« Fascinés par l’œuvre d’un énigmatique écrivain allemand, quatre universitaires européens se lient d’amitié. Trois d’entre eux partent sur ses traces à Santa Teresa, aux confins du Mexique. Ils y découvrent une ville hantée par les meurtres en série : trois cents femmes ont été retrouvées mortes, violées et mutilées. Et les assassins sont toujours en liberté.
Encensé par la critique internationale comme l’événement littéraire de ce début de siècle, 2666 est le dernier roman écrit par Roberto Bolaño. En s’inspirant d’un atroce fait divers, il offre un parcours abyssal et passionnant à travers une culture et une civilisation en déroute. Du vaudeville au récit de guerre, du roma policier au récit fantastique, du comique de situation à l’épopée, 2666 étreint la littérature et incarne ce qui la justifie : le défi de dire l’horreur, l’absence de sens, mais aussi l’amour. »
2666 est un très gros livre de 1300 et quelques pages. Une vraie surprise. Inattendue. Le squelette de 2666 ? Cinq parties, sans lien apparent entre elles. Juste deux trames : la figure énigmatique d’un écrivain Allemand, Archimboldi, dont la trace a été perdue au Mexique, à Santa Teresa. Santa Teresa : ville de l’horreur – qui constitue la deuxième trame du roman – où justement se déroule une série de crimes tragiques, épouvantables, et non élucidés. Des centaines de jeunes filles sont violées, mutilées, assassinées, et l(es) assassin(s) cour(ent) toujours. Le lecteur se laisse emporter et guider pendant ces 1300 pages étonnantes, exaltantes. L’auteur, diabolique, est le maître du jeu et le lecteur, qui jamais n’a les rennes, n’a pas d’autre choix que de se laisser manipuler et entraîner passivement pour finir par plonger au cœur de l’horreur. 2666 est hypnotique et magistral de la première à la dernière page.
« La première conversation téléphonique, celle que lança Pelletier, démarra laborieusement, même si Espinoza attendait cet appel, comme si tous deux avaient eu du mal à se dire ce que tôt ou tard ils devaient se dire. Les premières vingt minutes eurent un ton tragique, le terme de destin fut employé dix fois et celui d’amitié vingt-quatre fois. Le nom de Liz Norton fut prononcé cinquante-neuf fois, dont neuf fois pour rien. Le nom de Paris fut avancé en sept occasions. Madrid en huit. Le mot amour fut prononcé deux fois, une fois par chacun d’eux. Horreur fut prononcé en six occasions et bonheur une fois (c’est Espinoza qui l’employa). Résolution fut dit en douze occasions. Solipsisme, sept. Euphémisme, dix. Catégorie, au singulier et au pluriel, neuf. Structuralisme, une (par Pelletier). Les termes de littérature nord-américaine, trois. Les mots dîner, nous dînons, petit déjeuner et sandwich, dix-neuf. Yeux, mains et cheveux, quatorze. Puis la conversation devint plus fluide. »
2666 – Roberto Bolaño
Bolaño est une de mes plus grandes rencontres littéraires. Il faut ajouter que sa force réside dans son imprévisibilité : on ne sait jamais à l’avance de quoi sera faite la page suivante. De plus, il explore de nombreux univers et rend ainsi ses œuvres plus intéressantes, plus riches. Enfin, les petites fantaisies littéraires dont il parsème ses romans constituent un vrai plaisir à la lecture.
Je suis ravie moi aussi de découvrir une autre adepte de Bolaño. 2666 est un roman qui marque longtemps. Je me permets d’insérer ici un lien vers mon billet sur ce titre, si cela t’intéresse de le lire :
http://bookin-ingannmic.blogspot.fr/2012/05/2666-roberto-bolano.html
Je me suis procurée récemment un essai de Marc Fernandez, « La ville qui tue les femmes », afin d’en savoir plus sur les disparues de Juarez. Cette acquisition fait suite au billet suivant :
http://actu-du-noir.over-blog.com/article-l-enfer-de-ciudad-juarez-81308410.html