« Le Vent des Cimes » est une très belle lecture, triste et émouvante. Cette bande-dessinée narre l’histoire d’amour de Rachel et Jack, qui tourne au tragique juste avant leur mariage. Jack est pilote et travaille dans une compagnie aérienne qui achemine du courrier. Alors qu’il quitte Santiago pour retrouver sa promise à Buenos Aires afin de l’épouser, il s’écrase et se retrouve seul, perdu, blessé et avec peu de ressources, dans le froid glacial des montagnes. Ses chances de survie son maigres, mais il ne cessera pas de se battre pour vivre. En parallèle commencent alors des recherches infructueuses, un sauvetage vain car aucun pilote ne parvient à localiser ni l’épave de l’avion ni Jack. Les nerfs à vif et à bout de patience, Rachel décide d’aller chercher elle-même l’homme qu’elle aime.
C’est une part de curiosité et un important hasard qui m’ont fait ouvrir ce magnifique roman graphique. Je voulais simplement le feuilleter, mais j’ai été immédiatement charmée par le dessin lumineux et gracieux, par ces couleurs claires et ce graphisme qui, malgré sa douceur et sa délicatesse, raconte une histoire tragique. Les premières pages sont décisives et ont suffi à me fasciner : elles s’ouvrent sur les cauchemars de Rachel et l’angoisse de l’attente qu’elle éprouve, sur le départ en avion et l’accident de Jack. Nous éprouvons vite une sincère empathie pour ces personnages très attachants. La jeune femme nous communique rapidement son inquiétude, son agitation et son extrême tension tandis que Jack nous fait osciller entre espoir, désespoir, découragement, accablement et crainte.
Le récit est parsemé de flashbacks poignants qui donnent au présent davantage d’intensité dramatique : alors qu’ils sont seuls dans la tourmente, Rachel et Jack se souviennent des temps heureux, des moments de bonheur et d’espoir qu’ils ont partagés, des instants les plus importants de leur relation, lorsqu’ils avaient encore un bel avenir devant eux. Ces réminiscences, auxquelles ils se raccrochent comme à une bouée de sauvetage, les aide à tenir et leur donne le courage nécessaire pour affronter leur situation.
J’ai beaucoup aimé le travail qu’a accompli Éric Buche, le dessinateur : il a su créer un décalage étonnant entre la beauté époustouflante et onirique des paysages montagnards, les dangers qui y rôdent et la mort qui pèse sur Jack, livré à lui-même dans ce magnifique enfer glacé. Décalage renforcé par Christian Perrissin, le scénariste, qui alterne moments violents, durs et désespérés avec des moments tendres, doux et rassurants.
Un roman graphique vibrant que je recommande vivement à tous les romantiques, à toutes les âmes sensibles, qu’elles soient passionnées par l’aviation ou non. Le thème de l’aviation a une place capitale dans l’histoire, mais elle est si subtilement et joliment intégrée au récit qu’elle ne rebutera personne. Une vraie petite pépite à découvrir impérativement !
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