Vous souvenez-vous de ma chronique dithyrambique de Meurtres pour rédemption de Karine Giébel, roman qui m’avait profondément ébranlée ? Ce formidable auteur vient de récidiver avec Juste une ombre. Ce roman est certes très différent, pourtant son impact n’en est pas moins intense. Il se concentre davantage sur une enquête policière mais il est tout aussi oppressant et étouffant. Une tension insoutenable habite chaque page, chaque mot de ce roman, vous noue l’estomac et vous empêche de vous endormir paisiblement le soir. Juste une ombre est une lecture obsédante, dérangeante, qui ne laisse aucun répit et se grave de façon indélébile dans notre chair et notre âme. Cloé est persécutée par une Ombre malveillante, nous sommes persécutés par un auteur diaboliquement talentueux.
Cloé a trente-sept ans et tout pour être heureuse : une beauté envoûtante, une carrière brillante et une relation passionnée avec un homme formidable. Belle, forte, intelligente, charismatique, sur le point d’atteindre sa consécration professionnelle suite aux efforts acharnés qu’elle a fournis pendant des années, et séduite par le doux Bertrand, voilà le portrait d’une femme que l’on imagine épanouie et admirable ! Mais sous le verni des apparences se cache une personnalité guère reluisante. Cloé est une femme hautaine, imbue d’elle-même, autoritaire et condescendante, un bien joli portrait ! Cloé aime dominer, utiliser et blesser. Et lorsqu’elle rencontre une résistance, elle l’anéantit sans scrupule…
Mais cette femme détestable perd de sa superbe le jour où une ombre commence à la suivre, à la persécuter, à s’introduire chez elle, à violer son intimité, à hanter ses journées et à tourmenter ses nuits… Une ombre obsédée et obsédante, un homme qu’elle devine sans jamais apercevoir… Est-elle folle ? Paranoïaque ? Véritablement menacée ? Le doute s’insinue et la peur s’installe…
Ce récit implacable et hypnotique est un monument de perversité. Dans ce roman psychologique d’une noirceur accablante, Karine Giébel passe au scalpel tous les stades de la peur – de la petite frayeur passagère à la terreur maladive – et les dépeint à travers les émotions de Cloé. Habitée par une épouvante chaque jour grandissante, rongée par une angoisse indomptable, cette dernière perd ses repères rassurants, sa vie échappe à son contrôle et elle la voit filer entre ses doigts, impuissante et désarmée. L’impérieuse Cloé chute son piédestal… Elle souffre d’une insécurité constante – où qu’elle soit, où qu’elle aille, elle retrouve l’ombre dans son sillage – s’isole jusqu’à devenir terriblement seule. Et vulnérable. Une proie.
Le scénario sadique imaginé par Karine Giébel et enténébré par sa prose vive, nerveuse, acérée et redoutablement efficace fera de vos nuits de véritables cauchemars.
Cloé s’arrête un instant devant la fenêtre et son regard s’enfonce dans le jardin, baigné par la pâle lueur du lampadaire de la ruelle qui le borde. Vent naissant, ciel clair brodé d’étoiles.
Mais soudain, elle a le souffle coupé net. Une ombre, fugace, vient de passer devant la maison.
Pas une ombre, non.
L’ombre.
Immense, vêtu de noir, une capuche sur la tête, l’homme s’est arrêté près du muret. Ne faisant qu’un avec l’obscurité, il fixe la fenêtre.
Il fixe Cloé.
Elle hurle, une force invisible l’aspire en arrière. Dos au mur, ses mains plaquées sur la bouche, les yeux exorbités, elle écoute son cœur agoniser.
Dans la vie, il y a des besoins vitaux. Essentiels, primaires. Qui nous rappellent que nous ne sommes rien d’autre que des animaux.
Parmi eux, un endroit où se sentir en sécurité. Un abri, un refuge. Un terrier, un gîte.
Quand cet endroit n’existe plus, on devient un animal traqué, la peur chevillé au corps.
Quand on ne se sent plus en sécurité nulle part, on devient un simple gibier. Une proie, qui fuit et se retourne sans cesse, ne trouvant plus le repos.
Vous pouvez également découvrir d’autres romans de Karine Giébel : Purgatoire des innocents, Meurtres pour rédemption, De force, Jusqu’à ce que le mort nous unisse, Satan était un ange et Maîtres du jeu.
Je suis comme toi, Karine Giébel me retourne l’estomac et l’esprit à chaque livre que je lis. Je n’ai lu pour l’instant que Meurtres pour rédemption et Juste une ombre mais je suis pressée de découvrir les autres. Je ne suis pas thrillers du tout mais alors elle, elle m’hypnotise.
Et dire que Meurtres pour rédemption, je l’ai choisi par dépit parce que j’avais un livre de gratuit et qu’il fallait en choisir un…
Tiens… je vais m’y intéresser ! Je pense qu’en plus y’a de grandes chances qu’il plaise aussi à ma mère ! Merci de me l’avoir fait découvrir !
Je sors de « Meurtres pour rédemption ». Je l’ai dévoré comme jamais jai dévoré un livre de 1000 pages. Un choc, ce style littéraire moderne, descriptif. Une confirmation, le monde de la prison, qu’elle rend vivant, humain et inhumain. Une addiction, qu’elle crée en nous. Je renoue avec la lecture par Karine Giebel et je fais bien. Faites de même. Jeff B
Meurtres pour rédemption est un des livres qui m’a le plus marquée dans ma vie, j’en parle ICI. Ce roman m’a aussi bouleversée, il est d’une force et d’une intensité rare… c’est grâce à lui que j’ai découvert cet auteur… et je ne la lâche plus !