence forcent le respect.

Comme pour la série « Le Puits Des Mémoires », il m’a été difficile de me séparer de ce duo de personnages atypiques : Gabriel Katz a un talent et un savoir-faire admirables, il sait rendre ses protagonistes vivants, profonds, spirituels et terriblement attachants.

Dans ce roman, le thème de la guerre est omniprésent, mais il est abordé d’un point de vue peu habituel : nous sommes du côté des stratèges, des dirigeants, et rarement sur le terrain. Nous nous immisçons dans les importantes prises de décisions, assistons aux réflexions sur les tactiques à adopter, mais sommes rarement du côté des soldats, l’épée à la main. Ce thème de la guerre, qui en général ne m’attire pas particulièrement, m’a intéressée dans ce roman. Gabriel Katz parvient à l’insérer à son scénario avec subtilité, sans que cela devienne lourd, déprimant ou imbuvable.

Puisque je parle du scénario, je tiens à dire que je l’ai trouvé vraiment très bien construit et tout à fait crédible : il n’y a pas de surprises improbables, pas de retournements de situation aberrants, rien de spectaculaire, sur ce point l’auteur a su esquiver les grosses ficelles qui lui tendaient le bras. Il nous surprend là où l’on s’y attend le moins, sur des détails et des hasards étonnants qui changent radicalement le cours de l’intrigue, et on ne sait pas où on va, il suffit de se laisser porter par le récit et par la narration fluide et dynamique. Un vrai régal ! On en redemande !