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Littérature

Big Brother – Lionel Shriver

19 août, 2014

Big Brother Lionel ShriverLionel Shriver est une écrivaine Américaine dont j’ai aimé chaque roman. Big Brother, son petit dernier, n’a pas fait exception. Je l’ai reçu dans le cadre de l’Opération Masse Critique de Babelio et je tiens à remercier toute l’équipe de m’avoir offert l’opportunité de lire cette pépite en avant-première. Plus intime, Big Brother aborde en filigrane l’histoire personnelle de l’auteur, bien qu’il s’agisse d’une fiction. La plume acerbe de Lionel Shriver déverse toute sa souffrance et tous ses regrets dans le récit d’Edison, ce « gros lard » de cent soixante quinze kilos qui débarque dans la vie de sa sœur Pandora pour y semer pagaille et désolation.

Pandora n’a pas pas vu Edison depuis quatre ans : aussi, quand un ami de son frère l’appelle pour lui parler de sa détresse actuelle, elle accepte de l’accueillir chez elle, en dépit de l’antipathie ouvertement affichée qu’éprouve son mari pour Edison. Mais elle ne soupçonne pas l’ampleur de cette détresse… A l’aéroport, c’est le choc. A la place du bel homme dont elle se souvenait, elle se retrouve encombrée d’un frère qui a triplé de volume, et qu’elle doit maintenant ramener au sein de son foyer équilibré et solide. Un séjour difficile s’annonce pour Pandora, coincée entre un mari psychorigide qu’elle aime et un frère négligeant qu’elle n’aime pas moins. Peut-elle aider son frère en faisant fi de sa propre famille ? Peut-elle comprendre les motivations qui ont poussé son frère – pointure du jazz à la carrière florissante, New-yorkais jouisseur de la vie – à s’empiffrer à en devenir ce gros lard ?

« C’est à se demander s’il y a eu une époque où les gens mangeaient sans se poser de questions. Chaque fois que j’ouvre le frigo, j’ai l’impression d’avoir sous les yeux une bibliothèque de développement personnel avec l’air conditionné. »
Big Brother – Lionel Shriver

Big Brother élabore une profonde réflexion sur les liens familiaux et fraternels. Les liens du sang sont-ils une raison suffisante pour en appeler au devoir et à la responsabilité ? Jusqu’à quel point peut-on faire preuve d’abnégation par obligation familiale ? Quels arguments peuvent justifier de faire des sacrifices pour un frère ou une sœur ? Lionel Shriver met l’accent sur la fragilité des relations entre les êtres. Avec pertinence, elle oppose deux types de famille : celle que l’on choisit et celle qui nous est imposée. Quelle légitimité et quelle importance leur donner ?
A toutes ces interrogations s’ajoute l’étude d’un sujet brûlant d’actualité : l’obsession pour la nourriture, pour le poids, pour la silhouette. Lionel Shriver s’intéresse à ce délire obsessionnel que notre société Occidentale développe à l’égard de l’alimentation : la vie quotidienne se règle sur l’heure des repas, l’organisation des courses, l’élaboration mentale puis la confection des plats. Nos rencontres entre amis se font autour d’une bonne table ou d’un verre… L’auteur amène le lecteur à ce constat effrayant : l’ingestion rythme et régie nos vies.
Dans Big Brother, Lionel Shriver étudie la spirale vicieuse et compulsive de la dépression qui conduit à ce besoin de détourner son esprit et son attention sur un autre dérivatif : ici, la bouffe.

On engloutit Big Brother avec la même frénésie qu’Edison quand il engloutit ses brioches à la cannelle. Ce désir – besoin ? – compulsif et urgent de manger, le lecteur le ressent, le vit, l’expérimente à travers cette lecture. Drôle mais mélancolique, ce Big Brother laisse une saveur aigre douce – pour rester dans le champ lexical de la nourriture… L’auteur use de sa verve et de sa plume acide pour faire naître des sentiments contraires : compassion et dégoût, amusement et apitoiement.
Et ce twist final, quelle apothéose !

Lionel Shriver est une écrivaine à découvrir et à suivre attentivement ! Sa compréhension et sa lucidité inspirent chacun de ses romans, apportent complexité et profondeur à ses analyses. Ses intrigues retorses et ses personnages complexes marquent les esprits : et les traces persistent même des années après lecture de ses œuvres…

 

« Je m’excuse d’être une espère ce gros lard doublé d’un tocard et de n’avoir rien de mieux à faire de la journée que traîner mon cul énorme et m’asseoir sur des meubles sur lesquels on m’avait EXPRESSEMENT interdit de poser es fesses. Je m’excuse de n’être qu’un gros nul […] De prétendre être un musicien de jazz célèbre dans le monde entier, alors que je ne suis rien d’autre qu’un morfale sans un rond, sans maison, qui s’accroche à sa frangine comme une sangsue et fout en l’air toute sa vie de famille. Je m’excuse d’avoir une grosse tête de grosses cuisses, de gros doigts et de gros orteils, ainsi qu’une grosse bite, même si mon bide est si gros que depuis deux ans je ne peux plus voir ma bite. C’est pourquoi, quand je détruis un objet irremplaçable et inestimable, je le remets bien en place, ni vu ni connu, pour que quelqu’un d’autre le trouve, parce que je ne sais pas me comporter en homme et reconnaître que je l’ai cassé. »
Big Brother – Lionel Shriver

« Pour finir, ceux qui sont bel et bien gros. Leur réputation de jovialité a, je crois, fait long feu. La détresse semble plus appropriée. La mélancolie, peut-être. L’impuissance. La complaisance et l’aveuglement. La posture défensive. La résignation face au présent et la fatalisme face à l’avenir. La haine de soi et les reproches à soi-même. La timidité. L’apitoiement sur soi, même légitime ; un complexe de persécution, mais s’agit-il vraiment d’un complexe dès lors que la persécution est authentique ? Un sens de l’humour tourné vers l’autodévalorisation. L’humilité. La gentillesse, pour s’être retrouvé trop souvent à l’extrémité tranchante de la méchanceté. Une chaleur enveloppante. De la générosité. De par leur fragilité bien trop évidente, une acceptation joyeuse de vos points faibles. L’aspiration à ce qu’on leur fiche la paix, et une tendance casanière. De la douceur. Une absence de méchanceté. De l’indolence. De la franchise. De la grivoiserie. Une nature pragmatique et une absence de prétention. »
Big Brother – Lionel Shriver

by J. 
10 commentaires

A propos de J.

Amoureuse des mots et des livres. Affectueuse, gourmande, impulsive, timide et un peu craintive... J'aime le Web, les chats, la photographie, le piano, les Spéculoos, la rhubarbe, l'Italie et les feux d'artifices.

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Commentaires

  1. Carnets du sous-sol a écrit: 19 août, 2014 à 21 h 10 min

    ça donne faim… de lecture! sérieusement, depuis que tu parles de shriver j’ai vraiment envie d’y goûter…

    Répondre
  2. Jerome a écrit: 20 août, 2014 à 12 h 43 min

    Il fait partie des livres de la rentrée que je voulais absolument lire. Tu confirmes !

    Répondre
  3. Noukette a écrit: 20 août, 2014 à 15 h 28 min

    Très tentant !

    Répondre
  4. ingannmic a écrit: 21 août, 2014 à 11 h 08 min

    J’hésitais… « Il faut que l’on parle de Kevin » a été ma lecture choc de l’an dernier, mais j’ai été terriblement déçue par « Double faute ».
    Ton billet m’a convaincue de retenter l’expérience !!

    Répondre
  5. Sandrine a écrit: 21 août, 2014 à 21 h 55 min

    Je n’ai pas du tout été convaincue par « Il faut qu’on parle de Kevin » et du coup, je ne me suis pas tournée à nouveau vers cette auteur, sans doute à tort…

    Répondre
  6. Mélo a écrit: 22 août, 2014 à 19 h 16 min

    Voilà qui me réjouit car je vais le recevoir dans les prochains jours. Il est très tentant.

    Répondre
  7. lewerentz a écrit: 24 août, 2014 à 10 h 55 min

    J’avais bien aimé « Il faut qu’on parle de Kevin ». Je note donc celui-ci dont tu parles bien.

    Répondre
  8. Belledenuit a écrit: 25 août, 2014 à 17 h 28 min

    C’est ma prochaine lecture et il me tarde de le découvrir :)

    Répondre
  9. Opale a écrit: 2 septembre, 2014 à 15 h 07 min

    Il faut vraiment que je me mette à lire cette auteure !

    Répondre
  10. Léa Touch Book a écrit: 20 septembre, 2014 à 17 h 54 min

    Je le note car j’aime beaucoup cet auteur :) !

    Répondre

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