Attention, pépite ! Eastern Boys de Robin Campillo est un film fort et déstabilisant. Unique. D’une profondeur redoutable. Avec une lenteur déconcertante mais efficace, il narre une histoire moderne vibrante, à la fois universelle et tellement intime… Des sujets brûlants d’actualité sont abordés et traités avec tant de finesse que le spectateur en reste pantois. Prostitution, homosexualité, immigration, Robin Campillo n’y va pas de main morte dans le choix de ses thèmes et il nous met face à de graves manquements de notre société. Sa vision est lucide et pleine de compréhension. Il déchiffre l’esprit et le cœur humain, leurs faiblesses et leurs forces. Il parvient à y associer des images puissantes, évocatrices et magnifiques. Et son film est un véritable chef-d’œuvre.
De jeunes étrangers livrés à eux-mêmes zonent aux alentours de la gare. Une bande de voyous venus de l’Est, une bande unie et très soudée. Comme une grande famille. Démunis, ils sont contraints de voler ou de faire commerce de leurs corps pour vivre. Et, dans toute cette crasse, au cœur de toute cette misère, la beauté, là où on l’attend le moins. La générosité. La pureté de l’amour. Une chance inespérée, qu’il faut réussir à saisir. Une chance qui nécessite quelques sacrifices. Le jour où Marek se rend chez Daniel pour vendre son corps, il ne se doute pas qu’il s’expose à la chance de sa vie. Sa chance de s’en sortir, de s’éveiller au monde et de sortir de son carcan. De s’affranchir de sa condition d’immigré.
Robin Campillo met en scène une relation complexe dont l’évolution laisse entrevoir toute l’intelligence et la beauté. L’histoire de Marek et Daniel – narrée sans complaisance – est bluffante. D’abord malsaine et révoltante, elle évolue, elle grandit, elle s’intensifie. S’ennoblit. Pourtant, Eastern Boys cultive l’ambiguïté à travers des comportements, des gestes et des paroles équivoques. On doute, on s’interroge, on ne comprend pas toujours. Les protagonistes sont complexes et impénétrables. Difficile de les deviner.
Eastern Boys est sublimé par une esthétique très soignée et une superbe photographie. La mise en scène raffinée et contemplative invite le spectateur à s’installer dans l’appartement cossu de Daniel, à pénétrer l’intimité de sa chambre à coucher, à vivre cette relation unique, belle à couper le souffle.
Je ne connaissais pas, merci de la découverte :)
Tu écris des chroniques magnifiques, sache-le !!
Je lorgnais depuis un bout de temps sur film, pile le genre de film que j’aime. Tu m’as convaincue !
Oh merci beaucoup :)
Si tu lorgnais déjà dessus, alors fonce sans hésitation !