Quand on prend le livre Ceci n’est pas qu’une comédie romantique, on voit d’emblée que la couleur est annoncée : « comédie romantique » en énorme, en plein milieu de la couverture. Même mamie qui a oublié ses lunettes ne peut passer à côté. L’image en rajoute une couche en utilisant ce qui pourrait être une illustration du top trois « romance hivernale » de la recherche Pinterest : deux tasses côte à côte emmitouflées dans de la maille.
Au moins, on sait que l’histoire ne se déroulera pas en bikini sur une plage de sable fin ! De quoi en détourner certains, allergiques paraît-il, souvent à fort taux de testostérone d’ailleurs, ou rappeler à d’autres la pauvreté d’un roman Harlequin.
Et pourtant. Il faut prendre le temps de bien lire le titre : « ceci N’est PAS QU’une comédie romantique« . L’auteur le dit elle-même : c’est pire. Le lecteur ayant terminé ce roman rajoutera : c’est le pire, mais dans un miroir de grande surface déformant, à savoir le meilleur.
Bon, le scénario n’est pas des plus innovants, et comme sur une piste de ski niveau baby, on sait très bien où l’on va arriver.
C’est l’histoire d’une jeune fille de 27 ans, surnommée Bébé, qui, après une rupture amoureuse et après un remontage de cerveau par sa meilleure amie Lo, se retrouve dans un avion pour aller passer les fêtes de fin d’année dans un chalet à la montagne avec cette dernière et tous ses amis un peu trop fêtards à son goût. C’est du moins le programme de départ. La réalité est tout autre puisqu’une fois arrivée, Bébé apprend qu’une tempête cloue tous les avions au sol et qu’elle sera seule dans un chalet utra-design…
Sauf que…
Sauf que derrière la porte, l’ambiance est plus tamisée que prévu, et bien moins solitaire. Un blond aux yeux verts « bientropbeaupourêtrevrai » lui a préparé des Saint-Jacques et l’attend.
Que la partie commence gentes damoiseaux !
On ne doit donc pas la transformation d’un froncement de nez sceptique en début de lecture en une usure de la rétine à l’issue des 264 pages avalées en deux jours à l’originalité du récit. Non. On est d’accord. Par contre, ce livre format poche est bourré d’autres atouts :
– la plume chatouilleuse de l’auteur. Elle chatouille sacrément le sens de l’humour du lecteur, auquel de nombreux apartés sont adressés. L’humour est fin, direct, avec de belles réparties notamment dans les dialogues entre JB et Bébé, accompagné de phrases courtes.
– on entre dans la tête de Bébé de manière très réaliste et légère. On connaît, comme elle, tous ces tiraillements entre notre conscience un brin relou et notre papillon dans la partie antérieure de notre estomac, survolté et shooté à l’endorphine. On connaît aussi cette impression de cœur cabossé comme un chapeau de paille ayant encaissé 18h de transport en bus de nuit et peinant à reprendre forme.
– JB, c’est monsieur Parfait. On rêve d’une chose : de pouvoir créer un hologramme de notre image de lui mentale, fonctionnant à l’énergie littéraire !
– les citations à chaque début de paragraphe, ne provenant que de classiques cinématographiques du genre romantique, mais du meilleur des classiques (mention spéciale pour « Eternal Sunshine of the Spotless Mind »).
– le ton direct, rarement hésitant : dans les joutes amoureuses, là où d’autres auteurs prendraient plusieurs pages, Julie Grêde n’utilise que quelques lignes. Si cela peut paraître déstabilisant au début, on y prend rapidement goût, d’autant que cela s’approche de la réalité en chair et en patos.
La chroniqueuse n’en dira pas davantage pour conserver l’émotion et le plaisir de la découverte intacts chez le lecteur.
Ceci n’est pas qu’une comédie romantique, roman qui se passe en hiver alors qu’on est en été, va vous donner envie de manger de la neige à défaut d’une glace. Ou bien de poser ladite neige sur vos paupières fatiguées d’avoir trop veillé devant ses pages !
Mise en garde : livre à très haut potentiel addictif et radioactif (on a très très envie de le partager autour de soi) !
PS : Action ou vérité ?
Action ?!
Photographier la couverture hivernale de Ceci n’est pas qu’une comédie romantique dans un contexte bien estival !
Vérité ?!
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Cette chronique donne bien envie !