Crimson Peak n’est pas une histoire de fantômes, mais une histoire avec des fantômes. Edith – une jeune femme écrivain à la recherche d’un éditeur – voit les fantômes depuis la mort de sa mère. Quand un baron anglais arrive dans la société de son père pour rechercher des fonds afin de construire une machine permettant de récolter l’argile dans les carrières qu’il exploite, elle se retrouve en première ligne d’une machination huilée à la perfection depuis des années. Elle tombe tout de suite sous le charme de ce mystérieux baronnet, alors que son ami d’enfance, le Dr McMichael, essaie de la séduire. Une fois mariée au bel anglais, il l’emmène dans son manoir en Angleterre où il vit avec sa sœur. S’ensuit une descente aux enfers, mêlant fantômes, mystères et secrets les plus sombres qu’Edith devra percer si elle veut pouvoir sortir un jour, vivante, de Crimson Peak…
Le gothique est un genre littéraire et filmographique de plus en plus représenté, mais encore trop peu traité. Un genre tout à fait à part qui mêle parfaitement les thèmes de l’amour et de l’horreur, mais qui possède surtout une très grande part de poésie. Un genre aux codes encore très libres mais qui prend ses racines dans l’Angleterre victorienne et dans les œuvres d’auteurs tels que Tolkien ou Lewis, désireux de s’émanciper des codes classiques de la littérature de l’époque.
Ce que l’on remarque immédiatement, c’est la richesse des décors. Somptueux et particulièrement réalistes, ils nous permettent une immersion complète dans cet univers si particulier. Cet effet est d’ailleurs accentué par des jeux de couleurs et de textures : dualités entre le rouge et le blanc, l’ancien et le moderne. Le cadrage bien particulier que met en place Guillermo del Toro permet de mettre l’accent sur l’idylle naissante, entre la lumière que représente Edith et la sombre présence du lord anglais.
Il y a deux parties distinctes dans le film : en premier lieu, c’est toute la découverte des personnages, la rencontre entre les protagonistes dans la haute bourgeoisie américaine dans tout son faste, puis, l’arrivée en Angleterre, où tout devient beaucoup plus sombre et mystérieux. On entre dans une course folle contre la mort, où la présence des fantômes prend toute son importance. Si on sait dès le départ que les fantômes ne sont pas les monstres de l’histoire, malgré leurs apparitions impressionnantes, effrayantes voire même perturbantes… ils sont la clef du mystère de Crimson Peak. Tout autant que son manoir, qui devient un personnage du film à part entière : chaque pièce, chaque indice qu’il recèle représente une véritable avancée dans l’intrigue. Jusqu’à sa conclusion spectaculaire.
Une intrigue farfelue parfois bien malsaine, où l’on se plait à chercher toutes les solutions possibles et imaginables, en se rassurant, « ça ne peut pas être aussi sordide ». Et bien non, c’est pire. On peut cependant remarquer quelques limites, notamment au niveau du scénario, ou des facilités scénaristiques, mais rien qui n’entache le film. Guillermo del Toro s’impose en grand maître du genre. C’est d’ailleurs l’une de ses réalisations les plus abouties à ce jour. Son univers est de plus en plus fouillé et recherché. On retrouve ici ce que l’on a aimé dans le Labyrinthe de Pan, Blade ou encore Hellboy : cette capacité de nous plonger dans un univers qu’il maîtrise parfaitement, qui lui ressemble, et la possibilité de se l’approprier complètement.
Mais ce film ne serait rien s’il n’était pas porté par un trio d’acteurs des plus étonnants :
Tom Hiddleston donne beaucoup de corps à son rôle. Il faut dire que jouer un dandy anglais lui sied parfaitement. On a presque l’impression que le rôle a été taillé pour lui, ses expressions sont parfaites, on sent naître en lui une affection pour Edith qui va aller au delà du jeu. Il se fait discret cependant, j’aurais peut-être apprécié qu’il se dévoile un peu plus.
Mia Wasikowska incarne parfaitement la candeur de la jeunesse, l’américaine catapultée dans un monde qu’elle ne maîtrise pas, et dont la vie lui échappe peu à peu. Un personnage qui va faire preuve d’une grande finesse d’esprit et de beaucoup de courage tout au long de l’intrigue.
Jessica Chastain est tout bonnement incroyable. Elle semble tout à fait à son aise dans cet univers sombre et sanglant sur lequel elle règne d’une main de fer. Elle apporte la touche de folie qu’il manquait à cet univers. En gros, ce trio à tout pour nous plaire et se complète parfaitement.
Crimson Peak est un film incroyable qui rend un très bel hommage au cinéma gothique anglais en mêlant horreur, amour et poésie. Un monde parfaitement construit et orchestré d’une main de maître, qui nous mène vers une vérité et des révélations que l’on aurait peut-être préféré ne pas connaître. Tout comme l’argile rouge qui se reflète comme autant de traînées de sang sur la neige immaculée, le domaine lève le voile sur le mystère de Crimson Peak et avec lui sur son histoire… avec des fantômes.
Tu en parles si bien que je suis vraiment impatiente de le voir, même si la peur d’être déçue n’est pas loin derrière…, mais c’est le risque quand l’attente est grande ;-)
Je ne suis pas très film d’horreur mais j’ai beaucoup aimé l’ambiance du film avec les décors et les costumes qui sont superbes. J’ai aussi trouvé que le trio d’acteurs fonctionnait à merveille!
J’avais aussi particulièrement apprécié!
Certes quelques facilités au niveau du scénario mais ce fut une belle découverte, avec comme tu le dis un trio d’acteur brillant !
J’adore ! Vraiment :-)