Je sais que tu sais, de Gilles Abier. Aux éditions Talents Hauts. Petit par sa taille, grand par sa portée psychologique. Si vous avez un frère, il est encore temps. Temps de ne pas ouvrir ce roman. Temps de ne pas ressentir la perte, la douleur, directement dans votre chair. Comme si ce n’était plus Axelle l’endeuillée, mais vous. Ce petit roman et les frissons qu’il procure. Ce petit roman et cette envie dévorante de serrer fort fort fort dans nos bras les gens qu’on aime. De s’y accrocher, de peur de les voir disparaître aussi.
C’était il y a trois ans. Six balles de fusil ont emporté son frère adoré. Un chargeur complet, dans le corps, dans le cœur. Un chargeur qui, ce jour-là, n’a pas balayé qu’une seule vie, mais celles de toute une famille. Celle de son père, dont les larmes coulent désormais sans discontinuer, sans qu’il ne cherche plus à les chasser de ses joues. Celle de sa mère, qui refuse de parler et d’entendre parler de son fils disparu. De Louise, sa grande sœur, qui a du prendre ses responsabilités trop tôt. Et celle d’Axelle, la jeune sœur, la narratrice, qui aimait son frère de tout son cœur. Axelle, désaxée. Axelle, celle qui croit savoir. Celle qui a reçu cette lettre, envoyée par l’assassin… cette lettre qu’elle n’a jamais ouverte… et qui pourrait détruire toutes les certitudes…
C’est incroyable comme Gille Abier, à travers le regard d’adolescents, sait parler de l’absence. Comme il sait dire l’incompréhension, le manque, la douleur, le désespoir, la haine. Comme il sait retranscrire les émotions et nous les inscrire dans la peau, nous les incruster dans le cœur, nous les tatouer dans l’âme. Comme il sait décrire l’irréversible et les existences qui vrillent. Sans vraiment vous en rendre compte, vous pensez à votre frère, à vos proches. Vous pensez à la plaie béante que leur absence laisserait en vous. Axelle son frère votre frère vous, la distinction devient floue et vos larmes coulent, tant la plume incisive de Gilles Abier sonne juste.
Mais Je sais que tu sais n’a pas juste pour ambition de faire pleurer dans les chaumières. Avec finesse, Gilles Abier mène une réflexion sur le pardon et sur la possibilité de se reconstruire après un drame, en choisissant la vie. Je sais que tu sais est porteur d’espoir, bienveillant.
Il y a des auteurs qui savent dire. Qui savent toucher. Il y a des romans qui bouleversent, qui inspirent. Qui donnent envie de vivre et d’aimer encore plus fort. Merci Gilles Abier.
J’en entend pas mal parler ces dernier temps, toujours en des termes très élogieux! Le livre a l’air très émouvant, il me tente beaucoup!!
Hâte de m’y plonger…!