« Café Givré » de Suzanne Selfors

Une envie soudaine vous prend de vous évader dans une contrée froide et intemporelle, où il fait pourtant bon vivre ? De prendre un café chaud lové dans des couvertures et regarder la neige tomber derrière la vitre ? De plonger dans un univers féerique et poétique, où le romantisme côtoie l’amitié et la générosité ? N’hésitez plus et ouvrez « Café Givré » de Suzanne Selfors ! Une lecture optimiste, fraîche et tendre, parfaite pour la saison à venir.

Avec une plume sobre mais efficace et une narration à la première personne du singulier, Suzanne Selfors narre l’histoire de Katrina, une adolescente ordinaire qui tente de se faire une place dans le monde, entre sa meilleure amie, une peintre talentueuse et son meilleur ami, un courageux champion de natation. Tout sourit à son entourage, mais elle échoue systématiquement tout ce qu’elle entreprend, et son manque d’assurance ne cesse de croître après chaque échec. Même le Café d’Anna, tenu par sa grand-mère, petit Café Norvégien traditionnel, est mis en péril par un concurrent tricheur et sans scrupule qui a su créé un café plus moderne et davantage attractif sur le pas de porte voisin. Le Café d’Anna, incapable d’évoluer, de s’adapter aux changements et de rebondir au bon moment, pétrifié par le désir de rester cloîtré dans un esprit « tradition », voit les factures et les dettes s’accumuler, et ce havre de paix que Katrina a toujours connu et aidé à entretenir est sur le point de disparaître. Jusqu’à ce qu’Il arrive et bouleverse le cours des événements…

Cette histoire, sans être exceptionnelle est plutôt touchante et sonne juste. L’intrigue est rondement menée et permet d’explorer les affres de l’adolescence : l’inertie et la passivité avec lesquelles ils abordent parfois leur avenir, le cruel manque de confiance en soi auquel chaque adolescent se confronte, les jalousies et les rivalités qui sévissent entre filles, mais aussi la peur de la solitude qui les étreint par moments. Katrina est une jeune fille qui a simplement des difficultés à comprendre qui elle est, à prendre sa vie en main, et il est aisé de s’identifier à elle tant elle a des soucis et des préoccupations ordinaires.

L’auteur parvient à instaurer une ambiance feutrée, conviviale et intimiste dans laquelle il est doux d’évoluer. Les seules ombres au tableau prennent le visage de quelques personnages guère sympathiques qui troublent la quiétude du lieu.

Ce récit très humain et très sensible, dans lequel s’immisce subrepticement une touche fantastique, est portée par une légèreté et une délicatesse poétiques. Sans l’ombre d’un doute, il s’agit d’une belle histoire à découvrir, d’un conte enchanteur et délicieusement naïf qui offre un joli instant d’évasion !