13 Reasons Why, série Netflix sortie en avril 2017, raconte l’histoire de Clay Jensen, lycéen de 17 ans, qui reçoit sur le pas de sa porte un colis contenant 7 cassettes audio. Celles-ci ont été enregistrées par Hannah Baker, une amie de Clay, juste avant son suicide. Chacune des faces des cassettes explique une des différentes raisons qui l’ont poussée à commettre l’irréparable. Peu tentée par cette série à la base, j’ai fini par la regarder tout de même et j’en suis ressortie bouleversée, en colère et dégoutée. Tout un tas de sensations que je ne vais pas tarder à vous expliquer avec les trois principales qualités de 13 Reasons Why.
Pour des raisons d’arguments et d’exemples présents dans l’article, je suis obligée de mettre une alerte spoiler. Si vous n’avez pas vu la série, l’article n’est peut être pas pour vous. Mais en même temps, ça parle d’une jeune fille qui se suicide donc tout le monde peut deviner la fin.
1 La bande son
La première qualité de cette série est sa bande son. Dès le premier épisode, je savais que j’allais regarder le suivant juste pour cette raison. Entre pop, rock et folk, l’univers musical correspondait totalement à mes goûts. On passe de Selena Gomez à Lord Huron et de The Cure à Joy Division. Le boulot fait sur la bande son est parfait. Tout, des paroles aux instruments, correspond à la scène qui se déroule sous vos yeux. L’émotion ressentie est soulignée et augmentée grâce à la musique. Que ce soit la colère, la peur, un peu de mélancolie ou d’injustice, vos sentiments adolescents referont surface.
Le moment le plus musicalement parfait de la série se déroule au bal d’hiver quand Clay et Hannah dansent ensemble sur la chanson de Lord Huron « The Night We Met ». Tous deux la décrivent comme parfaite. Et, l’adolescente romantique qui sommeille en moi – celle qui a toujours rêvé de danser sur une chanson aussi belle à un bal de l’école – s’est réveillée et a été émue. Emue par deux ados, leurs rires et petits sourires en coin, leur gêne respective, la maladresse de Clay et sa timidité avec Hannah. Mais aussi par son aisance et son naturel en la présence de son amie. Cette scène est parfaite et restera ma favorite de toute la série.
2 Une série teenage, pas si teenage
La raison pour laquelle je ne voulais pas regarder cette série est que c’est une série teenage. Et pour avoir été fan de Dawson’s Creek pendant toute mon adolescence, je peux dire que je n’avais pas spécialement envie de me coltiner 13 épisodes sur les amours ratées d’une ado éconduite. Non merci, je l’ai déjà fait pendant 6 saisons il y a 15 ans (ça ne me rajeunit pas tout ça). Puis en commençant 13 Reasons Why, je me suis rendue compte que tous les clichés de la série américaine adolescente étaient bien présents. Le capitaine de l’équipe de football beau gosse, la cheerleader sans aucun défaut, la fille populaire, le petit nerd timide, les histoires de coeur ridicules, le petit job après les cours, les ados qui roulent dans de grandes voitures alors qu’ils ont 16 ans, les grosses soirées alcoolisées dans les maisons des parents en leur absence et même le beer pong !
Mais malgré ça, j’ai compris dès le pilote que 13 Reasons Why était autre chose qu’une simple série teenage. Alors j’aurais pu m’en douter car le pilote de la série raconte le suicide d’une jeune fille de 17 ans mais je ne pensais pas que la série serait réalisée de façon aussi crue. L’éclairage et les couleurs sont froides, les silences longs et l’ambiance parfois lourde. Donc oui la série parle d’adolescents, mais on comprend dès le début qu’on va aller plus loin dans leur mal-être. Plus loin que les peines de coeur et les fâcheries entre copines.
3 Les raisons qui vont crescendo
Les raisons pour lesquelles Hannah se suicide sont nombreuses mais elles ont cette qualité de monter en puissance. En premier lieu, on reste dans les problèmes adolescents basiques dont on a tous certainement souffert – un garçon qui répand une fausse rumeur ou une amie qui nous tourne le dos car elle nous croit responsable de sa peine de coeur. Puis, plus on avance dans la série et plus les raisons deviennent intimes, notamment avec Tyler qui publie des photos personnelles d’Hannah dans le journal de l’école.
Les raisons commencent simplement et finissent dans une violence incroyable. Hannah est dépossédée de sa personne. On attaque d’abord son image et sa réputation nait d’un mensonge. Ensuite son ressenti et ses émotions sont piétinés, moqués. Elle est plusieurs fois trahie en amitié, on la rejette, elle s’isole et souffre de solitude. Et enfin on s’attaque à son corps jusqu’à en piétiner son âme, la détruire. D’abord l’apparence, ensuite les émotions, et enfin, la chair. Hannah est vidée de tout ce qui fait son humanité.
En conclusion, chacune des étapes de la dépression d’Hannah est décrite dans les cassettes audio et petit à petit on sent que cela va trop loin. Pourtant, elle trouve toujours le courage de revenir au lycée le lendemain et d’affronter ses détracteurs. Puis elle sera attaquée de nouveau, plus profondément, pour autre chose. Mais elle est encore là le lendemain.
Plus les épisodes avancent et plus on sent son envie de se battre faiblir, sa flamme s’éteindre – non sans alerter le corps enseignant. Mais pas une fois Hannah ne recevra l’aide dont elle a besoin pour guérir de sa dépression, pour stopper le harcèlement scolaire dont elle est victime.
13 Reasons Why est une véritable mise en garde. Tout d’abord une mise en garde pour le corps enseignant, peu formé à détecter le harcèlement scolaire et à le résoudre. Et une mise en garde pour les parents, peu sensibilisés à la dépression dont pourrait souffrir leur enfant. Enfin, c’est aussi une mise en garde pour les personnes qui, comme moi, ont tendance à penser que les problèmes d’adolescents n’en sont pas, qu’ils ne sont pas graves et qu’à cet âge on se remet de tout. Clairement, ce n’est pas le cas et de toute évidence écouter et soutenir Hannah aurait suffit à la maintenir en vie et à la sortir de cette mauvaise passe.
Jolie claque chez moi !
Cela faisait longtemps qu’une série ne m’avait pas autant emporté !