« Qu’advient-il de l’amour quand l’être aimé disparaît ? Sakutaro et Aki se rencontrent au collège dans une ville de province du Japon. Leur relation évolue de l’amitié à l’amour lorsqu’ils se retrouvent ensemble au lycée. En classe de première, Aki tombe malade. Atteinte de leucémie, elle sera emportée en quelques semaines. Sakutaro se souvient de leur premier baiser, de leurs rendez-vous amoureux, du pèlerinage en Australie entrepris en sa mémoire. Quel sens donner à sa souffrance ? Comment pourrait-il aimer à nouveau ? »
Mon avis :
Voilà un roman qui a frôlé le coup de cœur ! Pour sa poésie, pour sa tendresse, pour son réalisme. Aucune niaiserie, aucun pathos, pas de sensiblerie facile, le ton n’est pas mélodramatique. Il est juste.
Deux adolescents, Aki et Sakutaro, se rencontrent en classe de quatrième, font connaissance, se lient d’amitié, apprennent à aimer l’autre. Nous n’assistons pas à un coup de foudre improbable et illusoire entre deux personnes totalement étrangères (façon : « leurs yeux se rencontrèrent et ils surent dès cette seconde qu’ils s’aimeraient toute leur vie »). Non, cette relation est naturelle et crédible, elle se noue lentement, mais sûrement, pendant plusieurs années. C’est au départ une « relation très ordinaire », comme le cite l’auteur lui-même, entre deux camarades de classes, qui sont amenés à se côtoyer parce qu’ils sont tous deux représentants des élèves. Petit à petit, à force de se fréquenter, une amitié éclot. Puis on assiste à la naissance et à l’évolution de leur amour. Rien n’est idéalisé et c’est, selon moi, la force de cette histoire. On peut y croire. On peut s’y croire.
Le lecteur suit le même cheminement que ces deux personnages : celui du cœur. Nous ne vibrons pas tout de suite, nous ne sommes pas transportés dès les premières pages. Non, on apprend à les connaître, on les observe de loin, tel un témoin anonyme. Puis leur amour se forme, leur histoire se tisse et nous happe. Seulement à ce moment nous pouvons commencer à nous attacher, à vibrer, tout comme eux. La magie met du temps à opérer entre eux, tout comme elle met un peu de temps à opérer entre le lecteur et l’histoire. L’évolution des émotions, des sentiments et des pensées du lecteur se calquent sur celle des personnages. Mais au final, tout fonctionne merveilleusement bien !
Cela est accentué par un autre facteur que j’ai trouvé bienvenue dans ce roman : Aki et Sakutaro sont deux adolescents ordinaires, qui mènent des existence normales. Des parents aimants, des bonnes notes à l’école… Ils partagent les mêmes doutes, les mêmes désirs et les mêmes angoisses que d’autres adolescents. Ce ne sont pas des « héros » avec des vies extraordinaires, ou un passé incroyable. Rien de particulier ne les démarque des autres et nous pouvons facilement s’attacher à eux (il pourrait s’agir d’un de nos camarades de classe, ou d’un voisin…), et même s’identifier, se reconnaître, se projeter à leur place. Le réalisme de ce roman et de ses protagonistes rend tout cela possible.
Puis la maladie vient frapper ces existences tranquilles et remet tout ce qu’ils ont construit en péril. Leurs vies basculent et ils doivent apprendre à vivre avec le fardeau qu’est la leucémie.
C’est un roman magnifique qui parle avec justesse d’amour et de mort, qui réfléchit avec finesse à ces deux concepts. L’écriture est simple, mais belle et efficace. Elle va à l’essentiel sans ajouter de fioritures.
Morceaux choisis :
« Je devais me rendre à l’évidence : Aki avait disparu. J’avais perdu Aki. Tout ce qu’il y avait à voir n’existait plus pour moi. L’Australie pas plus que l’Alaska, la Méditerranée pas plus que l’océan Antarctique. Où que j’aille dans le monde, cela aurait été pareil. Quelle que soit la beauté du paysage, si splendide soit le panorama, je n’aurais pas pu être ému, j’aurais été incapable de les apprécier. La personne qui me donnait le désir de voir, de savoir, de ressentir… de vivre, cette personne avait disparu. Elle ne reviendrait pas vivre avec moi ».
« J’eus soudain l’envie irrésistible de me lancer vers elle. Mon corps tout entier fût gagné par une joie intense tandis que je prenais conscience pour la première fois qu’à l’égal des autres garçons, j’étais tombé amoureux. Maintenant, je comprenais la jalousie que je m’étais attirée de la part de mes camarades. Cela allait même plus loin, je ressentais de la jalousie à l’égard de moi-même. J’avais au fond de la bouche le goût amer de l’envie pour cet autre moi-même qui pouvait passer autant de temps qu’il le voulait avec elle, qui vivait avec Aki un bonheur sans nuages ».
Livre qui est dans ma wish list … et que j’ai encore plus envie de lire maintenant ^_^
Oh oui, il faut que tu le lises Marinette, il est vraiment beau =)
Lu lors de sa sortie, il m’avait beaucoup ému, sans trop en faire. Et pour une fois la traduction du japonais m’a paru fluide. D’ailleurs le roman a eu un tel succès au Japon, qu’il a inspiré un manga et un drama.
Il faut vraiment que je le lise, en plus il fait partie d’un challenge !
Je l’ai lu il y a longtemps, mais je m’en rappelle encore! Ce livre est beau et émouvant, dès le début le ton est donné. Un récit plein de nostalgie.