Et si, après neuf mois d’attente et d’espoir, votre enfant naissait trisomique ? Ce n’est pas toi que j’attendais est le récit intime et sincère de Fabien Toulmé, un père qui ose raconter. Se raconter. Qui dit l’espérance teintée d’angoisse pendant la grossesse. Puis la déception, l’affliction et le dégoût face à cette enfant différente, aux joues rondes et aux petits yeux plissés. Qui exprime cette terrible impossibilité de l’accepter. Puis qui s’émerveille, peu à peu, de l’attachement qu’il se surprend à ressentir pour cette enfant unique…
Julia, c’est leur petite deuxième. Un concours de circonstance malencontreux dissimule sa trisomie pendant toute la durée de la grossesse : sa maladie échappe à la vigilance des médecins et aux batteries de tests réalisées. A sa naissance, c’est le choc pour son père qui détecte son anomalie au premier regard ! Sa petite fille souffre de trisomie et son monde s’écroule. Incompréhension, stupeur, déni. Viennent les larmes, le désespoir, la honte et la peur. L’inévitable rejet. Mais au fil des jours, le charme de la petite Julia opère et les barricades que son père avaient érigées autour de lui cèdent… Alors, on assiste à la naissance des sentiments, d’abord timides, balbutiants, puis de plus en plus forts.
Dans Ce n’est pas toi que j’attendais, Fabien Toulmé assume chacune de ses réactions, pensées et émotions, il en parle avec justesse et simplicité. Ce n’est pas toi que j’attendais est le récit attendrissant de cette rencontre entre ce père maladroit et sa fille différente. Le récit de leur apprivoisement, lent et émouvant, l’histoire de leur affection grandissante. Une belle leçon d’humanité, un message d’amour et d’espoir.
Le découpage en chapitres aide à suivre le cheminement de l’histoire et à observer les progrès du père pour accepter son enfant. Chaque chapitre offre de jolies planches monochromes, au trait simple mais expressif. Parfois caricatural, le graphisme de Fabien Toulmé appuie là où ça fait mal pour étayer son propos.
A la fin de ma lecture, je m’interroge. Ce récit touche-t-il davantage les parents ? Ils peuvent s’identifier, comprendre et reconnaître leurs propres angoisses et incertitudes. Même si je l’ai apprécié, je suis restée en marge de ce très beau récit, car je n’ai pas d’enfant et je ne suis pas parvenue à éprouver de l’empathie pour ce couple de parents. Néanmoins, c’est incontestablement une belle découverte… !
Je suis assez choquée par cette phrase du résumé » Puis la déception, l’affliction et le dégoût face à cette enfant différente » … Et encore assez choquée c’est un euphémisme.
Je suis maman d’une petite fille différente et je n’ai jamais été déçue ou dégoutée par ma fille.
J’imagine que chaque réaction est différente et chaque cas unique. A travers le témoignage de l’auteur, on sent que son acception a été longue et difficile. Pour sa femme, en revanche, l’amour a été immédiat et sans condition.
Je peux te dire que moi, en temps que papa, j’ai été emporté par un tourbillon d’émotions à la lecture cet album ;)
Oui, j’avais vu ça ! Si un jour je suis maman, je pense que je le relirais avec un autre regard…
Je m’empresse de donner mon avis sur cette lecture qui au vu de ton article et des commentaires va diviser …
Pour la mise en situation, je suis maman et c’est l’une des raisons qui m’a poussée à lire cet album mais comme toi malheureusement il ne m’a pas parlé, pas chamboulée mais plutôt agacée par moments (notamment le passage du bain) …
Malheureusement la phrase du résumé qui choque Alison est le reflet parfait du contenu! Je crois qu’il a fallu beaucoup de courage à Fabien Toulmé pour dévoiler son ressenti, et l’assumer, mais le fait que l’acceptation ne vienne qu’après 2/3 du livre m’a laissée perplexe. Autant j’ai pu ressentir les angoisses pendant la grossesse (tout couple passe par là je pense) autant je trouve ses mots très durs dans l’après. Même si je suis consciente de ne pas savoir quelle aurait été ma réaction dans de telles circonstances …
Néanmoins pour te répondre, je ne suis pas sûre que le fait d’être maman change la perception que l’on peut avoir de ce roman graphique. Hier encore on m’a demandé mon avis et je reste mitigée …
Merci beaucoup pour ton avis, j’apprécie d’avoir des retours puisque je m’interroge sur la façon dont peut être perçu cet album. Alors je pourrais peut-être encore affiner mon questionnement… n’est-ce pas une BD susceptible de plaire aux papas ? Au vu des différentes réactions que j’ai observées sur mon blog et sur la Toile, les mamans ne se reconnaissent pas dans ce père qui peine à aimer son enfant.
Je parviens à comprendre les réactions choquées et indignées (surtout de mères), mais je ne peux m’empêcher de me demander comment moi je réagirais… En tout cas je pense que ça a du être dur pour l’auteur de poser des mots et des images sur son ressenti. Et je pense qu’il a raison d’assumer et de ne pas se mentir…
Pour moi qui suis papa, qui a lu l’album en soulignant la mise en retrait de la mère dans cette histoire, je peux vous dire que je m’y suis retrouvé à 100%. Même l’épisode du bain n’a rien de choquant (et pourtant je suis un papa qui change les couches, donne le bain chaque soir et prépare lui-même tous les repas de sa fille au babycook).
Le cheminement de sa réflexion jusqu’à l’acceptation, ses mots durs, insoutenables même parfois, m’ont semblé d’une justesse absolue. Ma femme aussi l’a lu et n’a pas été plus convaincue que cela. Que ce point de vue du père soulève indignation et incompréhension ne me surprend ni ne me choque pas. En ce qui me concerne, il a fait résonner mes cordes les plus sensibles et j’en suis ressorti bouleversé.
Rien qu’en lisant les deux planches de la fin, j’ai eu le noeuds au ventre. Je ne suis pas du tout bd mais celle-ci rejoins la W-L très envie de la lire… Merci pour cette découverte.
Contente de t’avoir transmis cette envie. Cette BD suscite des réactions très différentes, mais elle fait réfléchir et au moins pour ça elle mérite d’être lue.
Cettte BD à l’air vraiment très bien, et très émouvante. J’en prend note pour mes parents ;-)
Je n’aime pas du tout lire des BDs mais ta chronique méritait que je m’y arrête. Le résumé choque. C’est un sujet très délicat et je suis curieuse de voir comment il a été traité. Alors peut-être que je me laisserai tout de même tenter.
Cette lecture a l’air intéressante et émouvante, je trouve ça courageux de la part de l’auteur d’avoir traité ce thème sincèrement et sans tabous.
sur un thème qui me tient beaucoup à coeur, j’ai évidement noté ce titre! tu re confirme!
J’ai beaucoup aimé cet album, même si je n’ai pas ressenti l’émotion que j’attendais, peut-être, justement, parce que la mère est un peu oubliée dans l’histoire… Une lecture forte malgré tout.
Je pense en effet que ce récit doit toucher davantage les parents, une fois qu’on est passé par ces étapes horribles et stressantes du Tri-Test et de la clarté nucale… Puis ce stress quand le bébé arrive, de se demander si tout va bien…
Je suis également très étonnée des commentaires « choqués » sous ton billet : je l’ai trouvé très sincère ce papa et je dois bien avouer, sans honte, que je serais certainement passée par les mêmes étapes que ce papa si j’avais eu un enfant handicapé. Le titre résumé toute l’essence du message : ce n’est pas elle qu’il attendait et c’est normal qu’il faille des phases transitoires pour réussir à surmonter ce cataclysme.
Puisque je viens de le chroniquer, je m’en vais faire un lien vers ton billet que je trouve très juste :)
Des bisous,
Cajou
Je pense que tant qu’on n’est pas parent, on ne peut pas vraiment comprendre l’amour parental et tout ce qui va avec (les angoisses, les doutes, les sacrifices)… il faut l’éprouver pour en percevoir l’intensité. Je pense que c’est la raison principal qui fait que ce roman graphique m’a moins marquée que vous autres :) Par contre je m’incline devant sa qualité, ça c’est sûr, et j’ai beaucoup de respect pour ce papa qui a su se confier sans artifice.
Je te remercie pour le lien et pour ton commentaire par ici :)